dimanche 13 avril 2014

«M. Goliadkine eut ensuite un accès de rage impuissante.  Gémissant et grinçant des dents, il prit à deux mains sa tête brûlante, se laissa tomber sur son billot et se mit à réfléchir à quelque chose... Mais ses pensées tournaient dans sa tête sans s'accrocher à rien. Des visages traversaient sa rêverie, des événements depuis longtemps oubliés revenaient, tantôt vagues, tantôt nets, à sa mémoire, des motifs de chanson stupides le poursuivaient... Sa détresse, son angoisse avaient quelque chose d'irréel. 
Mon Dieu ! Mon Dieu ! pensa notre héros, reprenant un peu conscience et étouffant au fond de lui même une sorte de sourd sanglot, donne-moi la fermeté d'esprit dans l'insondable profondeur de mon malheur ! Je suis fichu, absolument fini... cela, c'est hors de doute, et c'est bien dans l'ordre des choses, il ne peut pas en être autrement.»

Le Double. Fédor Dostoïevski. Gallimard (1969)

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