dimanche 28 juillet 2019


«Le frontispice d'Arlequin Thétis fournit une illustration des pièces par écriteaux qui tentaient de contourner l'interdiction de chanter que l'Opéra imposait aux Forains. Sorte de cartouche de toile roulée sur un bâton, l'écriteau descendait du cintre porté par deux enfants déguisés en Amours. Aussitôt l'orchestre jouait l'air du couplet et donnait le ton aux spectateurs qui chantaient eux-mêmes ce qu'ils voyaient écrit, pendant que les acteurs y accommodaient leurs gestes.»

Cartel de l'exposition : Un air italien : l'Opéra de Paris de Louis XIV à la Révolution. Palais Garnier (2019)

Visionnage domestique parisien (15) : souvenir adolescent

Le Mouton enragé. Michel Deville (1974)

Dans les entrées de cinéma, on trouvait encore des photographies du film pour inciter le spectateur à aller le voir. Elles avaient convaincu Christian que l'on devait y voir des nudités plus ou moins en situation. Enthousiaste, il parvint à entraîner Michel et moi avec lui. Je demandais la permission à mes parents. Ils ne savaient que penser. Mais oncle Bernard était là et indiqua que c'était un bon film. En avait-il lu des critiques, avait-il dit ça au hasard, je ne l'ai jamais su. Je pense que je n'y ai rien compris, un peu abstrait pour moi cette histoire d'ambition et de sexe ! Quarante cinq après, penser que c'est un beau reflet de la société de cette époque-là où on revoit des personnes aimées. Mais le monde dans lequel évolue les personnages n'a pas été celui vers lequel je me suis dirigé...

Le Grand R (document 2)

«Je ne sais pourquoi on parle de vieillard comme d'être à part ayant des sentiments particuliers, nous y arrivons tous à leur indifférence, leur [mot illisible] ce sont tout simplement des individus vivant plus longtemps que les autres passant par des étapes qui doivent amener longuement leur manière d'être. Il y a plus d'un rapport entre l'enfance et la vieillesse et ce sont les deux moments de la vie où l'on croit sentir son âme, ce qui serait une preuve qu'elle existe.»

Carnet de Mézy. Berthe Morisot. (1891)

Atticisme

Atticisme : ensemble des qualités d'élégance, de politesse, de mesure propres aux Attiques. Anton. béotisme

Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (2019)

vendredi 26 juillet 2019

«J'ai appris tout seul, par moi-même, sans personne, sans règles, sans direction arbitraire, ce qui me plaisait, ce qui me séduisait, ce qui correspondait à la nature de mon esprit (on n'apprend bien que ce qui plaît).»

Paul Léautaud. Entretiens radiophoniques avec Robert Mallet

dimanche 21 juillet 2019

Toujours dans l'étude du rapport modernité / tradition...

«Romans modernes, peintres modernes, m'ennuient, je n'aime que la nouveauté extrême ou les choses de jadis. À vrai dire une seule exposition m'amuse : les Indépendants et j'adore le Louvre.»

Journal. Berthe Morisot. In Berthe Morisot, catalogue de l'exposition au musée d'Orsay

Visionnage domestique parisien (14) : belle découverte estivale

Archangel. Guy Maddin (1990)

Le Grand R (document 1)

«Que nous reste-t-il du passé -celui de notre parenté-, comme celui de l'humanité entière ? Que nous est-il parvenu de tout ce qui s'est dit, de tout ce qui s'est chuchoté, de tout ce qui s'est tramé depuis d'innombrables générations ? Presque rien, juste quelques brides accompagnées de cette morale résiduelle que l'on baptise indûment "sagesse populaire" et qui est une école d'impuissance et de résignation [...]. A trop privilégier l'instant vécu on se laisse assiéger par un élan de mort. A l'inverse, en ranimant le temps révolu on élargit l'espace de vie.»

Origines. Amin Maalouf. Le Livre de poche (2006)

lundi 15 juillet 2019

«J'ai vu clairement que les racines de votre talent sont plantées de telle manière que si le christianisme continue à vous manquer, elles périront faute d'aliment. Non seulement vous ne grandirez pas, mais vous serez frappé de médiocrité, vous tomberez dans la rengaine. Comme il est impossible, quand on est poète, de se débarrasser du besoin de l'Infini, vous le placerez où il doit être placé, vous l'adorerez où il ne doit pas être adoré et votre poésie s'étriquera et se ridiculisera dans ces impasses. Vous manquerez tout à la fois : l'inspiration, l'originalité et l'Amour.»

Le Mendiant ingrat. Léon Bloy. Edmond Demain (1898)

Contre la position saint-sulpicienne

«Essayez de vous figurer un saint qui n'aurait pas la haine du péché. L'idée seule de ce saint est ridicule. Et cependant c'est ainsi que le monde se figure le chrétien qu'il faudrait canoniser. Le saint véritable a la charité ; mais c'est une charité terrible qui brûle et qui dévore, une charité qui déteste la mal, parce qu'elle veut la guérison. Le saint que le monde se figure aurait une charité doucereuse, qui bénirait n'importe qui et n'importe quoi, en n'importe quelle circonstance. Le saint que tout le monde se figure souscrirait à l'erreur, sourirait au péché, sourirait à tous, sourirait à tout. Il serait sans indignation, sans profondeur, sans hauteur, sans regard sur les abîmes. Il serait bénin, bénévole, doucereux pour le malade, indulgent pour la maladie.»

Ernest Hello. L'homme : la vie, la science, l'art. Perrin et Cie (1894)

vendredi 12 juillet 2019

«À son ami Lestringuez, il disait :"Ce qu'on gagne d'un côté on le perd de l'autre. Nous ne sommes pas des génies universels. Alors ce que les femmes gagnent en instruction, elles le perdent peut-être ailleurs. J'ai peur que les nouvelles générations ne fassent très mal l'amour. Ce serait grave parce que pour ceux qui n'ont pas la peinture...! Son inquiétude volontairement égrillarde n'était d'ailleurs pas simulée. Il prétendait que le manque d'exercice physique, "et le meilleur pour une femme c'est de se baisser pour nettoyer le plancher, allumer le feu ou faire la lessive, leur ventre a besoin de ses mouvements", allait nous donner des filles incapables de jouir à fond du plaisir de l'accouplement. Tu trouveras de moins en moins de belles garces qui perdent la tête en se donnant complètement. L'amour, même normal, risque de devenir une sorte de masturbation.»

Pierre Auguste Renoir, mon père. Jean Renoir. Éditions Gallimard (1981)
«La matière sonore n'est donc pas purement et simplement à la remorque de l'esprit et à la disposition de l'esprit et à la disposition de nos caprices : mais elle est récalcitrante et refuse parfois de nous conduire là où nous voulons aller ; mieux encore : cet instrument qui est si souvent un obstacle nous conduit ailleurs, vers une beauté imprévue.»

La musique et l'ineffable. Vladimir Jankelevitch. Éditions du Seuil (1983)

dimanche 7 juillet 2019

59-Mitan

«Ma teste est déjà mêlée de cheveux blancs, ce n'est plus un sang bouillant qui enfle mes veines, je n'ai plus le même courage, je n'ai plus le même feu, mon esprit s'affoiblit, je marche plus lentement et avec plus de peine, la glace des années fait tout mourir en moy, elles ont détruits mes traits, mes mains sont tremblantes, mes yeux sont éteints, mes genouils chancellent, [...]»

Le Défi amoureux de Ligdame et de Chloris. Comte de Caylus. Textes choisis par Radeville et Deschamps. Bibliothèque des curieux (1921)

vendredi 5 juillet 2019

«Comment pouvait-on rester à la maison par un bel après-midi de printemps, peut être même à y faire ses devoirs, quand les coucous chantaient dans les bois et les alouettes dans le ciel au-dessus des prés ?»

Les saisons de GiacomoMario Rigoni Stern. Pavillons poche Robert Laffont (1995)

mercredi 3 juillet 2019

Visionnage domestique parisien (11)

Berthe Morisot. Caroline Champetier (2012)

Visionnage domestique parisien (10)

Dragées au poivre. Jacques Baratier (1963)

Visionnage domestique parisien (9)

L'Italien des roses. Charles Matton (1973)

Visionnage domestique parisien (8)

«Pas un seul d'entre vous n'a eu la pensée de demander à Dieu de vous rendre Inger." [...] Non c'est vous qui le blasphémez par votre tiédeur. (...) Pourquoi n'y a t-il parmi les croyants personne qui croie ? [...] Inger tu dois pourrir parce que les temps sont pourris. [...]

-L'enfant ce qu'il y a de plus grand au royaume des cieux ! Crois-tu que je saurais le faire ? 
- Oui mon oncle.

- Ta foi est grande. Qu‘'il soit fait comme tu le veux. Regarde ta mère. Quand je prononcerai le nom de Jésus, elle se lèvera.»

Ordet. Carl Theodor Dreyer. (1955)

Visionnage parisien en salle (9) à la Cinémathèque

Et la lumière fut. Otar Iosseliani. (1989)

mardi 2 juillet 2019

203 : Connaître les excellences de son siècle

«Les paroles sont l'ombre des actions. La parole est la femelle, et faire est le mâle. Il vaut mieux être le sujet du panégyrique que le panégyriste. Il vaut mieux recevoir des louanges que d'en donner. Le dire est aisé, le faire est difficile. Les beaux faits sont la substance de la vie, et les beaux mots en sont l'ornement.» 

L'art de la prudence. Balthasar Graciàn. Rivages poche, petite bibliothèque (1994) 
«L'amour est appel vers l'amour. Ainsi de la culture. Elle réside dans la soif même. Mais comment cultiver la soif ?»

Citadelle. Antoine de Saint-Éxupery. Éditions Gallimard (1959)
«Mais c'est une chasse magique que la chasse dialectique. Dans la forêt enchantée du Langage, les poètes vont tout exprès pour se perdre, et s'y enivrer d'égarement, cherchant les carrefours de signification, les échos imprévus, les rencontres étranges ; ils n'en craignent ni les détours, ni les surprises, ni les ténèbres ; -mais le veneur qui s'y excite à courre la "vérité", à suivre une voie unique et continue, dont chaque élément soit le seul qu'il doive prendre pour ne perdre ni la piste, ni le gain du chemin parcouru, s'expose à ne capturer enfin que son ombre. Gigantesque, parfois ; mais ombre quand même.»

Variété III, IV et V. Paul Valéry. Gallimard (1936-1944)

Résonances contemporaines (22)

«Lorsque j'attrapais cette maladie de chaleur, l'été était terriblement brûlant : pendant de longues journées, la température ne descendit pas en-dessous des trente degrés. Pendant cinq jours, elle fut même au-dessus des trente-sept.»

L'Histoire de ma vieHenry Darger. Les Éditions aux forges de Vulcain (2014)
«Je dois aussi ajouter qu'à cette époque, nous autres enfants étions revêtus d'une dignité très inférieure à celle des adultes, sans valeur en somme -alors qu'à mon sens ou à mon avis, tous les adultes et particulièrement les inconnus de toutes sortes et ceux que je n'aimais pas étaient encore moins que poussière ou boue sous mes semelles.»

L'Histoire de ma vie. Henry Darger. Les Éditions aux forges de Vulcain (2014)
«Répondre à l'instabilité du monde par l'instabilité de pratiques artistiques en constant devenir, reprendre tout à la lettre, recommencer après Baudelaire, Rimbaud ou Breton, faire face et être de tous les combats : Isidore Isou ne pouvait que se reconnaître dans le prénom de Lautréamont pour affronter l'époque et braver ses ennemis.»

Bernard Blistène. In Isidore Isou. Catalogue de l'exposition du Centre Pompidou (2019)

Une Dérive

«Les promenades de Satie d'un bout à l'autre de Paris, ou dans les environs d'Arcueil, sont restés légendaires. Il les effectuait de préférence lorsqu'il faisait mauvais. Les jours d'orage, un bistrot de Verrière pouvait dire à sa femme : ‟Aujourd'hui nous aurons de l'eau toute la journée, nous aurons donc le Monsieur d'Arcueil à déjeuner”, et de fait, aux environs d'une heure, Satie apparaissait sous son parapluie. (L. L. Veyssière, 1950)»

Correspondance presque complèteErik Satie. Fayard / Imec (2000)