samedi 31 décembre 2022

Réminiscence personnelle (65)

«Je comprends seulement maintenant l'une des choses que répétait le maître, la sensation de viser à côté de la cible, de ne pas être au coeur de ce qu'on a à dire, ce qu'on a à faire, de se heurter à l'épaisseur du réel, à une paroi impossible à percer ou à contourner -tels étaient ses mots- de ne pas pouvoir passer de l'autre côté.»

Conversations avec le maître. Cécile Wajsbrot. Denoël 2007

mercredi 28 décembre 2022

La ligne blanche. Avenue de Muret (Toulouse) 22 décembre 2022 18H

photographie : Aimable Lubin

«Sans doute Galsuinthe eût loué Mlle de Lespinasse de n'aimer rien de ce qui est à demi, de ce qui est indécis, de ce qui est un peu. Jamais, en tous cas, elle n'avait supporté sans déplaisir le passage imperceptible d'un état au suivant, la transition adoucie par la lenteur.»

Le tombeau d'Audrey Beardsley ou les fashionnables chinois in Le musée noirPierre de Mandiargues. Folio Gallimard (1974)

mardi 27 décembre 2022


«L’enfance aux longs doigts, aux chagrins ravissants.»

René Char

photographie de Georg Stefan Troller
« Les hommes moyens dont l'esprit est surexcité mais incapable de se libérer dans la création, éprouvent le désir de se donner en spectacle. »

L'homme sans qualitésRobert Musil. Editions du Seuil (1956)

«Ce monde qui se forme me fait peur. Je l'ai vu germer ; je puis le déchiffrer comme un calque. Ce n'est pas un monde où j'ai envie de vivre. C'est un monde fait pour des monomaniaques obsédés par l'idée du progrès... mais d'un faux progrès qui pue. C'est un monde encombré d'objets inutiles que, pour mieux les exploiter et les dégrader, on a enseigné aux hommes et aux femmes à considérer comme utiles. Le rêveur aux songeries non utilitaires n'a pas place dans ce monde. En est banni tout ce qui n'est pas fait pour être acheté et vendu, que ce soit dans le domaine des objets, des idées, des principes, des espoirs ou des rêves. Dans ce monde, le poète est un anathèmes, le penseur, un imbécile, l'artiste, un fugitif, le visionnaire , un criminel.»

Au fil du temps. Henry Miller. Grasset (1988)

lundi 26 décembre 2022

Visionnage domestique toulousain (120)

 

Des Amandiers aux Amandiers. Karine Silla Perez / Stéphane Milon (2022)

«Opéra, dit Albion, en faisant voler d'une pichenette son ticket de métro près d'une croix d'or, qui depuis quelque temps, agaçait son regard, blottie douillettement à l'intérieur d'une chemise Lacoste, dans la fourrure pectorale d'un voyageur glouton que des lokoums verts et rouges poudraient de sucre farine à l'instar de ces jeunes travestis, velus aussi comme. des sangliers et fardés comme des biches, qui brûlent la rampe aux menus théâtres d'Athènes, c'est là que j'aperçus pour la première fois la princesse de Petit-Colombes, qui est maintenant un peu par ma faute, la mère de la femme obus du Coliseum de Londres.»

Le tombeau d'Audrey Beardsley ou les fashionnables chinois in Le musée noir. Pierre de Mandiargues. Folio Gallimard (1974)


vendredi 23 décembre 2022

Réminiscence personnelle (64)

«- J'ai bien lu votre dossier. je suis navré, mais vous ne correspondez pas au profil.
Le jeune homme baisse la tête et murmure :
- Tout le monde n'arrête pas de me le dire.
Le silence s'installe, le conseiller laisse à Marc le temps d'accepter la nouvelle. Dans un instant il va se lever, lui serrer la main et lui souhaiter bonne chance. Mais Marc n'est pas décidé à abandonner :
- Je sais que je pourrais apporter quelque chose de nouveau à ce poste.»

La mauvaise habitude d'être soi. Martin Page / Quentin Faucompré. Éditions de l'Olivier (2010)

jeudi 22 décembre 2022

«Une fois, j'ai été à l'école de mon fils faire une conférences sur "les victoires de la science et de a technique". Eh bien j'ai cru mourir de honte devant mon garçon, les gosses ne m'écoutaient pas, ils faisaient tout ce qui leur passait par la tête. Le censeur avait beau frapper sur la table ils ne l'écoutaient pas non plus. Ensuite, mon fils m'a expliqué que le vestiaire était bouclé et qu'on ne laissait sortir personne.

La maison de Matriona. Alexandre Soljenitsyne. Julliard (1965)

mercredi 21 décembre 2022

PBF 2022.33 : La vérité devient image

Mercredi 21 décembre 2022 à 19H, nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque, la dernière de l'année.  Nous retrouvons une dernière fois France tour et détour, deux enfants, émission télévisuelle de Jean-Luc Godard diffusée en 1978. Nous écouterons la troisième et dernière partie de l'épisode 1, Obscur chimie.
Cette émission a été enregistrée et montée au studio de RadioRadioToulouse et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud

Programme musical
1) Terre de France (Julien Clerc) 
2) Tchéhregé Djân (Shadi Fati / Bijan Chemirani)
3) You're mine you (Lee Morgan sextet)
4) When I built the world (Brian Eno / Karl Hyde)
5) De profundis (Karol Beffa) Choeur Média vita / Lionel Sow
6) Deep peace (Donovan)

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF : https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/la-vérité-devient-image-la-petite-boutique-fantasque/

Sus aux Béotiens !

«Contamine était comme Satie un jeune homme sentimental, timide, un peu naïf, amoureux pour un rien, possédant l'orgueil de la marginalité et la modestie du poète, fasciné par l'aspect mystique du symbolisme, et réceptif aux provocations spirituelles et littéraires de la fin du siècle, ainsi qu'aux sciences occultes.»

Erik SatieJean-Pierre Armengaud. Fayard (2009)

mardi 20 décembre 2022

Visionnage toulousain en salle (43bis) à l'ABC

Falcon lake. Charlotte Le Bon (2022)
 

Thèmes effleurant (l'adolescence) / cailloux affleurant du ruisseau :
mort / suicide / noyé / fantôme / mythomanie / masturbation / sexe / éjaculation précoce / pression sexuelle des garçons / tension enfance - adolescence / vérité d'internet / peurs / jouer avec ses peurs / rires / trop boire / trop fumer de l'herbe / vomir...

Petites amoureuses : visionnage toulousain en salle (43) à l'ABC

Falcon lake. Charlotte Le Bon (2022)

«Je pense que ma pire peur c'est de me sentir seule toute ma vie.»

Comment être sûr que Bastien comprenne suffisamment d’anglais pour comprendre la question d’Oliver sur l’embarcadère de bois ?

Le seul argument est sa peur quand Chloé reçoit un message d’Oliver et le fait qu’il ne nie rien quand Chloé lui reproche de ressembler à Jackson en prenant ses désirs pour des réalités et en les racontant à d'autres.


«Il [Satie] récidive dans Chanson : "Bien courte hélas est l'espérance et bien court aussi le plaisir. / Et jamais en nous leur présence, bien court est le temps de l'amour / Et le serment d'une maîtresse, ne dura jamais plus d'un jour."»

Erik SatieJean-Pierre Armengaud. Fayard (2009)

lundi 19 décembre 2022

«Je prie Morphée de répandre ses plus doux charmes sur vos paupières appesanties, de faire couler une vapeur divine dans tous vos membres fatigués et de vous envoyer des songes légers, qui voltigeant autour de vous, flattent vos sens par les images les plus riantes et repoussent loin de vous tout ce qui pourrait vous réveiller trop promptement.»

TélémaqueFénelon. Garnier-Flammarion (1968)

dimanche 18 décembre 2022

«Il est temps -lui dit-elle- que vous alliez goûter la douceur du sommeil après tant de travaux. Vous n'avez rien à craindre ici : tout vous est favorable. Abandonnez-vous à la joie ; goûtez la paix et tous les autres dons des dieux, dont vous allez être comblé. Demain, quand l'Aurore avec ses doigts de roses entrouvrira les portes dorées de l'orient et que les chevaux du soleil, sortant de l'onde amère, répandront les flammes du jour pour chasser devant eux toutes les étoiles du ciel, nous reprendrons mon cher Télémaque, l'histoire de vos malheurs.»

Télémaque. Fénelon. Garnier-Flammarion (1968)

«Je l'ai aimée à ma façon en ce temps-là, comme il m'était possible, et sans savoir que son image à une autre était pourtant mêlée, je l'ai bien aimée sans mentir, d'un amour qui ne s'est effacé que devant l'amour même, et elle sait très bien qu'elle m'a rendu malheureux. Aux obstacles qu'elle m'opposait, pourtant plusieurs fois défaillante, je n'ai point usé cet amour, et sans doute qu'il y puisait sa vie.»

Le paysan de ParisLouis Aragon. Folio Gallimard (1972)

mardi 13 décembre 2022

PBF 2022.32 : L'Abyssinien

Mercredi 13 décembre 2022 à 19H, nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque sur un texte de guerre, mais pas n'importe quelle guerre celle de 1870, celle des Francs-Tireurs contre l'armée prussienne, cette guerre qui a tellement horrifié ses contemporains avant que celle de 14-18 ne la fasse glisser dans l'oubli. Il s'agit d'une nouvelle tirée de Sueurs de sang de Léon Bloy, L'Abyssien.
Cette émission a été enregistrée et montée au studio de RadioRadioToulouse et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud

Programme musical
1) Battalia (Henrich Biber) Concentus musicus / Nikolaus Harnoncourt
2) La guerre extrait de Éloge de la folie (Marius Constant) Art nova / Marius Constant
3) De grandes cuillères de neige extrait de Soir de neige (Francis Poulenc) Les Éléments / Joël Suhubiette
4) Sérénade d'hiver (Camille Saint-Saens) Les Éléments / Joël Suhubiette
5) Fanfare for warriors (Art ensemble of Chicago)
6) La guerre de 14-18 (Georges Brassens)
7) Mother of violence (Peter Gabriel)
8) Mahler à Venise (Karol Beffa) 

+ lecture de l'Abyssinien de Léon Bloy par Stéphane
+ bande annonce d'Annie colère de Blandine Lenoir

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF : https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/labyssinien-la-petite-boutique-fantasque/

Sus aux Béotiens !

Réminiscence personnelle (63)

«Et quand je racontais quelque chose sur mon enfance, par exemple, quelque chose de parfaitement ordinaire et d’habituel que tout le monde avait vécu, ça devenait important parce que c’était moi qui le disais. Ça me dévoilait, moi, l’auteur de ces deux livres bons et importants. Et ce jugement sur lequel reposait la situation, je l’acceptais mais je l’acceptais de tout cœur. Et caquetais comme une poule au milieu de la volaille. Tout en sachant ce qu’il en était en réalité. Combien de bons livres vraiment importants sortaient en Norvège ? Environ un tous les dix à vingt ans. Le dernier bon roman norvégien c’était Fyr og Flamme de Kjartan Fløgstad, publié en 1980, il y avait vingt-cinq ans. Celui d’avant, c’était les Oiseaux de Vesaas, en 1957, trente-cinq ans encore auparavant. Et combien de romans norvégiens ont été publiés entre-temps ? Des milliers ! Oui, des milliers ! Quelques-uns sont bien, quelques autres plus nombreux sont moyens et la plupart sont mauvais. C’est ainsi, ça n’a rien d’extraordinaire et tout le monde le sait. Le problème, c’est tout ce qu’il y a autour, la flatterie que les auteurs médiocres sucent comme des bonbons et ce qu’ils sont capables de dire dans les journaux et à la télévision à cause de la fausse image qu’ils ont d’eux-mêmes.Oh je pourrais m’arracher les cheveux de rage et de honte pour m’être laissé appâter encore et toujours. Ces dernières années, en ces temps de médiocrité débordante, j’avais appris une chose qui me paraissait extrêmement importante :Ne va pas croire que tu es quelqu’un de spécial.Ne va pas surtout pas croire que tu es quelqu’un de spécial. Car tu ne l’es pas. Tu n’es qu’une petite merde médiocre et prétentieuse.»

Un homme amoureux. Karl-Ove Knausgaard. Denoël (2014)

dimanche 11 décembre 2022

Visionnage toulousain en salle (42 suite) à l'ABC


Mourir à Ibiza (un film en trois étés)
Entretien avec Anton Balekdjian, Léo Couture et Mattéo Eustachon

Quel était votre projet pour Mourir à Ibiza, votre premier film, un portrait de quatre jeunes en quête d’amour et de bonheur ?
C’est devenu tard un projet de long métrage. C’était d’abord des courts métrages tournés pendant trois étés de 2019 à 2021. Au début, on voulait faire de l’improvisation avec des gens qu’on avait envie de filmer, explorer un lieu et faire tout ça le plus légèrement et collectivement possible. L’écriture du premier s’est faite en une nuit. On voulait reprendre le motif de Conte d’été mais le détourner avec nos préoccupations du moment et ce qui nous faisait marrer. L’idée, c’était qu’une jeune femme qui vient profiter de ses vacances ne se retrouve confrontée qu’à des garçons empêchés dans leurs désirs. C’est une quête de tendresse collective où personne n’ose s’exprimer. Donc, ça crée beaucoup de gêne, de malentendus et de surprises. C’est un bon terrain de jeu et ça correspondait à nos rapports aux autres à la sortie de l’adolescence. On avait envie de se mettre à la hauteur des personnages, sans commenter.

Qu’est-ce qui vous a décidé à poursuivre après le premier été ? Comment avez-vous développé le scénario ?
On n’a jamais écrit le scénario du long métrage. Ça s’est fait dans l’autre sens. Après avoir tourné la partie à Arles on avait envie de retrouver les personnages et on s’est demandé, comme dans une grande saga, comment on pourrait prolonger leurs aventures en explorant leurs faces cachées. Pour chaque été, on partait d’un séquencier qu’on développait aux repérages puis avec les acteurs au tournage. Le scénario s’est construit en entrechoquant les trois étapes.

La mer est-elle le fil rouge qui relie ces trois parties ?
On ne l’a jamais formulé comme ça. Ça l’est devenu parce que la mer, c’est la promesse de l’aventure, mais aussi la solitude, les mystères, les arrivées, les départs… C’est devenu l’incarnation de tous les sujets qu’on abordait. 

Qu’est-ce qui a déterminé le choix de ces trois lieux : la ville d’Arles, la plage d’Étretat et Ibiza ?
Ce sont trois lieux emblématiques qui nous donnaient l’intuition qu’on pourrait y raconter nos histoires. Arles d’abord car on pouvait s’y loger gratuitement et qu’on connaissait quelques personnes mais aussi parce qu’on sentait qu’on pourrait y tourner un film chaud et vivant. La façade de carte postale nous plaisait aussi, l’architecture antique, la Camargue… Et comment on allait pouvoir gratter le vernis pour découvrir la vie des personnages. Étretat c’était le contraire : la cité balnéaire, ses falaises, la grisaille, le vent qui siffle. Une espèce de mysticisme. On voulait faire le verso du premier, un moment bizarre qui tourne mal. Et le troisième ça devait être le bouquet final, donc difficile de faire mieux qu’Ibiza. Une île sur laquelle se côtoient des mondes qui n’ont rien à voir : la richesse débordante, le tourisme de masse, les locaux, les hippies… C’était un imaginaire riche et c’était un défi d’aller y tourner en pirate. 

Vous avez réalisé Mourir à Ibiza à trois. Comment avez-vous travaillé ensemble ?
On fait tout ensemble de l’écriture à la postproduction. Et sur le tournage, on est techniciens et réalisateurs. Mattéo à l’image, Léo au son et Anton pour l’écriture des dialogues au pied levé et l’assistanat, le scripte… Il y a aussi Manon qui s’occupe de l’extérieur du plateau, entre la direction de production et la régie. Quand les comédiens ne jouent pas, ils nous aident aussi. Pour la mise en scène, on fonctionne comme une bête à trois têtes, en s’efforçant de ne jamais tomber dans un consensus mou. 

Comment avez-vous composé le casting avec des jeunes comédiens et des acteurs non professionnels ?
Le casting s’est fait sur un coup de tête. On a proposé aux gens qu’on avait envie de faire jouer et qu’on sentait motivés par l’aventure collective. C’était très important que se mélangent comédiens et amateurs, même parmi les personnages principaux, pour trouver la fragilité. Tous les personnages secondaires sont des gens qu’on rencontre et que ça amuse de jouer… Souvent les rôles se créent au dernier moment, en repérages ou au tournage.

Dans ce ménage à quatre, Léna est la plus volontaire quand les hommes sont plus velléitaires. Comment avez-vous défini leurs caractères ?
Plus ou moins consciemment on avait envie de parler d’une lâcheté qu’on ressentait en nous, une pression absurde qu’on s’infligeait et qui nous faisait agir bizarrement, ou violemment. Avoir une peur panique de l’amour dont on a pourtant désespérément envie. Léna est aux prises avec des personnages masculins coincés là-dedans. C’est aussi beaucoup les acteurs qui ont créé leur personnage, comme des clowns d’eux-mêmes, en proposant des situations, leur nom, leurs costumes…

Le film est tourné pendant l’été avec une lumière particulière. Quels étaient vos choix à l’image ? Les directions étaient-elles différentes selon les lieux ?
Les choix à l’image ont été dictés par la légèreté, la discrétion et par l’extrême petit budget. On a tourné en mini-DV, en HD et en 2K. On trouvait que la modernisation de l’image allait avec le temps qui passe. Pour chaque été, on avait un film de référence pour l’énergie des mouvements de caméra. À Arles, c’était Les Choses de la vie, d’où une partie sur pied avec des panoramiques et des plans-séquences avec des zooms dans les mouvements. Pour Étretat, c’est les premiers films de Jim Jarmusch. Pour Ibiza, on avait imaginé quelque chose de plus dynamique avec des mouvements pour presque tous les plans. Les Roseaux sauvages nous avait marqué pour ça. Le film a été tourné en lumière naturelle, sans pouvoir choisir les heures de tournage (car on a tourné dans l’ordre chronologique). Il fallait tourner avant que la lumière ne change et trouver vite le bon axe pour que la direction soit bonne sur les comédiens.

Le troisième été est marqué par des chansons et des séquences chantées. Aviez-vous un désir de comédie musicale ?
On voulait que les sentiments puissent enfin s’exprimer haut et fort, donc la chanson s’est imposée. Ça nous permettait de finir en fanfare et d’explorer un genre artificiel, de se poser d’autres questions de mise en scène. En fait, chaque été était une façon de mettre en forme les envies de cinéma dont on parlait pendant l’année. 

Comment avez-vous choisi les musiques pour chaque été ?
Pour Arles ça s’est beaucoup joué avec le son des endroits où on débarquait. Comme la feria ou la fête en Camargue. On a très peu influencé ces choix, souvent car c’était impossible mais aussi car ça nous amusait de sentir les personnages dans le jus d’un été dans le sud, avec ses classiques des 80’s. Vivaldi était là dès l’écriture pour son côté rohmérien. Étretat c’était le premier été Covid et on l’a vite senti. Pas de bal ou de fête, du coup les seules musiques qui restent sont off. Red Red Wine est celle qui fait la liaison avec Ibiza, la variation d’une chanson que chantera Magda ensuite. Pour Ibiza, on a eu envie de mélanger des compositions pour se frotter à l’écriture avec des réadaptations complètes de chansons. Même certains morceaux in qu’ils écoutent sont des reprises hyper différentes des originaux, comme Allumer le feu sauce reggae.

Propos recueillis par Olivier Pierre FID 33e festival international de Marseille


Visionnage toulousain en salle (42) à l'ABC




Mourir à Ibiza (un film en trois étés). Anton Balekdjian, Léo Couture, Mattéo Eustachon (2022)

«Il y a dans mon emportement  avec les femmes une certaine hauteur, qui tient à plusieurs regrets que j'ai, à ce que j'ai longtemps cru qu'une femme, au mieux pouvait me haïr, à ce sentiment horrible de l'échec qui me porte toujours aux confins d'une ombre mortelle.»

Le paysan de ParisLouis Aragon. Folio Gallimard (1972)

samedi 10 décembre 2022

Véritable périple flasque (pour un chien) : documentation 9

Montmartre 1910

Véritable périple flasque (pour un chien) : documentation 8 : Allons-y Chochotte !

Lorsque je vis Chochotte,
Elle me plut carrément ;
J'lui dis: "Êtes-vous mascotte ?"
"Mais monsieur certainement."
"Alors sans plus attendre
Je veux être votre époux."
Elle répond d'un air tendre :
"Je veux bien être à vous,
Mais pour cela, il vous faudra
Demander ma main à papa."
Allons-y Chochotte, Chochotte...
Allons-y Chochotte, Chochotte allons-y.

Le soir du mariage,
Une fois rentrés chez nous,
J'prends la fleur de son corsage
Je fourre mon nez partout.
"Alors" me dit ma femme,
"Avant tout écoute-moi
J'vais couronner ta flamme.
Puisque tu m'aimes, prends-moi.
Mais pour cela il te faudra
Ne pas m'chatouiller sous le bras."
Allons-y Chochotte, Chochotte,
Allons-y Chochotte

V'là qu'au moment d'bien faire,
On entend sur l'boul'vard
Un refrain populaire
Et comme un bruit d'pétards
C'est une sérénade
Que donn't en notre honneur
Un' band de camarades
Qui travaillent tous en choeur,
S'accompagnant des instruments
En carton, à cordes, à vent.
Allons-y Chochotte...

Le lendemain, Chochotte
Me dit : "Mon p'tit Albert,
J'veux un fils qui dégote
Mozart et Meyerbeer.
Pour en faire un prix de Rome
T'achèteras un phono
Que tu r'mont'ras mon petit homme
Au moment psycholo et l'on march'ra
De ce moment là, comme ton cylindre
L'indiquera."

Allons-y Chochotte, Chochotte..

Neuf mois après, Chochotte
Me rend papa d'un garçon.
"Ah !," s'écrie "Saperlotte !"
La sag'femme "Que vois-j'donc ?"
"Qu'avez-vous donc, Madame ?
Pourquoi crier si haut ?"
Lui demanda ma femme.
„N'a-t-il pas tout ce qu'il faut ?"
"Oui, mais voilà, on peut lir'là
Sur son p'tit nombril c'refrain-là :
Allons-y Chochotte, Chochotte.
Allons-y Chochotte, Chochotte allons-y !

vendredi 9 décembre 2022

Quelques photos de la Petite Boutique Fantasque lors du directLive du 5 octobre 2022 (merci à Michel Bonnet)

 


«Tu te crois mon garçon, tenu à tout décrire. illusoirement. Mais enfin à décrire. Tu es loin de compte. Tu n'as pas dénombré les cailloux, les chaises abandonnées. Les traces de foutre sur les brins d"herbes. Les brins d'herbes.»

Le paysan de ParisLouis Aragon. Folio Gallimard (1972)

dimanche 4 décembre 2022

Visionnage domestique toulousain (119)

Une femme mariée. Jean-Luc Godard (1964)

"L'intelligence, c'est comprendre avant d'affirmer."

Visionnage toulousain en salle (42) à l'américain cosmograph avec Caroline

 

Annie colère. Blandine Lenoir (2022)

Véritable périple flasque (pour un chien) : documentation 7

«Satie cultive l'ennui créatif et met une distance entre lui et toutes formes d'expression de la société.Il s'ennuiera partout, à l'école, au conservatoire, avec les femmes, à Arcueil, à la Schola Cantorum et dans les salons parisiens et rejettera en fait toutes les sortes d'éducation sociale et culturelle de la méritocratie républicaine.»

Erik Satie. Jean-Pierre Armengaud. Fayard (2009)

vendredi 2 décembre 2022

Quelques Éléments supplémentaires de la Société du Spectacle (54)

«C'est dans la souffrance seulement qu'elle est aimable, la Jeune-Fille. Il y a, à l'évidence une puissance subversive du trauma.»

Premiers matériaux pour la théorie de la jeune-FilleTiqqun. Mille et une nuit. (2001)

Sophie Marceau