lundi 21 mai 2018

PBF 2018.19 : Alice et le faucon pudique

Mercredi 30 mai 2018 à 19H sur Radio-Radio, hertzien Toulouse : 106.8 Mhz ou sur http://62.210.215.26:8000/xstream , une nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque appelée Alice et le faucon pudique [2018.19] 

Liste des morceaux diffusés :

1) People have the power (Patti Smith)
2) Love me, kill me (Kiss kiss bang bang)
3) Already over me (Rolling Stones)
4) Alice (Tom Waits)
5) Bodies in motion (Laurie Anderson)
6) The frontier (Dave Heath)
7) The Falconer (Nico)
8) Attentat à la pudeur (Jacques Higelin)
9) Eléonore (Anne Sylvestre)

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y aura possibilité de rattrapage avec les podcasts : http://radioradiopodcast.net/podcasts/LA_PETITE_BOUTIQUE_FANTASQUE/podcasts.php

PBF 2018.18 : Dialogue aux Carmélites

Mercredi 23 mai 2018 à 19H sur Radio-Radio, hertzien Toulouse : 106.8 Mhz ou sur http://62.210.215.26:8000/xstream , nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque appelée Dialogue aux Carmélites autour du festival Musique en dialogue aux Carmélites avec Catherine Kauffman-Saint-Martin [2018.18] 

Liste des morceaux diffusés :

1) Autumn leaves (Ménuhin / Grappeli)
2) Czardas (Vittorio Monti) par Clara Cernat et Thierry Huillet
3) L'été (presto) (Antonio Vivaldi) avec Amanda Favier (violon)
4) Au bord d'une source (Franz Liszt) par Muza Rubackyté, tiré des Années de pélerinage (Suisse)
5) extrait de la cantate BWV 196 (Jean-Sébastien Bach) par les Passions dirigées par Jean-Marc Andrieu
6) Porteuse d'eau (Anne Sylvestre)
7) Attaïn Magtaal (Serge Dor)

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y aura possibilité de rattrapage avec les podcasts : http://radioradiopodcast.net/podcasts/LA_PETITE_BOUTIQUE_FANTASQUE/podcasts.php

jeudi 17 mai 2018

Quelques Éléments supplémentaires de la Société du Spectacle (22)

«Séduire utile. Ne vous fatiguez pas à allumer n'importe quoi.»

Premiers matériaux pour une théorie de la jeune filleTiqqun. Mille et une nuits (2001)

mercredi 16 mai 2018

«En poursuivant sa croisade "en défense de Satie" (qui avait débuté par une représentation du Piège de méduse à la fin années quarante), John Cage invitait à célébrer, entre autres, une musique caractérisée par l'impersonnalité, l'absence d'émotion dramatique, la discontinuité, la dissociation, la tendance à la répétition, la coexistence d'éléments opposés, ou incompatibles, présentés simultanément sans que le moindre schéma logique leur soit appliqué : une musique, en un mot, qui ne faisait aucune place au "Moi", ni au "Sur-moi" de son auteur. Dans son sillage, on pouvait affirmer avec Barbara Ferrell Hill (1966), que la musique d'Erik Satie était sans doute la seule -ou tout au moins, le première- qui ait exploré et représenté cette partie du système dont les pulsions ne sont contrôlées ni par la raison ni par la conscience, et qui se définit par les termes "Ca" en français, "Id" en anglais, et "Es" en allemand. Le hasard faisant bien les choses, on remarquera que ce  mot, tel qu'il a été formulé par Freud lui-même en 1923, correspond au paraphe, composé de ses initiales, qu'Erik Satie a bien souvent utilisé comme signature.»

Ornella Volta in Le Piège de Méduse. Erik Satie.Le Castor astral (1998)
«La facilité de lecture est de règle dans les Lettres depuis le règne de la hâte générale et des feuilles qui entraînent ou harcèlent ce mouvement. Tout le monde tend à ne lire que ce tout le monde aurait pu écrire.»

Variété III, IV et V. Paul Valéry. Gallimard (1936-1944)

Musique

«Je crains la musique. Elle provoque en moi la mélancolie ou le patriotisme et entraîne souvent mon corps dans toute une série de mouvements qu'elle m'ordonne d'effectuer en dansant le plus souvent avec une partenaire plus grande que moi. Je préfère le bruit qui a l'avantage quand on en fait la nuit de faire apparaître aux fenêtres des fascistes qui vous tirent dessus.»

Mille et un morceaux. Jean-Michel Ribes. Éditions de l'Iconoclaste (2015)

Éblouissement des prémisses (35)

«Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j'adore l'Angleterre. Je lâcherais tout, même la proie, pour Londres.
J'aime ses bars, ses music-halls, ses vieilles femmes saoules en chapeau à plumes.»

A se tordre. Alphonse Allais. Éditions de la Seine (2005)

[Sur les États-Unis]

«En dépit de toute la prospérité matérielle du pays, qu'y trouvons-nous comme sentiment prédominant ? Le vil utilitarisme avec sa compagne inévitable, l'ignorance, qui a frayé la voie à la stupide bigoterie anglicane, aux sots préjugés, à la grossièreté brutale associée à la niaise vénération pour les femmes. Et même des choses pires y sont à l'ordre du jour : l'esclavage répugnant des nègres, uni à la plus excessive cruauté contre les esclaves, la plus injuste oppression des Noirs libres, la loi de Lynch, les meurtres fréquents et souvent impunis, les duels d'une sauvagerie inouïe, le mépris de temps en temps affiché du droit et des lois, la répudiation des dettes publiques, l'escroquerie politique abominable d'une province voisine, suivie de raids rapaces sur son riche territoire, raids que le chef de l'État cherche ensuite à excuser par des mensonges que chacun dans le pays sait être tel, et dont on se moque. Ajoutez à cela l'ochlocratie [gouvernement par la foule] toujours montante, et finalement l'influence désastreuse que la dénégation de la justice dans les hautes sphères doit exercer sur la morale privée.»

Parerga et Paralipomena. Arthur Schopenhauer. Éditions Coda (2005)
«A quinze ans, il y a une ardeur de l'intelligence qu'il importe d'attraper : comme certaines comètes, elle ne repassera plus.»

Le voyage d'hiver. Amélie Nothomb. Albin Michel (2009)


«Kupka, jusque dans son œuvre abstraite, est avant tout préoccupé par la traduction d'un monde intérieur et d'un au-delà du monde objectif, qui précisément avaient constitué le champ d'investigation des symbolistes.»

Cité dans le catalogue d'exposition Kupka : pionnier de l'abstraction. Éditions des  Musées Nationaux (2018)
«Certaines sectes gnostiques, au début de notre ère, divisaient l'humanité en trois catégories : les "hyliques ", les "psychiques" et les "pneumatiques". Les "psychiques" ont certes une âme, mais les "pneumatiques", eux tout en haut de l'échelle, sont purement et simplement spiritualisés. Quand aux "hyliques", tout en bas, ce sont des êtres de boue, des animalités irrécupérables. On dirait aujourd'hui : des ploucs, des ringards, les culs-terreux, la France d'en bas.»

Festivus festivus. Philippe Muray. Flammarion (2008)

«Or je ne suis nullement « passéiste », je déteste toutes les espèces de bigoteries superstitieuses qui trahissent l'Esprit pour la Lettre. Il est vrai que j'aime profondément le passé, mais parce qu'il me permet de mieux comprendre le présent -de mieux le comprendre, c'est-à-dire de mieux l'aimer, de l'aimer plus utilement, de l'aimer en dépit de ses contradictions et de ses bêtises qui, vues à travers l'Histoire, ont presque toujours une signification émouvante, qui désarment la colère ou le mépris, nous animent d'une compassion fraternelle. Bref j'aime le passé précisément pour ne pas être « passéiste ». Je défie qu'on trouve dans mes livres aucune de ces écœurantes mièvreries sentimentales dont sont prodigues les dévots du "Bon vieux temps".»

La France contre les robots. Georges Bernanos. Le Castor astral (2017)
«Chacune des parties de cette figure allégorique provoque, dans les trois parties indépendamment associatives, de leur présence générale, c'est-à-dire dans le cors, la pensée et le sentiment, un choc déterminant des associations appropriées aux connaissances distinctes qui seules permettent, dans leur ensemble, de se débarrasser graduellement des facteurs indésirables, qui se trouvent en chacun de nous -facteurs transmis par hérédité, ou que nous avons acquis nous-mêmes, et qui, en suscitant peu à peu en nous des impulsions néfastes sont causes de ce fait que nous ne sommes pas ce que nous pourrions être.»

Récits de Belzébuth à son petit-fils : critique objectivement impartiale de la vie des hommes. Georges Ivanovitch Gurdjieff. Stock + plus (1976)
«Je ris merveilleusement avec toi. Voilà la chance unique.»

Lettera amorosa. René Char. Gallimard (2007)
«L'art abstrait serait alors un symptôme, le symptôme même de ce qui s'est passé dans le monde à savoir l'agrandissement de tout. Ce serait la figuration inconsciente de l'agrandi. L'art abstrait ne serait donc pas une abstraction, mais un moyen de figurer la seule figuration possible tant que le phénomène était subi mais pas analysé. D'où inutilité maintenant de l'abstraction, possibilité de revenir à une représentation.»

Ultima necat I : journal intime 1978-1985. Philippe Muray. Les Belles Lettres (2015) 
«La passion que m'ont inspirée naguère l'Asie, les civilisations disparues ! L'ethnographie tenait à une surprise essentielle devant les formes qu'a pu prendre l'homme, mais aussi à l'éclairage que toute civilisation étrangère projetait sur la mienne, à la singularité ou à l'arbitraire qu'il révélait en tel de ses aspects. Je venais de retrouver l'une des plus profondes et des plus complexes de ma jeunesse.»

Antimémoires. André Malraux. Gallimard (1972)
«Le Moulin de la Galette est l'un de ces complets résumés d'observation vitale et d'ambiance lumineuse : griserie de la danse, du bruit, du soleil, de la poussière d'une fête en plein air -excitation des visages, laisser-aller des poses- un rythme où tournent et s'immobilisent les robes, roses, bleu-clair, bleu-sombre, noires -un mouvement de passion, une ombre qui gagne, un feu qui court, le plaisir et la fatigue- toutes les pauvres héroïnes de romances aux fins visages, aux mains expressives, aux attitudes légères envolées ou lasses, qui expriment l'espoir ! L'ivresse, l'abandon, le farouche ennui.»

In Renoir, catalogue d'exposition 1985 . Éditions de la Réunion des Musées Nationaux
«Le propre du sacré est qu'on ne le discute pas.»

Désaccord parfait. Philippe Muray. Gallimard (2000)
«Je ne vois point de mariage qui faillent plus tôt, et se troublent, que ceux qui s'acheminent par la beauté, et désirs amoureux : Il y faut des fondements plus solides, et plus constants, et y marcher d'aguet : cette bouillante allégresse n'y vaut rien.»

Les Essais : Sur des vers de VirgileMichel de Montaigne. Librairie Générale Française (2002)

PBF 2018.17 : Mambo chinois à l'Amnesic café

Mercredi 16 mai 2018 à 19H sur Radio-Radio (Toulouse 106.8 Mhz) et sur http://62.210.215.26:8000/xstream , nouvelle émission parisienne appelée Mambo chinois à l'Amnesic café ou les limitations du Tascam dans la présentation dans un jardin public [2018.17] 

Liste des morceaux diffusés :

1) At the paradise café (Ross Bolleter)
2) Improvisation 1 (Antoinette Carrier)
3) Prélude du rideau rouge (Sébastien Llinares)
4) Duplicities (Ross Bolleter)
5) Le prestidigitateur chinois (Sébastien Llinares)
6) Aragon (Brian Eno)
7) Introduction et allegro pour flûte et harpe (Maurice Ravel) par l'Academy of Saint Martin in the fields chamber orchestra
8) Turkish mambo (Lennie Tristano)

+ extrait de Mémoires d'un amnésique et l'Esprit musical d'Erik Satie

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y aura possibilité de rattrapage avec les podcasts : http://radioradiopodcast.net/podcasts/LA_PETITE_BOUTIQUE_FANTASQUE/podcasts.php

dimanche 6 mai 2018

Retour prodigue du Foyer de Notre dame de Garaison dans la Petite Boutique Fantasque (2)


Sur un vœu de Paul Éluard

 «"Toute caresse, toute confiance se survivent !"
Ces mots tout simples de lumière
Paul Éluard les a écrits
Mots plus fervents que la prière
Et plus éclatants que le cri…
Ils sont plus forts que l'invective
Que la violence ou le mépris
Ils ont jailli comme l'eau vive
Le cœur y parle avant l'esprit…

"Toute caresse, toute confiance se survivent !"
Où sont les lendemains qui chantent
Et ce bonheur toujours promis ?
Dans les cités indifférentes
Chacun croit voir ses ennemis…
Mais si, par hasard, il arrive
D'entrevoir un regard ami
Parmi tant d'ombres fugitives
Que ce regard soit retransmis…

"Toute caresse, toute confiance se survivent !"
Pour la berceuse maternelle
La voix du père, en la maison
Et pour le souvenir de celles
Qui t'aimaient plus que de raison
Que rien ne parte à la dérive
Et que le bonheur d'un instant
Sur un ciel d'avenir, s'inscrive
Et resplendisse avec le Temps…
 

"Toute caresse, toute confiance se survivent !"»
 
Jean-Roger Caussimon

Le PCI aux jeunes ! (1968)

Je suis désolé. La polémique contre
le PCI, il fallait la faire dans la première moitié
de la décennie passée. Vous êtes en retard, très chers.
Cela n’a aucune importance si alors vous n’étiez pas encore nés :
tant pis pour vous.
Maintenant, les journalistes du monde entier (y compris
ceux des télévisions)
vous lèchent (comme l’on dit encore dans le langage
universitaire) le cul. Pas moi, mes chéris.
Vous avez des gueules de fils à papa.
Je vous haïs, comme je hais vos papas.
Bon sang ne saurait mentir.
Vous avez le même œil méchant.
Vous êtes craintifs, incertains, désespérés
(très bien !) mais vous savez aussi comment être arrogants, 
des maîtres chanteurs sûrs et effrontés :
prérogatives petites-bourgeoises, très chers.
Lorsque hier, à Valle Giulia, vous vous êtes battus
avec les policiers,
moi, je sympathisais avec les policiers.
Car les policiers sont fils de pauvres.
Ils viennent de sub-utopies, paysannes ou urbaines.
Quant à moi, je connais assez bien
leur façon d’avoir été enfants et garçons,
les précieuses mille lires, le père resté garçon lui aussi,
à cause de la misère, qui ne donne pas d’autorité.
La mère endurcie comme un portefaix, ou attendrie
par quelque maladie, comme un oisillon ;
la fratrie nombreuse ; le taudis
au milieu des potagers de sauge rouge (sur des terrains
privés, squattés) ; les bassi
sur les égouts ; ou les appartements des grands
ensembles d’habitations populaires, etc. etc.
Et puis, regardez-les, comme ils s’habillent :
comme des bouffons,
cette étoffe rêche qui pue la bouillie
les intendances et le peuple. La pire des choses, naturellement,
c’est l’état psychologique qu’ils ont atteint
(pour, à peine, quarante mille lires par mois) :
sans plus de sourire,
sans plus d’amitié avec le monde,
séparés,
exclus (dans un type d’exclusion qui n’a pas d’égal) ;
humiliés par la perte de la qualité d’homme
pour celle de policiers (être haï pousse à haïr).
Ils ont vingt ans, le même âge que vous, chers et chères.
Evidemment, nous sommes d’accord contre l’institution de la police.
Mais prenez-vous-en à la Magistrature, et vous verrez !
Les garçons policiers
que vous, par pur vandalisme (attitude dignement héritée du Risorgimento),
de fils à papa, avez tabassés,
appartiennent à l’autre classe sociale.
À Valle Giulia, hier, il y a eu ainsi un fragment
de lutte de classe : et vous, très chers (bien que du côté de la raison) vous étiez les riches,
tandis que les policiers (qui étaient du côté du tort) étaient les pauvres.
Belle victoire, donc, que la vôtre !
Dans ces cas-là, c’est aux policiers qu’on donne des fleurs, très chers.
La Stampa et Il Corriere della Sera,
NewsWeek et Le Monde
vous lèchent le cul. Vous êtes leurs fils,
leur espérance, leur futur : s’il vous font des reproches
il ne se prépareront pas, c’est sûr, à une lutte de classe
contre vous ! Au contraire,
il s’agit plutôt d’une lutte intestine.
Pour celui qui, intellectuel ou ouvrier,
est extérieur à votre lutte,
l’idée est très divertissante
qu’un jeune bourgeois cogne un vieux bourgeois, et qu’un vieux bourgeois condamne un jeune bourgeois. Doucement
le temps d’Hitler revient : la bourgeoisie
aime se punir de ses propres mains.
Je demande pardon à ces mille ou deux mille jeunes mes frères
qui œuvrent à Trente ou à Turin,
à Pavie ou à Pise,
à Florence et aussi un peu à Rome,
mais je dois le dire : le mouvement étudiant (?)
ne fréquente pas les évangiles par la lecture
contrairement à ce que ses courtisans entre deux âges prétendent
pour se sentir jeunes, et se refaire une virginité
de maîtres chanteurs ;
la seule chose que les étudiants connaissent réellement :
c’est le moralisme du père magistrat ou expert,
le vandalisme conformiste du frère aîné
(naturellement engagé sur la route paternelle),
la haine pour la culture de leur mère, aux origines
paysannes bien que déjà lointaines.
Cela, chers fils, vous le savez.
Et vous l’appliquez à travers deux sentiments impérieux :
la conscience de vos droits (on le sait bien, la démocratie ne considère que vous) et l’aspiration au pouvoir.
Oui, vos horribles slogans portent toujours sur la prise de pouvoir.
Je lis dans vos barbes d’impuissantes ambitions ;
dans vos pâleurs, des snobismes désespérés,
dans vos regards fuyants, vos dissociations sexuelles,
dans votre parfaite santé, l’intimidation,
dans votre manque d’hygiène, le mépris
(seulement pour la part d’entre vous qui vient de la bourgeoisie
infime, ou pour quelques familles d’ouvriers
ces défauts ont quelque noblesse :
connais-toi toi-même et l’école de Barbiana).
Je lis dans vos barbes d’impuissantes ambitions ;
dans vos pâleurs, des snobismes désespérés,
dans vos regards fuyants, vos dissociations sexuelles,
dans votre parfaite santé, l’intimidation,
dans votre manque d’hygiène, le mépris
(seulement pour la part d’entre vous qui vient de la bourgeoisie
infime, ou pour quelques familles d’ouvriers
ces défauts ont quelque noblesse :
connais-toi toi-même et l’école de Barbiana).
Réformistes !
Réificateurs !
Vous occupez les universités
mais vous dîtes que la même idée vient
à de jeunes ouvriers.
Et alors : Il Corriere della Sera et La Stampa,
NewsWeek et Le Monde
auront autant de sollicitude
au point de chercher à comprendre leurs problèmes ?
La police se bornera à recevoir quelques coups
à l’intérieur d’une usine occupée ?
Mais, surtout, comment pourrez-vous laisser
un jeune ouvrier occuper une usine
sans le laisser mourir de faim au bout de trois jours ?
Allez occuper les universités, chers fils,
mais donnez la moitié de vos revenus paternels, aussi maigres soient-ils,
à de jeunes ouvriers afin qu’ils puissent occuper,
avec vous, leurs usines. Je suis désolé.
C’est une suggestion banale,
un chantage. Mais surtout, c’est inutile :
parce que vous êtes bourgeois
et donc anticommunistes. Les ouvriers, quant à eux,
ils sont restés coincés dans les années 50 et même encore avant.
Une idée archéologique comme celle de la Résistance
(qu’on aurait dû contester il y a vingt ans,
et tant pis pour vous si vous n’étiez pas nés)
existe encore dans les poitrines populaires, en banlieue.
Sans doute parce que les ouvriers ne parlent ni français ni anglais,
et peut-être un seul, le malheureux, qui le soir, dans sa cellule,
s’est efforcé d’apprendre un peu de russe.
Arrêtez de penser à vos droits,
arrêtez de demander le pouvoir.
Un bourgeois repenti doit renoncer à tous ses droits,
bannissant de son âme, une fois pour toutes,
l’idée du pouvoir.
Si le Dalaï Lama sait qu’il est le Dalaï Lama
cela veut dire qu’il n’est pas le Dalaï Lama (Artaud) :
donc, les Maîtres
– qui sauront toujours qu’ils sont les Maîtres –
ils ne seront jamais des Maîtres : ni Gui, ni vous
vous ne réussirez jamais à devenir des Maîtres.
Les Maîtres occupent les Usines
pas les universités : vos courtisans (même les Communistes)
ne vous disent pas la banale vérité : vous êtes une nouvelle
espèce d’apolitiques idéalistes : comme vos pères,
comme vos pères, encore, mes chéris ! Voilà,
les Américains, vos adorables contemporains,
avec leurs fleurs ridicules, sont en train d’inventer,
eux, un nouveau langage révolutionnaire !
Ils l’inventent au jour le jour !
Mais vous ne pouvez pas le faire, parce qu’en Europe il y en a déjà un :
vous ne l’ignorez pas ?
Bien sûr que si, vous voulez l’ignorer (à la grande satisfaction
du Times et du Tempo).
Vous ignorez cela en allant, avec un moralisme tout provincial,
“plus à gauche”. Étrange,
vous abandonnez le langage révolutionnaire
du pauvre, vieux, inspiré par Togliatti, officiel
Parti Communiste,
vous en avez adopté une variante hérétique,
mais sur la base de l’idiome référentiel le plus bas,
celui des sociologues sans idéologie.
En parlant comme ça,
vous demandez tout par la parole,
or, dans les faits, vous demandez seulement des choses
auxquelles vous avez droit (en braves enfants de bourgeois) :
une série de réformes qui ne peuvent être reportées,
l’application de nouvelles méthodes pédagogiques
et le renouvellement de l’appareil d’Etat. Ce qu’ils sont gentils !
Quels saints sentiments !
Que la bonne étoile de la bourgeoisie vous accompagne !
Enivrés par la victoire contre les jeunes
de la police, contraints par la pauvreté à être des serviteurs,
ivres de l’intérêt que vous porte l’opinion publique
bourgeoise (que vous traitez comme le feraient des femmes
qui ne sont pas amoureuses, qui ignorent et maltraitent
leur riche soupirant)
mettez de côté l’unique outil vraiment dangereux
pour affronter vos pères :
c’est-à-dire le communisme.
J’espère que vous l’avez compris :
faire les puritains
c’est une façon de s’empêcher
l’ennui d’une action révolutionnaire réelle.
Mais allez, plutôt, fous que vous êtes, assaillir les Fédérations !
Allez envahir les Cellules !
allez occuper les issues
du Comité Central : Allez, allez
installer votre camp Via delle Botteghe Oscure !
Si vous voulez le pouvoir, emparez-vous, au moins, du pouvoir
d’un Parti qui reste néanmoins dans l’opposition
(même s’il est abîmé, par la présence de personnes
aux modestes costumes croisés, de boulistes, d’amateurs de litote,
de bourgeois qui ont le même âge que vos horribles papas)
et avec comme objectif théorique la destruction du Pouvoir.
Que chacun se décide à détruire, d’ici là,
ce qu’un bourgeois porte en lui-même,
j’en doute beaucoup, malgré votre contribution,
alors, comme je le disais, bon sang ne saurait mentir…
Quoiqu’il en soit : le PCI aux jeunes, Ostia !
Mais, aïe, que suis-je en train de vous suggérer ? Qu’est-ce que je vous conseille ? A quoi suis-je en train de vous inciter ?
Je me repens, je me repens !
J’ai perdu la route qui mène au moindre mal,
que Dieu me maudisse. Ne m’écoutez pas.
Aïe ! aïe ! aïe !
tel est pris qui croyait prendre,
je soufflais dans les trombes du bon sens.
Mais, je me suis arrêté à temps,
sauvant conjointement,
le dualisme fanatique et l’ambiguïté…
Mais me voilà sur le bord de la honte.
Oh mon Dieu ! Vais-je devoir prendre en considération
l’éventualité de faire à vos côtés la Guerre Civile
et mettre de côté ma vieille idée de Révolution ?

Pier Paolo Pasolini (traduction : JP Pancrazi)
Espresso 1968

Chien (Samuel Benchetrit) 2018

PBF 2018.16 : lumières de mai

Mercredi 9 mai 2018 à 19H sur Radio-Radio (Toulouse 106.8 Mhz) et sur http://62.210.215.26:8000/xstream , nouvelle émission appelée Lumières de mai [2018.16] 

Liste des morceaux diffusés :
1) Une infinie tendresse (Catherine Ribeiro)
2) Tiny girls (Iggy Pop)
3) Nuit de Pouchkine (Maurice Ohana) et interprété par Musicatreize
4) Tombeau pour une touriste défunte (Philippe Muray) lu par Fabrice Lucchini
5) Zyriad (Paco de Lucia)
6) Les Petits cailloux verts (Michèle Bernard)
7) Attentat à la pudeur (Jacques Higelin)
8) Heat (David Bowie)

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y aura possibilité de rattrapage, un jour, avec les podcasts :http://www.radioradiotoulouse.net/#!baca

L'une chante l'autre pas (Agnès Varda) 1977

PBF 2018.15 : oeil de girafe

Mercredi 2 mai 2018 à 19H sur Radio-Radio (Toulouse 106.8 Mhz) et sur http://62.210.215.26:8000/xstream , nouvelle émission appelée Oeil de la girafe [2018.15] 

Liste des morceaux diffusés :
1) Je suis désuet (Charlie Schingo)
2) Tourista (Youssou N'dour)
3) Travel on (Neil Young)
4) Commando Pernod (Bérurier noir))
5) Hot love (T Rex)
6) Dream's dream (Télévision)
7) Used to be a cha cha (Jaco Pastorius)
8) Alertez les bébés (Jacques Higelin)

+ Bande annonce de Le lion est mort ce soir de Nabuhiro Suwa avec Jean-Pierre Léaud

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