dimanche 29 novembre 2015

Liste des émissions des Muses galantes (2)

Émissions produites et diffusées probablement en 2003-2004. Rosain de Bouffan a abandonné pour raisons personnelles les Muses galantes à cette époque-là, d'abord pour Putzi, puis définitivement. Avec son absence la proportion de lectures va augmenter, et les entretiens auront moins comme sujet la musique au profit de la peinture, la sculpture... 
Il faut noter les premières émissions thématiques sur un musicien français baroque : Jean-Baptiste Lully en s'aidant de  sa biographie chez Fayard par Jérôme de La Gorce. Puis suivra Marc-Antoine Charpentier à partir de sa biographie par Catherine Cessac. Les Muses galantes prennent de l'assurance avec leur appel à texte pour des contes de Noël au XVIIe siècle alors que Noël n'est pas encore fêté. Ah l'enjeu était grand !  Les émissions autour de Médée seront aussi un grand moment avec la découverte d'un nouveau public qui adhère à cette recherche radiophonique sur des thèmes universaux.
«L'invasion de la Philosophie dans la République des Lettres en France, est une Époque mémorable par la Révolution qu'elle a opéré dans les Esprits. Tout le monde en connoît aujourd'hui les suites & les effets. L'Auteur des Lettres Persannes & celui des Lettres Philosophiques, en avaient jetté le germe ; mais trois sortes d’Écrivains ont surtout contribué à le développer. D'abord les Encyclopédistes, en perfectionnant la Métaphysique, en y portant la clarté, moyen le plus propre à dissiper les ténèbres dont la Théologie l'avoit enveloppée, ont détruit le Fanatisme & la Superstition. A ceux-ci ont succédé les Économistes : s'occupant essentiellement de la Morale & de la Politique Pratique, ils ont cherché à rendre les Peuples plus heureux, en resserrant les liens de la Société par une communication de services & d'échanges mieux entendus, en appliquant l'homme à l'étude de la Nature, mere des vraies jouissances. Enfin des tems de trouble & d'oppression ont enfanté les Patriotes, qui, remontant à la sources des Loix & de la constitution des Gouvernemens, ont démontré les obligations réciproques des Sujets & des Souverains, ont approfondi l'histoire et ses monumens, & ont fixé les grands principes de l'Administration. Cette foule de Philosophes qui se sont placés comme à la tête des diverses parties de la Littérature, a principalement paru après la Destruction des Jésuites ; véritable point où la Révolution a éclaté.»

 Mémoires secrets pour servir à l'histoire de la République des Lettres en France depuis MDCCLXII jusqu nos jours ou Journal d'un observateur Contenant les analyses des pièces de théâtre qui ont paru durant cet intervalle ; les relations des assemblées littéraires ; les notices des livres nouveaux, clandestins, prohibés ; les pièces fugitives, rares ou manuscrites, en prose ou en vers ; les vaudevilles sur la Cour ; les anecdotes et bons mots ; les éloges des savants, des artistes, des hommes de lettres morts, &c., &c., &c. John Adamson (1780)
«Jadis, l'on avait meilleure conscience à être une personne qu'aujourd'hui. Les hommes étaient semblables à des épis dans un champ ; ils étaient probablement plus violemment secoués qu'aujourd'hui par Dieu, la grêle, l'incendie, la peste et la guerre ; mais c'était dans l'ensemble, municipalement, nationalement, c'était en tant que champ, et ce qui restait à l'épi isolé de mouvements personnels était quelque chose de clairement défini dont on pouvait aisément prendre la responsabilité. De nos jours, au contraire le centre de gravité de la responsabilité n'est plus en l'homme, mais dans les rapports des choses entre elles. N'a-t-on pas remarqué que les expériences vécues se sont détachées de l'homme ? Elles sont passées sur la scène, dans les livres, dans les rapports des laboratoires et des expéditions scientifiques, dans les communautés, religieuses ou autres, qui développent certaines formes d'expérience aux dépens des autres comme dans une expérimentation sociale.»

L'Homme sans qualités. Robert Musil. Éditions du Seuil (1956)

samedi 28 novembre 2015

«Je ne prétends pas que l'homme instruit ressente les choses plus vivement, plus douloureusement du fait qu'il est plus développé. L'âme et son développement ne se mesurent pas d'après des données fixes. L'instruction même, en ce cas-là, ne saurait servir de mesure. Je suis le premier à reconnaître que parmi les gens les moins instruits, les plus abjects, les plus misérables, j'ai rencontré les traits du plus parfait développement moral. Ainsi au bagne, j'ai connu les mêmes hommes pendant plusieurs années, je les ai méprisés d'abord, ne voyant en eux que des bêtes fauves. Et tout à coup, au moment le plus inattendu, leur âme s'épanchait involontairement au-dehors. Elle révélait une telle richesse de sentiments, tant de cordialité, une si claire compréhension de sa propre souffrance et celle d'autrui, qu'au premier mouvement je n'en croyais ni mes yeux ni mes oreilles. Le contraire a lieu aussi : l'homme cultivé dévoile quelquefois une barbarie et un cynisme à vous donner la nausée, et quelque indulgent, quelque prévenu que l'on soit, on ne saurait lui trouver ni justification ni excuse.»

Souvenirs de la maison des mortsDostoïevski. Éditions Gallimard (1950)

Crise de la cinquantaine

«Voilà un homme qui, selon la vraisemblance, a éprouvé en lui-même l'élan du courage et le mépris des petits intérêts, cette poésie enfin qui rend la vie belle. Il a changé et il croit que ce sont les hommes qui ont changé. "Il n'y a plus de foi", c'est le mot de la cinquantaine, si elle n'est pas soutenue, par des principes fermes, contre la nature défaillante. De quoi le naïf accuse les mœurs, les lois, les romans, les journaux, tout excepté lui-même. Il ne manque pourtant jamais de héros en aucun temps, contre le feu ou contre l'eau ; ni d'enthousiasmes pour la justice. Mais cet œil fatigué voit les choses en grisaille. D'où vient que les hommes d'expérience arrivent presque toujours à cette doctrine courte, d'après laquelle l'homme n'agit jamais qu'en vue de sa propre conservation. Cette brillante perspective, au bout de laquelle se montre la mort inévitable, conduit à des rêveries peu agréables qui réagissent fâcheusement sur un estomac déjà fatigué. Tous les dangers sont grossis, surtout ceux contre lesquels le courage des jeunes peut seul quelque chose. La race est usée ; la France est vieille ; déjà ils voient l'ennemi dans la capitale. J'ai entendu plus d'une déclamation de ce genre, et j'admirais comme les poltrons sont redoutables ; car la jeunesse doit être retenue, non fouettée, et rafraîchie, non échauffée. Ces vieillards jouent avec le feu.»

Mars ou la guerre jugée. Alain. Éditions Gallimard (1936)

vendredi 27 novembre 2015

«La morale ou la science  des mœurs, est l'art de régler son cœur par la vertu, et de se rendre heureux en bien vivant.
Cette science que les anciens ont appelée du nom de sagesse, et que quelqu'un d'entre eux se vante d'avoir fait descendre du ciel en terre, n'a pas toujours été traitée ni avec la même méthode, ni avec le même succès. Car il semble qu'elle ait pris la teinture des différents préjugés des hommes que chaque temps a fait naître, et des divers états par lesquels leur esprit a passé.»

L'art de se connaître soi-même ou la recherche des sources de la morale. Jacques Abbadie. Société des livres religieux (1865)
«Jeunes beautés, vous à qui la nature
A prodigué mille attraits séduisans,
Pourquoi du fard d'une vaine imposture
Vouloir flétrir ses plus riche présens ?
Or et bijoux ne valent pas quinze ans.

Que l'éclat seul des fleurs fraîches écloses
Prête son charme à vos appas naissans :
Ne voit-on pas que les lis et les roses
Sont la parure et l'honneur du printems ?
Or et bijoux ne valent pas quinze ans.

Quand de vos traits la fraîcheur passagère
S'envolera sur les ailes du tems,
A la toilette empruntez l'art de plaire ;
Mais jusque-là, fuyez ses faux brillans :
Or et bijoux ne valent pas quinze ans.»

Chansons et poésies diverses. Marc-Antoine Désaugiers. Ladvocat (1827)

samedi 21 novembre 2015

Réminiscence personnelle (12)

«Toujours j'avais redouté d'être à peu près vide, de n'avoir en somme aucune sérieuse raison pour exister. A présent j'étais devant les faits bien assuré de mon néant individuel. Dans ce milieu trop différent de celui où j'avais de mesquines habitudes, je m'étais à l'instant comme dissous. Je me sentais bien de ne plus exister, tout simplement. Ainsi, je le découvrais, dès qu'on avait cessé de me parler des choses familières, plus rien ne m'empêchait de sombrer dans une sorte d’irrésistible ennui, dans une manière de doucereuse, d'effroyable catastrophe d'âme. Une dégoûtation.»

Voyage au bout de la nuitLouis-Ferdinand Céline. Éditions Gallimard (1952)
«Denys lui demandait un jour pourquoi les philosophes hantaient les maisons des riches et pourquoi les riches ne hantaient pas celles des philosophes : " C'est lui dit-il, que les premiers savent ce qui leur manque, et que les autres l'ignorent." [...] On lui demandait la différence entre les gens savants et les ignorants : " La même qu'entre un cheval dompté et un cheval qu'il ne l'est pas."»

Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres : Aristippe. Diogène Laërce. Garnier-Frères (1965)

jeudi 19 novembre 2015

Bibliothèque imaginaire (3)



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E316 ##$aReliure de bibliothèque, demie basane marron.
E317 ##$aAncienne collection Frix Taillade, acquise en 1906.
E702 #1$3068726198$4390

Colin ce matin

Ah maman, que je l'échappe belle !
Colin ce matin,
S'était glissé dans ma ruelle :
Ah maman, que je l'échappe belle !
Qu'on a de raison
De se défier d'un garçon !

Il s'approche de moi sans rien dire ;
Le fripon soudain
Me prend la main ;
Je la retire ;
Il sourit, je le gronde, il soupire.
Mais en soupirant
Dieu ! qu'il avait l'air séduisant !

Ah maman, que je l'échappe belle !
Colin ce matin,
S'était glissé dans ma ruelle :
Ah maman, que je l'échappe belle !
Qu'on a de raison
De se défier d'un garçon !

Il poursuit, je m'étonne, il m'embrasse ;
Un prudent effort,
De son transport
Me débarrasse :
Mais, voyant redoubler son audace,
J'avais du regret de n'avoir pas mis de corset.

Ah maman, que je l'échappe belle !
Colin ce matin,
S'était glissé dans ma ruelle :
Ah maman, que je l'échappe belle !
Qu'on a de raison
De se défier d'un garçon !

Malgré moi, mon sein frappe sa vue
Je le couvre en vain ;
Il va plus loin,
J'en suis émue ;
Les deux mains, quand on est presque nue,
Ne suffisent pas
Pour voiler ce qu'on a d'appas.

Ah maman, que je l'échappe belle !
Colin ce matin,
S'était glissé dans ma ruelle :
Ah maman, que je l'échappe belle !
Qu'on a de raison
De se défier d'un garçon !

En tremblant je recule, il s'avance ;
Le traître à l'instant,
D'un air content,
Sur moi s'élance.
Son ardeur forçait ma résistance ;
Mais le suborneur
S'enfuit, voyant entrer ma sœur.

Ah maman, que je l'échappe belle !
Colin ce matin,
S'était glissé dans ma ruelle :
Ah maman, que je l'échappe belle !
Qu'on a de raison
De se défier d'un garçon !

Attribué à Vadé

Les Chansons d'autrefois : vieux chants populaires de nos pères. Charles Malo. Jules Laisné (1861)

Indulgences

«Ceux qui contractent mariage, étant parens au quatrième degré sont taxés à sept Tournois, un Ducat de chambre, & six Carlins.
Le quatrième degré s'entend selon les Canonistes des enfans des remués de germains. Sur quoi voyez la remarque suivante.
Ceux qui sachant l'empêchement de ce degré de consanguinité vivent dans un commerce impur, sont taxés à 16. Tour. 4. Duc.
Le dernier Concile de Trente au 4 article de la Reformation du mariage n'étend la proximité qui se fait par des femmes débauchées qu'au premier & second degré ; prenant les degrés au sens des Canonistes.
Pour legitimer les enfants naturels qui naîtront des parens au quatrième degré, la taxe en est rêglée à 9.tourn. I. Ducat. 10. Carlins.
On voit ici clairement l'orgueil des Papes, qui ne perdent pas une seule occasion de s'élever au dessus des Princes et des Rois, Moyennant la taxe dont nous venons de parler, les bâtards legitimez par leurs mains sont receus à tous les honneurs, & à tous les degrez de dignité dans l'Eglise, au lieu que les enfans naturels des Rois & des Empereurs, quoi qu'ils ayent été legitimez par leurs peres, ne peuvent pretendre qu'aux honneurs civils, & sont exclus des dignitez ecclesiastiques, s'ils n'ont été légitimez par l'autorité du Pape. C'est là un des Caractères de l'Antechrist, de s'élever au dessus de tout ce qui se nomme Dieu, c'est à dire des Rois qui sont nommez Dieux dans l'Ecriture.»

Taxe de la chancellerie romaine et la banque du pape où l'absolution des crimes les plus énormes se donne pour de l'argent
. Ouvrage qui fait voir l'ambition et l'avarice des Papes. Antoine Du Pinet. [s. n.] (1701)

dimanche 15 novembre 2015

«Souviens-toi donc de ceci : si tu crois soumis à ta volonté ce qui est, par nature, esclave d'autrui, si tu crois que dépende de toi ce qui dépend d'un autre, tu te sentiras entravé, tu gémiras, tu auras l'âme inquiète, tu t'en prendras aux dieux et aux hommes. Mais si tu penses que seul dépend de toi ce qui dépend de toi, que dépend d'autrui ce qui ce qui réellement dépend d'autrui, tu ne te sentiras jamais contraint à agir, jamais entravé dans ton action, tu ne t'en prendras à personne, tu n'accuseras personne, tu ne feras aucun acte qui ne soit volontaire ; nul ne pourra te léser, nul ne sera ton ennemi, car aucun malheur ne peut t'atteindre.»

Manuel. Epictète. Hatier (2011)

Réminiscence personnelle (11)

«Et maintenant autour de ce chœur enfantin venaient graviter des souvenirs échelonnés sur diverses périodes de ma jeunesse, mais de contenus à peu près identiques et ayant pour cadre commun la chapelle de ce collège breton où débordant d'une ardeur violente, ressentant cruellement l'injustice de la contrainte, j'entretenais à longueur de journées mon orgueil et ma haine.»

Oeuvres complètes : Le BavardLouis-René des Forêts. Quarto Gallimard (2015)

mercredi 11 novembre 2015

«Le fatalisme est au fond des passions tragiques ; il y trouve sa force et ses preuves et comme une farouche satisfaction. On a assez dit que le tragique résulte de la fatalité agissant sur l'homme. Le spectacle le plus émouvant est celui d'un homme qui aperçoit un destin terrible et qui s'y jette comme dans un gouffre. Toutes les passions portent ce caractère ; ce ne sont point des accidents ni des surprises ; le passionné voit son destin, le craint, et en même temps le veut ; c'est là sa victoire sur ce qu'il ne peut empêcher. C'est ainsi que l'on tombe dans l'amour coupable, et jusqu'à appeler le châtiment, la faute n'étant qu'un chemin vers l'expiation.»

Mars ou la guerre jugée. Alain. Éditions Gallimard (1936)
«Je voulais dire que les simples ont moins d'hostilité et de méfiance envers les praticiens qu'envers l'administration médicale. En voyant les médecins à l’œuvre, ils perdent la plupart de leurs préjugés. Dans beaucoup de détails, l'administration de nos hôpitaux n'est pas en harmonie avec l'esprit de notre peuple, elle va plutôt à l'encontre de ses habitudes et ne saurait gagner ni sa confiance ni son estime. C'est du moins ce qui semble ressortir de mes observations particulières.»

Souvenirs de la maison des mortsDostoïevski. Éditions Gallimard (1950)

Texte des Petites Amoureuses (4)

«Le coeur de l'enfant sombrait dans un cataclysme de miel. Il se retint à la jeune fille. Dès qu'il eut fermé les bras, il reconnut la taille ronde, souple et flexible, l'émouvante pression des seins, le creusement du ventre, chaleureux comme un appel ; il reconnut l'odeur de sainfoin sombre de ses cheveux. Il n'était pas sûr de les avoir sentis ou vus, mais il les reconnaissait : Bérénice était son amie. Bérénice était femme.»

Mano l'archangeJacques Serguine. Editions Gallimard (1962)

lundi 9 novembre 2015



«La dispute des images estant l'un des plus notables differents, qui divisent aujourd'huy la Chrestienté, je me suis mis à recercher avec soin, quelle peut avoir esté la créance de l'Eglise ancienne sur ce sujet, non pour so[n]der ma foy, qui est graces à Dieu suffisamment edifiée sur les Escritures, où ne trouvant le service des images ni commandé, ni loué, ni pratiqué par les Saincts, j'estime qu'il n'y a point d'autorité au monde qui m'oblige à le croire, mais pour voir s'il est bien vray, que l'Eglise de Jesus Christ ait eu durantze les premiers siècles la mesme opinion sur cet article, qu'en ont maintenant ceux de la communion de l'Evesque de Rome.» 

Defense du sermon de Mr Hesperien, sur S. Jean, ch. 4 v. 22. ou Reponse a un ecrit intitulé, Eclaircissement de la doctrine de l'eglise, touchant le culte des Saints, &c. : Dans laquelle sont réfutez tous les adoucissemens dont l'on se sert aujourd'huy, sur le culte religieux que l'Eglise Romaine rend aux saints, aux reliques, & aux images. André Lortie. Isaac & Henru Desbordes (1675)

vendredi 6 novembre 2015

Liste des émissions des Muses galantes (1)

Émissions produites et diffusées probablement en 2002-2003. Toutes ces émissions ont été pensées et écrites par le tandem initial Rosain de Bouffan et Aimable Lubin. Les émissions sur Lambaréné ont été inspirées par Azélia (ONPC). Les émissions enregistrées par Rosain de Bouffan avec Jean-Christophe Maillard et sa musette ont été rediffusées à sa mort en juillet 2015. La poésie baroque est un projet collaboratif qui a mobilisé toutes les voix disponibles de Radio Radio (Toulouse 89.1 à l'époque), animateurs et salariés. A noter, enfin, les premières EGM (Emission Génétiquement Modifiée) avec Stéphane Jammes de Bloc-Secret.

«Toute la journée, il fut en proie à des bourdonnements d'oreille ; se serrant les mains à les briser, se disant bonjour à lui-même, il marchait en rond autour de la table où la lettre non expédiée faisait une tache blanche ; et entre-temps, il se représentait mentalement le regard de sa visiteuse de la veille, si bref, mais qui vous coupait le souffle, - comme une pause dans cette vie ! ou bien il entendait dans son for intérieur le froufrou de la petite Emma.»

Invitation au suppliceVladimir Nabokov. Éditions Gallimard (1960)
«Lorsque le mot d'Ulrich arriva, Walter et Clarisse jouaient de nouveau avec tant de violence que les meubles " Arts déco" dansaient sur leurs jambes grêles et que les gravures de Dante-Gabriel Rossetti tremblaient aux murs. Le vieux commissionnaire qui avait trouvé la maison et l'appartement ouverts et était entré sans voir personne reçut tonnerre et éclairs en pleine figure quand il pénétra dans la chambre ; le vacarme sacré où il était tombé le colla respectueusement au mur. Ce fut Clarisse qui, finalement, de deux puissants accords, soulagea la tension musicale qui continuait à croître, et le délivra. Tandis qu'elle lisait le message, l'effusion interrompue continuait à s'arracher douloureusement aux mains de Walter ; une mélodie s'enfuit, claudiquant comme une cigogne, puis étendit ses ailes. Clarisse observait cela avec méfiance tout en déchiffrant le mot d'Ulrich.»

L'Homme sans qualités. Robert Musil. Éditions du Seuil (1956)

«Que s'était-il passé entre le 17 mars et le 17 septembre 1808 : entre le décret d'institution de l'Université de France et celui qui, pour la première fois, nomme la Faculté de théologie protestante de Montauban ? Un voyage de Napoléon dans la vieille cité du Quercy, comprise alors dans le département du Lot. Le maître des destinées de la France fut frappé de la beauté du site de cette ville que la réforme avait rendue florissante dans son temps et qu'un siège héroïque avait rendue illustre.Il en fit le chef-lieu d'un nouveau département, le Tarn-et-Garonne qu'un coup de compas forma aux dépens de départements contigus.»

Les Origines de la faculté de théologie protestante de Montauban : étude historique. Charles-Louis Frossard. Grassart (1882)

mercredi 4 novembre 2015

«Il aimait à dire qu'un homme qui a bien faim n'examine pas la sauce, que celui qui a bien soif n'attend pas qu'on lui apporte à boire et que celui qui sait se passer du superflu est le plus proche des dieux.»
 
Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres : Socrate. Diogène Laërce. Garnier-Frères (1965)

lundi 2 novembre 2015

Résonances contemporaines (17)

«[XL] Les filles dès l'âge de quatorze ans, sont pour les hommes des "dames" ; voyant alors qu'elles n'ont d'autre rôle que de coucher avec les hommes, elles commencent à se parer, à mettre tous les espoirs dans la parure. Il est donc juste de leur faire comprendre que seule leur vaudra le respect une tenue modeste et réservée.»

Manuel. Épictète. Hatier (2011)

dimanche 1 novembre 2015

«Comme tous les hommes dont l'imagination n'est pas hantée par l'érotisme, Tuzzi, célibataire, avait été (encore qu'il se fût montré ici ou là, dans la société de ses amis, avec des petites danseuses destinées à soutenir sa réputation diplomatique) un paisible habitué des bordels, et il reporta dans le mariage le rythme régulier de cette habitude. Ainsi Diotime apprit-elle à connaître l'amour comme un orage violent, brusque et spasmodique qu'une puissance plus grande que la sienne déchaînait une fois la semaine. Cette altération de deux êtres commençant à l'improviste et se transformant quelques minutes plus tard en une brève conversation sur les incidents de la journée restés en compte, puis en un profond sommeil, ce quelque chose dont on ne parlait jamais dans les intervalles, sinon tout au plus par allusions et insinuations ( par exemple en faisant une plaisanterie diplomatique sur la "patrie honteuse" du corps), eut néanmoins pour Diotime des conséquences inattendues et contradictoires.»  

L'Homme sans qualités. Robert Musil. Éditions du Seuil (1956)



Quelques Éléments de la Société du Spectacle (9)

189
«Le mouvement ouvrier révolutionnaire, entre les deux guerres, fut anéanti par l'action conjuguée de la bureaucratie stalinienne et du totalitarisme fasciste, qui avait emprunté sa forme d'organisation  au parti totalitaire expérimenté en Russie. Le fascisme a été une défense extrémiste de l'économie bourgeoise menacée par la crise et la subversion prolétarienne, l'état de siège dans la société capitaliste, par lequel cette société se sauve, et se  donne une première rationalisation d'urgence en faisant intervenir massivement l’État dans sa gestion.» 

La Société du spectacle. Guy Debord. Éditions Gallimard (1992)