dimanche 31 décembre 2023

«En bref, le paysan qui aspirait à son indépendance économique devait travailler une bonne dizaine d'hectares en année d'abondance, et sans doute le double en année défavorisée par la météorologie ou les maladies des céréales et du bétail. C'est dire que ni un simple manœuvrier ni un modeste haricotier ou même un très petit laboureur ne pouvait assurer de manière continue son indépendance économique. Les gros laboureurs, possesseurs de plus de vingt hectares (et naturellement les fermiers de seigneurie), moins du dixième du monde rural, étaient seuls assurés de nourrir confortablement leur famille en toutes circonstances. Ceux qui possédaient moins d'une dizaine d'hectares de terre ne pouvaient trouver dans leur production de quoi y parvenir : ils devaient acheter du blé, c'est-à-dire donner leur travail en échange.»

Le siècle de Louis XIV. Pierre Goubert. Éditions de Fallois (1996)

lundi 25 décembre 2023

Visionnage domestique toulousain (166) avec Caroline et Louloute

The Ruttles : all you need is cash. Eric Idle et Neil Innes (1978)

Visionnage domestique toulousain (165)

Blanca nieves. Pablo Berger (2012)

«Il se rencontre en l'homme qui vient de se gorger de plaisir une pente à l'oubli, je ne sais quelle ingratitude, un désir de liberté, une fantaisie d'aller se promener, une teinte de mépris, et peut-être de dégoût pour son idole, il se rencontre enfin d'inexplicables sentiments qui le rendent infâme et immonde.»

Histoire des TreizeHonoré de Balzac. Éditions Garnier frères (1955)

vendredi 22 décembre 2023

«En effet, les jeunes gens de Paris ne ressemblent aux jeunes gens d'aucune ville. Ils se divisent en deux classes : le jeune homme qui a quelques chose et le jeune homme qui n'a rien ; ou le jeune homme qui pense et celui qui dépense. Mais entendez-le bien, il ne s'agit ici que de ces indigènes qui mènent à Paris le train délicieux d'une vie élégante. Il existe bien quelques autres jeunes gens, mais ceux-là sont des enfants qui conçoivent très tard l'existence parisienne et en restent des dupes. Ils ne spéculent pas, ils étudient, ils piochent, disent les autres..»

Histoire des TreizeHonoré de Balzac. Éditions Garnier frères (1955)

lundi 18 décembre 2023

PBF 2023.20 : Le parapluie du réel inversé

Mercredi 20 décembre 2023  à 19H, nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque avec une nouvelle chronique de Marius Pinel, la quarante-deuxième. Que le temps passe vite !

Cette émission a été enregistrée et montée au studio de RadioRadioToulouse et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud.

Programmation musicale :
1) C'est la vie (Samarabalouf)
2) Encore une journée d'foutue (Jacques Higelin)
3) Santa's workshop (John Zorn)
4) Sur mon épaule (Les cowboys fringants)
5) Polka (Laurent Dehors)
6) Allegria (La foire aux chapeaux)
7) Iroise I Ar Mor (Benoît Menut) Emmanuelle Bertrand
8) Le secret (Arthur H.)
9) Reflex (Edouard Ferlet)
10) Malédiction (Alain Bashung)

+ Chronique de l'univers place Pinel n°42  :Le parapluie du réel inversé

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF :

Sus aux Philistins !

dimanche 17 décembre 2023

Résonances contemporaines (27)

«A toute heure, l'homme d'argent pèse les vivants, l'homme des contrats pèse les morts, l'homme de loi pèse la conscience. Obligés de parler sans cesse, tous remplacent l'idée par la parole, le sentiment par la phrase, et leur âme devient un larynx. Ils s'usent et se démoralisent. Ni le grand négociant, ni le juge, ni l'avocat ne conservent leur sens droit : ils ne sentent plus, ils appliquent les règles que faussent les espèces. Emportés par leur existence torrentueuse, ils ne sont ni époux, ni pères, ni amants ; ils glissent à la ramasse sur les choses de la vie, et vivent à toute heure, poussés par les affaires de la grande cité. Quand ils rentrent chez eux, ils sont requis d'aller au bal, à l'Opéra, dans les fêtes où ils vont se faire des clients, des connaissances, des protecteurs. Tous mangent démesurément, jouent, veillent, et leurs figures s'arrondissent, s'aplatissent, se rougissent. A de si terribles dépenses de forces intellectuelles, à des contractions morales si multipliées, ils opposent non pas le plaisir, il est trop pâle et ne produit aucun contraste, mais la débauche, débauche secrète, effrayante, car ils peuvent disposer de tout, et font la morale à la société. Leur stupidité réelle se cache sous une science spéciale.»

Histoire des TreizeHonoré de Balzac. Éditions Garnier frères (1955)

samedi 9 décembre 2023

Les apéritifs de la rue du cimetière (1) : Banlieue

Dans mon quartier d´banlieue
Y´avait d´l´action en torrieu, quand on était morveux
On jouait à´cachette su´é terrains des voisins
J´restais caché pas mal longtemps
Dans haie avec la p´tite Chartrand

Quand y faisait pas beau
Y´avait l´sous-sol à Guilbeault, on allait jouer au Coleco
Les p´tits gars on capotait su´é G.I. Joe´s
Pis sur la sœur à Lavallée, parce qu´elle en avait des gros

Et quand l´soleil sortait d´derrière les nuages
Ça s´animait partout dans le voisinage
On entendait les slap-shots su´é portes de garages
Pis gueuler la mère à Lepage

L´quartier s´est dispersé
On a vieilli on s´est fait des nouveaux amis
Y´a eu les premières blondes mais c´tait pas trop "steady"
C´est Dédé qui a été l´premier à avoir son permis

Dans son Volkswagen
On écoutait du Led Zeppelin
Avec toute not´vie en avant
Mais par un esti d´soir vers la fin du printemps
Après un party Dédé s´est tué
Y s´est endormi au volant

J´va toujours me rappeler de c´te soirée-là
Les Canadiens venaient d´gagner la coupe Stanley
Après sa mort on est tous´tombés ben bas
J´ai lâché l´Cégep en janvier


T´es arrivée au bon moment
T´es sortie d´nowhere
Un peu comme une fleur qui pousse dans l´ciment
En d´ssous des spots oranges du parc Champigny
C´est là que pour la première fois on s´est donné un gros bi

J´pense que c´était le plus beau jour de ma vie
Après ça j´t´ai payé l´lunch au Kentucky
J´suis allé te r´conduire avec le torse bombé
Maudit qu´c´soir-là j´ai ben dormi

Y a eu des bons moments
Mais l´bonheur ça a ben l´air que ça dure rien qu´un temps
Parce qu´une fois quand j´me suis pointé chez toi
Chu r´venu comme un boxeur qui v´nait d´manger une volée

Assis su´a table à pique-nique
Tu m´as dit qu´t´en avais assez, qu´t´avais même un nouveau kick
Chu parti en marchant sans me r´tourner
Dans ton driveway j´me suis r´tenu pour pas partir à brailler

C´est comme si t´avais pris une paire de cutters
Pis qu´t´avais coupé le cordon de mon cœur
J´me suis dévasté pendant une coupl´ de s´maines
Faut ben qu´un gars ravale sa peine

L´automne est r´venu par la porte d´en arrière
Dans ma banlieue la nuit est belle pis y´a d´l´espoir
La pleine lune reflète pareil comme un miroir
Sur l´eau des piscines hors-terre

Les cowboys fringants

dimanche 3 décembre 2023

Visionnage domestique toulousain (163) avec Louloute

Vous n'avez encore rien vu. Alain Resnais (2012)

«L'amour et la passion sont deux différents états de l'âme que poètes et gens du monde, philosophes et niais confondent continuellement. L'amour comporte une mutualité de sentiments, une certitude de jouissances que rien n'altère, et un trop constant échange de plaisirs, une trop complète adhérence entre les coeurs pour ne pas exclure la jalousie. La possession est alors un moyen pas un but ; une infidélité fait souffrir, mais ne détache pas ; l'âme n'est ni plus ni moins ardente ou troublée, elle est incessamment heureuse ; enfin le désir étendu par un souffle divin d'un bout à l'autre sur l'immensité du temps nous le teint d'une même couleur : la vie est bleue comme l'est un ciel pur. La passion est le pressentiment de l'amour et de son infini auquel aspirent toutes les âmes souffrantes. La passion est un espoir qui peut être trompé. Passion signifie à la fois souffrance et transition ; la passion cesse quand l'espérance est morte. Hommes et femmes peuvent, sans se déshonorer, concevoir plusieurs passions ; il est si naturel de s'élancer vers le bonheur ! mais il n'est dans sa vie qu'un seul amour.»

Histoire des TreizeHonoré de Balzac. Éditions Garnier frères (1955)

samedi 2 décembre 2023

PBF 2023.19 : Elle est bien jolie madame Lubin !

Mercredi 6 décembre 2023  à 19H, nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque avec une nouvelle chronique autour de lectures du XIXe siècle. Après Léon Bloy, retrouvons Armand Silvestre et son monde chatoyant autour des rapports hommes / femmes et autour de la modernité du tournant du siècle XIXe / XXe.

Cette émission a été enregistrée et montée au studio de RadioRadioToulouse et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud.

Programmation musicale :
1) In the quiet morning (for Janis) (Mimi Farina et Tom Jans)
2) Sento in seno tiré de l'opéra Tieteberga (Antonio Vivaldi) Concert de l'Hostel-Dieu
3) Les blondes (Dominique Sylvestre)
4) Face to face (Shakti)
5) Gambades (Erik Satie) Alexandre Tharaud
6) La statue retrouvée (Erik Satie) Alexandre Tharaud / David Guerrier
7) Close to you (Vincent Peirani / Serena Fisseau)
8) Graduation march (Elisabeth Cotten)
9) Baldamore (Hadouk trio)
10) L'hymne à la moue (Rodeo)

+ lecture de la nouvelle Statistiques d'Armand Silvestre par deux de ses descendantes

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Et pendant ce temps inversé-là (14)


 

Musique à Toulouse (4) Opéra du Capitole



Boris Godounov. Modest Moussorsky


Boris Godounov toujours nouveau et actuel par Olivier Py à Toulouse

L’Opéra National du Capitole de Toulouse continue sa saison avec une nouvelle production du Boris Godounov de Moussorgski (première version) dans une mise en scène d’Olivier Py. L’Orchestre résident est dirigé par Andris Poga, et Alexander Roslavets assure le rôle-titre (en remplacement de Matthias Goerne) :
Cette nouvelle production trouve un écho particulier (et particulièrement assumé par le metteur en scène) alors que les relations complexes entre le peuple russe, ses notables et son pouvoir, sujet principal de l’œuvre, sont au cœur de l’actualité.

Olivier Py a bien sûr choisi d’ouvrir ce filon en insistant sur le caractère presque continuel des luttes de pouvoir en Russie sans que le fossé entre ce dernier et le peuple ne se referme jamais. Les costumes d’époque encadrés des murs palatins dorés alternent ainsi avec les bâtiments de bétons gris de l’époque communiste, un vaste bureau ovale tout en marbre blanc ou encore les bâtiments cubiques gris éventrés où se trouve le peuple quand il n’est pas simplement dans la rue. Un mélange d’époques pour souligner l’intemporalité de la problématique de l’œuvre qui va même jusqu’à une large affiche contrastant gris et doré montrant Poutine et Staline se saluant au cinquième tableau. Ils sont tous les deux d’ailleurs auréolés, ce qui souligne une autre thématique mineure de l’œuvre que sont les liens politiquement incestueux entre religion et pouvoir (notamment par le patriarche qui soutient Boris versus le pape qui soutient l’usurpateur).
La mise en place des chanteurs et des choristes est efficace de même que leurs déplacements ce qui rend la pièce dynamique et garde le public en haleine en maintenant le rythme. Les décors dessinés par Pierre-André Weitz sont impressionnants par leur volume. Si certains sont particulièrement marquants (les scènes de palais notamment), l’aspect fonctionnel a souvent été privilégié sur la finition (les fenêtres des bâtiments, comme le lustre géant font parfois un peu plastique par exemple). Cette fonctionnalité permet une importante mobilité de l’ensemble des structures qui permet les changements de tableaux dans une parfaite fluidité et affirme quelques coups de théâtre comme la loge du patriarche s’avançant rapidement sur scène et déployant ses escaliers pour annoncer que Godounov a accepté d’être couronné. Cette adaptabilité du plateau permet aussi l’absence d’entracte pour un drame plus impactant d’une seule traite. Il ne faudrait cependant pas plus de déplacements au risque de tomber dans les actions parasites.
La mise en scène souligne fortement le décalage entre le peuple vêtu de couleurs sombres dans un environnement gris et souvent encadré par des militaires, et la noblesse pour laquelle les couleurs dorées sont prépondérantes. Boris ne se rend d’ailleurs pas vraiment devant la foule pour fêter son couronnement mais plutôt devant une sélection de notables placés dans des chasses dorées au mur du palais. Ce contraste est aussi particulièrement accompagné par les éclairages de Bertrand Killy qui opposent le blanc le plus froid quasiment agressif pour le peuple, à la chaleur d’un jaune cuivré pour la noblesse. La perpétuation du pouvoir par le crime et l’usurpation s’affirme jusqu’au finale de la pièce. Une fois Boris Godounov mort sous le poids du remords et de la culpabilité, l’imposteur Grigori se couronne mais la vie de ce dernier est déjà menacée par une silhouette dans l’ombre pointant un revolver.
Remplaçant Matthias Goerne initialement prévu pour une prise du rôle-titre (mais toujours programmé pour la reprise de cette production dans trois mois au TCE), Alexander Roslavets se montre endurant en Boris qu’il interprète de façon homogène du début à la fin. Le jeu est plutôt convaincu et les accents de la voix s’adaptent aux tourments du personnage. Il se montre poignant dans les scènes d’introspection et de remise en question, jouant parfaitement avec les limites de la raison que frôle le personnage. Sa voix révèle un soupçon de métal et relativement peu d’aspérités pour une basse, elle pénètre le public par son timbre stable et profond. D'autant que le chanteur la module avec une relative parcimonie ce qui permet l'ancrage des mots dans la solidité de la ligne de chant.
Le rôle du vieux moine Pimène semble taillé pour Roberto Scandiuzzi dont la voix puissante de basse profonde englobe l’ensemble de la salle. La stature de sa voix ouverte et pleine comme de sa présence renforce l’importance du personnage. Il insiste d’ailleurs sur chaque mot de ses interventions les couvrant tantôt de mystère, d’inquiétude ou encore de vérité.
Airam Hernandez montre sa polyvalence en abordant le répertoire russe. Son Grigori bien que suffisamment puissant possède un timbre léger et fluide. La continuité mélodique est assurée avec agilité.
Le baryton Mikhail Timoshenko chante Andreï Chtchelkalov (le clerc du conseil boyard). La voix avec un léger grain s’affirme et se réchauffe au fil de la représentation. Par son jeu, il mène efficacement le conseil des boyards au début du dernier tableau.
Victoire Bunel assure le rôle travesti de Fiodor, le jeune fils de Boris Godounov. Conformément au personnage qui ne se prête pas à de grandes démonstrations, la voix est régulière et assez lisse. Elle assume dans son jeu la simplicité du caractère.
Lila Dufy joue Xénia, la fille de Boris Godounov. Le timbre de soprano est plutôt chaud et se déploie avec fluidité dans la mélodie du chant. En revanche l’articulation fait quelque peu défaut et les syllabes tendent à se mélanger assez indistinctement.
Sulkhan Jaiani incarne l’officier de police Nikititch. La vigueur et la force de sa première intervention contribuent à lancer l’énergie du plateau et à immerger le public dans celle-ci. La voix est claire et profonde.
Yuri Kissin aborde le répertoire de la basse bouffe avec le moine ivre Varlaam. Il dévoile son espièglerie. Sa voix n’en demeure pas moins précise et affirmée. Son camarade Missail incarné par Fabien Hyon est légèrement effacé à côté tant vocalement que scéniquement.
Les ambivalences du Prince Vassili Chouiski se retrouvent dans l’interprétation qu’en fait Marius Brenciu malgré une acidité sur quelques aigus. Sarah Laulan montre une excellente présence en aubergiste. Si le rôle ne lui accorde que peu de répliques, la mise en scène lui donne une importance particulière avec un costume à sequin et un maquillage forcé. Elle se rue lascivement sur Grigori à la limite de l’agression.
L’innocent de Kristofer Lundin assume également la portée de son personnage qui ne doit pas être des plus simples à jouer et se retrouve assez mis en avant tout au long de pièce. La voix passe bien l’orchestre mais est quelque peu fermée.
Svetlana Lifar donne toute son empathie au personnage de la nourrice y compris dans le ton doux et chaud de la voix. Barnaby Rea s’affirme en Mitioukha, la voix est forte et présente un grain élégant. Enfin Hun Kim incarne un boyard avec une voix fluette mais stable
Personnage central de pièce, le peuple comme les différents groupes spécifiques sont incarnés avec éclat par le Chœur de l’Opéra National du Capitole. Il relève efficacement le défi de cumuler la puissance des denses masses vocales écrites par Moussorgski à la précision rigoureuse de chaque pupitre qui leur permet notamment de s’identifier séquentiellement dans les motifs et les questions/réponses. Ils sont clairs et articulés. Le placement des choristes à 360° dans la salle permet aussi le renforcement des possibilités chorales en jouant sur la distance ou l’orientation des sons.
L’Orchestre national du Capitole dirigé par Andris Poga est par contre souvent approximatif et les phrasés fuyants. Les tempi rapides sont souvent aléatoires ce qui rend l’unité de l’ensemble difficile. Le manque de coordination des pupitres peine à faire ressortir une bonne partie des couleurs de la partition de Moussorgski. La vitesse précipitée permet de renforcer la dynamique voulue par la mise en scène mais conduit souvent à négliger certains motifs et limite le développement du phrasé instrumental. La plupart des effets sont volontairement gommés comme les violents appels de cuivres écrits pour renforcer musicalement la douleur de l’errance du peuple dans le prologue qui ici ne dépassent pas le reste de l’orchestre, ou encore les accents de violons qui là encore se fondent la masse. A contrario quelques passages puissants et travaillés sont tout de même notables tels que la scène du couronnement de Boris où chatoient les imposantes sonorités des cloches, bien amenées et suivies par le reste de l’orchestre.
L’Opéra du Capitole montre donc une production particulièrement fluide et en une traite de Boris Godounov avec une énergie constante à un niveau élevé du début à la fin. La mise en scène exploitant assez facilement mais plutôt habilement les thèmes de la pièce, l’inscrit plus globalement dans diverses époques au fil des mouvements semblant aussi perpétuels qu’intemporels de l’histoire de la Russie et de son rapport particulier au pouvoir. Si aucun air ou scène n’est applaudi pendant la pièce, le public applaudit de façon nourrie à sa fin et les artistes s’avancent pour saluer à plusieurs reprises.

26/11/2023 Julien Delhom (https://www.olyrix.com)






Musique à Toulouse (3) Cantates sans filet

Cantate Bwv 106. Jean-Sébastien Bach. Ensemble baroque de Toulouse. Michel Brun

Et pendant ce temps inversé-là (13)


 

Quelques Éléments supplémentaires de la Société du Spectacle (66)

«CE qu'ON appelle. encore virilité n'est plus que l'infantilisme des hommes, et féminité celui des femmes. Au reste, peut-être devrait-on parler de virilisme et de "féminisme", quand se mêle à l'acquisition d'une identité tant de volontarisme.»

Premiers matériaux pour la théorie de la jeune-FilleTiqqun. Mille et une nuit. (2001)

photographie : Eva Green. Into the light

vendredi 1 décembre 2023

Résonances contemporaines (26)

Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut surtout pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes archaïques comme celles d’Hitler sont nettement dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif en réduisant de manière drastique le niveau et la qualité de l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle.
Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations matérielles, médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste... que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif.
Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements abrutissant, flattant toujours l’émotionnel, l’instinctif.
On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon avec un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de s'interroger, penser, réfléchir.
On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme anesthésiant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité, de la consommation deviennent le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté

L’obsolescence de l’homme : sur l'âme à l'époque de la deuxième révolution industrielle. Günther Anders. Édition Ivréa (1956)