mercredi 16 avril 2014

«Stephen Dedalus observait à travers la vitrine à toile d'araignée les doigts du lapidaire occupés à contrôler une chaîne ternie par le temps. De la poussière entoilait la vitrine et les présentoirs. De la poussière noircissait les doigts affairés aux ongles de vautour. De la poussière dormait sur de ternes torsades de bronze et d'argent, des losanges de cinabre, sur des rubis, pierres lépreuses et vinsombre.
Nées, toute dans la sombre terre véreuse, froides mouchetures de feu, lumières malignes brillant dans les ténèbres. Là où les archanges déchus jetèrent les étoiles de leur front. Boueux, des groins de porc, des mains fouissent et fouissent, les grippent et les arrachent.
Elle danse dans une ombre immonde, aux miasmes d'ail et de résine.. Un marin, tout barberouillé, sirote dans un gobelet du rhum et la lorgne. Un interminable rut silencieux alimenté par la mer. elle danse, cabriole, frétillant de la croupe et de ses hanches de truie, faisant battre son ventre bouffi un oeuf de rubis.»

Ulysse. James Joyce. Gallimard (2004)

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