mardi 29 décembre 2020

«Au milieu des enfants, de cette jeunesse promise à la déchéance proche, un peu de feu aux joues, Françoise courait. Elle versait l'orangeade et le muscat, proposait des rondes et des petits jeux, offrait les fruits et les sandwiches, et personne mieux qu'elle sans doute ne sentait l'éphémère beauté de cette soirée. Où seraient-ils l'an prochain, ceux que le hasard réunissait ? Où serait-elle elle-même ? Elle était de beaucoup l'aînée au milieu de ces enfants et de ces jeunes gens et par une grâce toujours révocable, ils ne le lui faisaient pas savoir. Elle était aussi leste, aussi souple que jadis, mais pourquoi devait-elle penser que d'ici peu, tout ce trésor de fables s'évanouissait, et qu'elle avait sans doute peu de temps pour en jouir ? Alors elle se précipitait vers la danse, le chant et la musique, vers les puérilités les plus marques, comme pour arrêter le temps fuyant.»

Comme le temps passe... Robert Brasillach. Plon (1937)
«Elle m'a dit plus tard avoir senti disparaître en elle le plaisir du jeu, de façon très précise, et y avoir goûté une mélancolie affreuse, non sans secrète volupté. Elle se demanda longtemps, sans que personne lui trouvât de réponse, pourquoi toutes les petites filles, à un moment donné, cessent de jouer à la poupée. Sous une apparence puérile, la question est beaucoup plus grave qu'on ne le suppose, et surtout plus vaste. Il ne suffit pas d'invoquer les transformations de la puberté car ce n'est guère qu'un mot qui n'explique pas pourquoi tout un monde imaginaire disparaît, et pourquoi après une habitude qui remonte parfaois à de nombreuses années, la porcelaine et le bois et le carton ne sont plus capables de devenir des êtres humains, alors que le papier imprimé par exemple, les livres, continuent à servir aussi aisément de support à notre imagination.»

Comme le temps passe... Robert Brasillach. Plon (1937)

Fin du monde ? Évolution

«L'amour consiste en des images qui obsèdent l'esprit. S'ajoute à ces visions irrésistibles une conversation inépuisable qui s'adresse à un seul être auquel tout ce qu'on vit est dédié. Cet être peut être vivant ou mort. Son signalement est donné dans les rêves car dans les rêves ni la volonté ni l'intérêt ne règnent. Or, les rêves, ce sont des images. Même, d'une façon plus précise, les rêves sont à la fois les pères et les maîtres des images. Je suis une homme que les images attaquent. Je fais des images qui sortent de la nuit. J'étais voué à un amour ancien dont la chair ne s'est pas évanoui dans la réalité mais dont la vision n'a plus été possible parce que l'usage en a été accordé à un plus bel échantillon. Il n'y a pas lieu d'épiloguer davantage.»

Terrasse à Rome. Pascal Quignard. Gallimard (2000)

mardi 22 décembre 2020

Visionnage domestique parisien (67)

Si le vent te fait peur. Émile Degelin (1960)

 «A la même heure, dans la ville de France où Florence et René auraient dû vivre, chacun dans une famille différente d'ailleurs, d'autres petits enfants en tablier noir menaient la vie étouffée que l'on pouvait mener à la fin du XIXe siècle bourgeois. Grâce à cet isolement saugrenu, grâce à la complicité de plusieurs personnes, ils pouvaient goûter l'enfance dans ce qu'elle a de plus pur, comme une vie miraculeuse, l'enfance dans son domaine réel qui est le jardin.»

Comme le temps passe... Robert Brasillach. Plon (1937)

lundi 21 décembre 2020

PBF 2020.29 : Émeute de détails

 

Mercredi 23 décembre 2020 à 19H, nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque avec comme titre : Émeute de détails. Il s'agit probablement de la dernière émission réalisée à la maison sur Garageband et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud.


Programmation musicale :
1) Les Voix humaines (Marin Marais) Christian-Pierre La Marca
2) Hard to be alone (Tal Wilkenfeld)
3) ATM (Anemic)
4) Introduction de Sports et divertissement (Éric Satie) Aldo Ciccolini et Jeanne Moreau
5) Absences répétées (Jeanne Moreau) du film éponyme de Guy Gilles
6) California dreamin' (Mamas and Papas)
7) Yesterday (Beatles) Christian-Pierre La Marca
8) Cross crisis in lust form (Robert Fripp / Brian Eno)


Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF : https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/pbf-202029-emeute-de-d%C3%A9tails/


Allons-y gaiement et sans mollir !

photographie de Françoise Arnoul

lundi 14 décembre 2020

 «[...] tous les moyens sont bons, notamment celui de mélanger les arts, et de surexposer un message de mots à un discours de sons. On retrouve là l'éthique de Marcel Duchamp : se désapproprier l'expression psychologique, montrer une réalité qui n'a plus de sens ou qui en possède un autre, exorciser les démons de l'inconscient en les jetant à la figure du public, créer un autre temps de l'écoute, de la respiration, de la marche, de la vie. Satie va inventer une musique chorégraphique, qui réconcilie le corps et l'esprit et qui s'imprime en nous comme une fresque. Elle prend la forme tantôt d'une supplication enfantine avec une naïveté feinte, tantôt d'un trait d'esprit d'une violence stridente, tantôt d'une danse lente et blanche, désaffectivisée comme un souvenir lointain, enfoui dans une inscription intérieure immémoriale.»

Erik Satie. Jean-Pierre Armengaud. Fayard (2009)

mercredi 9 décembre 2020

«Lorsque je serai mort, toi qui as des yeux bleus couleur de ces petits coléoptères bleu de feu  des eaux, petite jeune fille que j’ai bien aimée et qui as l’air d’un iris dans les fleurs animées, 
tu viendras me prendre doucement par la main. Tu me mèneras sur ce petit chemin. Tu ne seras pas nue, mais, ô ma rose, ton col chaste fleurira dans ton corsage mauve. Nous ne nous baiserons même pas au front. Mais, la main dans la main, le long des fraîches ronces où la grise araignée file des arcs-en-ciel, nous ferons un silence aussi doux que du miel ; et, par moment, quand tu me sentiras plus triste, tu presseras plus fort sur ma main ta main fine -et, tous les deux, émus comme des lilas sous l’orage, nous ne comprendrons pas... nous ne comprendrons pas...» 

De l'angélus de l'aube à l'angélus du soir. Francis Jammes. Mercure de France (1898)

lundi 7 décembre 2020

PBF 2020.28 : Les masques ne suffisent pas, des baillons pour diminuer la cacophonie ambiante

Mercredi 9 décembre 2020 à 19H, nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque avec comme titre : LES MASQUES NE SUFFISENT PAS. Il s'agit de la quatrième émission du deuxième confinement réalisée à la maison sur Garageband et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud.

Programmation musicale :
1) Scène d'ouverture de Y-a-t-il un français dans la salle (Jean-Pierre Mocky / Frédéric Dard)
2) Nichts is gekommen, Altenberg Lieder n°4 (Alban Berg) Margaret Price, LSO dirigé par Claudio Abbado
3) Lento du concerto pour piano n°1 (Dmitri Schoskatovitch) Royal Concergebouw d'Amsterdam dirigé par Ricardo Chailly, piano Ronald Brautigam, trompette, Peter Masseurs 
4) Thème d'amour de Spartacus (Alex North) Yusef Lateef
5) San Francisco (Scott McKenzie)
6) Tall man is dead (Supernatural orchestra)
7) Beta (Aemic)
8) One thing to another (Tal Wilkenfeld)
+ Chronique de l'univers place Pinel : Comment voir la place Pinel ?

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF : https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/pbf-202028-les-masques-ne-suffisent-pas/

Allons-y gaiement et sans mollir !

samedi 5 décembre 2020

«Le temps passait. Le bonheur se raconte mal. Il s'use aussi, sans qu'on perçoive l'usure.»

Jules et Jim. Henri-Pierre Roché. Gallimard (1953)


«-Maman j'ai une poussière dans l'oeil, dit Adriana qui s'approchait.
- J'ai une poussière dans le coeur, dit Laurence.»

Les escaliers de Chambord. Pascal Quignard. Gallimard (1989)

jeudi 3 décembre 2020

Véritable périple flasque (pour un chien) : documentation 4

 «Striptease, peepshows, opium, absinthe et vin bon marché, prostituées pour tous les goûts et tous les budgets, telle est l'image gaie et visible d'un autre Paris, un Paris secret, qui persiste jusqu'à aujourd'hui dans la mémoire des visiteurs étrangers de la capitale française.»

Erik Satie. Allan M. Gillmor. The Mcmillan press (1988)

 «Il aimait les enfants, les fleurs coupées, le soleil, le nom amer des bières obscures, les vêtements chauds, les peintures sur bouton et les petites voitures. Il croyait qu'il demeurait une espèce de liaison entre les âmes des touts petits enfants qui hurlent et celles des hommes dont la crainte de la mort et le silence ont déjà commencé à figer les traits. Et ce pont exigu entre ces âges et ces nécessités si éloignés était l'objet de tous ses soins. C'était comme le déchet minuscule d'une passion qui avait été dévastatrice. Il avait l'impression que la préservation ou la restauration de ce pont miraculeux était le seul trésor de ce qu'on avait accoutumé d'appeler le destin.»

Les escaliers de Chambord. Pascal Quignard. Gallimard (1989)

mercredi 2 décembre 2020

Visionnage domestique parisien (64)

L'âge des illusions. István Szabó (1965) 

Quelques Éléments supplémentaires de la Société du Spectacle (30)

Françoise Arnoul dans L'épave (1949) de Willy Rozier 

«Ce qui se monnaie dans le coït, c'est l'estime de soi.»

Premiers matériaux pour la théorie de la jeune-Fille. Tiqqun. Mille et une nuit. (2001)

lundi 30 novembre 2020

Projet de couverture pour Polymères et concatémères


 

Visionnage domestique parisien (63)

 

Domicile conjugal. François Truffaut (1970)

PBF 2020.27 : J'ai toujours eu peur de la vie



Mercredi 2 décembre 2020 à 19H, nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque avec comme titre : J'AI TOUJOURS EU PEUR DE LA VIE. Le fil conducteur comme pour les deux émissions précédentes est un long morceau musical, une improvisation sur No Quarter de Led Zeppelin dont l'atmosphère réflexive me paraît en phase avec la situation actuelle. Il s'agit de la troisième émission du deuxième confinement réalisée à la maison sur Garageband et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud. 

Programmation musicale :
1) Les Berceaux (Gabriel Fauré) par Laurent Naouri et Frédéric Loiseau
2) Infant eyes (Wayne Shorter)
3) No quarter (Led Zeppelin) Earls count, Londres 1975
4) Three coins in the fountain (Andy McKay and the Metaphors)
5) Tasnif morgue Khoskan (Mohammadeza Shajarian)

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF : https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/pbf-202027-jai-toujours-eu-peur-de-la-vie/

dimanche 29 novembre 2020

«Ce qui est à portée lasse. Les plaies premiers élus dégoûtent en devenant réguliers et maniaques. Les parties du corps dédaignées réclament un regard que l’accoutumance des gestes et l’enracinement de la gêne ont peu à peu interdit. Une rêverie exagérée en naît et s’impatiente. On tombe dans une nostalgie vaine à l’endroit des réjouissances refusées. On éprouve une incoercible honte à faire état d’envies qu’on avait mises de côté avec réprobation autrefois. On est mécontent de la vie qu’on s’est faite, qu’on s’est mal faite. On tombe dans une sensualité de pulsent plus frustre dans les faits et de plus en plus imaginaire tant elle vient obséder en silence et en secret. Un corps qui n’est pas là vient protéger le désir, commande son accroissement, accompagne sa fin, survit à son épanchement. On s’endort dans son rêve.» 

L’occupation américaine. Pascal Quignard. Éditions du Seuil (1994)

samedi 28 novembre 2020

 «Mon Dieu ! se disait-il à lui-même, comme c'était singulier. Comme c'est atroce. C'est comme si j'étais guéri de l'amour. Plus rien ne se passionnera moi. Plus rien ne me bouleversera. Je sens que la souffrance en moi n'est plus près de me faire pousser un cri. J'ai l'impression que plus jamais je ne rencontrerai le don à l'état pur, l'émerveillement épouvanté quand on débouche du sexe d'une femme dans le premier instant de l'enfance. Je n'ai plus devant moi que le bonheur et le beauté. Comme c'est triste ! Plus jamais je n'aurai devant moi les quelques centimètres carrés du premier visage qu'on découvre.»

Les escaliers de Chambord. Pascal Quignard. Gallimard (1989)

Véritable périple flasque (pour un chien) : documentation 3

 «[...] il n'est pas d'oeuvre de Satie qui ne cherche à engendrer une illusion auditive : illusion de la répétition, illusion de la citation, illusion du faux et du vrai, illusion du figuratisme, illusion de la parole, illusion du geste ou du regard, illusion de la musique "peinte", illusion du hors-temps et de l'éternité.»

Erik Satie. Jean-Pierre Armengaud. Fayard (2009)

Visionnage domestique parisien (62)

Y-a-t-il un Français dans la salle ? Jean-Pierre Mocky (1982) 


Dialogue d'un père et sa fille, de monsieur Réglisson avec sa fille Noëlle :

- Oh ma fille. Ma petite fille. Tu étais encore un bébé hier. Tu criais dans la nuit. Je me levais. Je te changeais. Je talcais ton petit derrière et tout ça pour préparer ton cul à ce vieux saligaud. Dis ma fille, tu l’as pas laissé frotter son ventre contre le tien ? Hein ? Tu comprends ? Ça offense la nature mais les filles ça ne les intéresse pas que leur Papa les aime. Elles préfèrent les autres, les voleurs du dehors prêts à venir les prendre dans leur nid comme les bohémiens qui pillaient les poulaillers quand j’étais petit. Tu sais je le tuerais si je savais que tu ne le pleurais pas. Dis moi pourtant ça ne manque pas de jeunes autour de toi. 
- Papa il a besoin de moi. Un jeune ça n’a besoin que de lui. 
-Et moi ? Et moi Noëlle ? Je n’ai pas besoin de toi ? Je n’ai pas besoin de toi Noëlle ?

lundi 23 novembre 2020

PBF 2020.26 : L'écraseur à l'Hispano




Mercredi 25 novembre 2020 à 19H, nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque avec comme titre : L'ECRASEUR A L'HISPANO. Le fil conducteur serait la première leçon des ténèbres de François Couperin  dont l'atmosphère réflexive me paraît en phase avec la situation actuelle. Il s'agit de la deuxième émission du deuxième confinement réalisée à la maison sur Garageband et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud.

Programmation musicale :
1) Parallels (Yes)
2) Elle était belle (Albert Marcoeur)
3) Counterfeit (Tal Wilkenfeld)
4) 1ère leçon des ténéèbres (François Couperin) par le Concerto vocale et René Jacobs
5) Hallelujah (Léonard Cohen)
6) Seasons in the sun (Terry Jacks)
7) Stationnary traveller (Camel)


Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF : https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/pbf-202026-l%C3%A9craseur-%C3%A0-lhispano/

samedi 21 novembre 2020

59-Larmes continues

  «Quoi qu'il arrive désormais, la dernière étape de ma vie ne m'aura pas plus déçu que les autres. N'ayant jamais attendu de l'expérience qu'elle m'apportât la sagesse, je ne lui demande qu'un approfondissement de ma pitié, qu'elle creuse en moi assez avant pour que ne risque plus de se tarir la source des larmes.»

Les Grands cimetières sous la luneGeorges Bernanos. Le castor astral (2008)

jeudi 19 novembre 2020

 «Une part de cette beauté était dans les cheveux de Laurence, dans ses sourcils si enfantins, si minces, si doux -si soyeux plutôt que laineux- et si blonds. Dans la finesse de ses traits, la taille, la forme et la douceur de ses seins.»

Les escaliers de Chambord. Pascal Quignard. Gallimard (1989)

Hypocondrie : pour le grand R

 «Ce mal déploie tout particulièrement un souffle mélancolique autour du siège de l'âme, de sorte que le patient croit sentir en lui-même l'hallucination de presque toutes les maladies dont il entend seulement parler. Son sujet de conversation favori est son indisposition, il aime lire des livres médicaux, trouve partout son propre malheur. Pourtant en société sa bonne humeur revient insensiblement et dès lors il rit à plaisir, mange bien et a généralement l'apparence d'un homme en bonne santé.»

La vie sexuelle d'Emmanuel Kant. Jean-Baptiste Botul. Mille et une nuits (2000)

mercredi 18 novembre 2020

PBF 2020.25 : Deux artichauds de fer me regardent

Mercredi 18 novembre 2020 à 19H, nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque avec comme titre : DEUX ARTICHAUDS DE FER ME REGARDENT d'après un poème de De Chirico. Le fil conducteur pourrait être l'adagio du quintette à cordes de Franz Schubert qui me semblait dégager une atmosphère en phase avec la situation actuelle. Il s'agit de la première émission du deuxième confinement réalisée à la maison sur Garageband et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud. 

Programmation musicale :
1) Oh toi l'amour (France Darnell)
2) Histoire de roses (Robert Lamoureux)
3) Anos de soledad (Gerry Mulligan / Astor Piazzola)
4) Adagio du quintette à cordes (Franz Schubert) par le Quatuor Bela et Noémi Boutin
5) Tes yeux pour pleurer (Dominique Gaumont)
6) Hello spaceboy (David Bowie)
7) La Marizza (Therion)
8) Mu Je Tta (Uz Isme Doma)

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF :https://www.mixcloud.com/.../pbf-202025-deux-artichauds.../


samedi 14 novembre 2020

 «[...] il advint à Ivan Andréevitch une aventure encore décrite nulle part. Il reçut sur la tête -en bonne voie de dégarniture, comme nous l'avons déjà dit- bien autre chose qu'une affichette. J'avoue que j(ai honte de dire ce qu'il reçût sur le crâne, parce que, réellement, il est un peu honteux de dire que le chef respectable et dénudé -car en partie privé de ses cheveux- de l'homme jaloux et excédé qu'était Ivan Andréevitch fut le terrain de chute d'un objet aussi peu moral, par exemple qu'un billet doux tout parfumé. Du moins l'infortuné Ivan Andréevitch, absolument impréparé à cette circonstance aussi scandaleuse qu'imprévue, en fut-il pris d'un soubresaut si fort qu'on pouvait croire qu'il avait attrapé sur son chef une souris, voire quelque autre bête sauvage.»

La Femme d'un autre et le mari sous le lit. Fédor Dostoïevski. Actes sud (1994)

 «Ne se suicide pas qui veut. Je pense que la mort n'attire qu'un certain nombre de prédestinés chez qui le réflexe de l'épouvante me paraît jouer à contre-sens, par une bizarrerie vaguement analogue à certaines aberrations sexuelles. Je n'éprouve pas plus la tentation du suicide que celle du doute.»

Les Grands cimetières sous la lune. Georges Bernanos. Le castor astral (2008)

vendredi 13 novembre 2020

Charmes de la relecture (9) pour Evolution ?

 «L'amour consiste en des images qui obsèdent l'esprit. S'ajoute à ces visions irrésistibles une conversation inépuisable qui s'adresse à un seul être auquel tout ce qu'on vit est dédié. Cet être peut être vivant ou mort. Son signalement est donné dans les rêves car dans les rêves ni la volonté ni l'intérêt ne règnent. Or, les rêves, ce sont des images. Je suis un homme que les images attaquent. Je fais des images qui sortent de la nuit. J'étais voué à un amour ancien dont la chair ne s'est pas épanouie dans la réalité mais dont la vision n'a plus été possible parce que l'usage en a été accordé à un plus bel échantillon. Il n'y a pas lieu d'épiloguer davantage.»

Terrasse à Rome. Pascal Quignard. Editions Gallimard (2000)

jeudi 12 novembre 2020

Visionnage de confinement : deuxième acte (18)

 Le Grand amour. Pierre Etaix (1969)

«Hélas ! le dernier privilège du pauvre était de ne pas savoir lire ! On l'en a privé avec les autres, il n'est plus analphabète, il n'est plus maintenant qu'ignorant.»

Les Grands cimetières sous la lune. Georges Bernanos. Le castor astral (2008)

lundi 9 novembre 2020

Réminiscence personnelle (45)

«Je me délecte à l'avance de me taire.
Qui ne rêverait d'un silence retrouvé ? 
Beaucoup tournent autour de ce but dans le trouver sur les plages ou dans les sommets.
Ils se regroupent instinctivement en croyant faire de l'exercice alors que leur âme cherche le silence. Et ils ont le vague sentiment d'avoir par leur bête pratique, raté quelque chose…
Aux retours, dans les bouchons, ils sont amers comme le réveillé qui ne se souvient plus de ce rêve qu'il savait délicieux.»

Jean-Christophe Tournier (2020)

samedi 7 novembre 2020

Résonances contemporaines (24)

«Malheureusement le public aime les horreurs, et lorsqu'on veut parler à son âme, il est préférable de ne pas donner le jardin des Supplices pour cadre à cet entretien, sous peine de voir naître peu à peu, dans les yeux rêveurs, tout autre chose qu'un sentiment d'indignation, ou même qu'un sentiment tout court... Retirez les mains de vos poches, mes enfants !»

Les Grands cimetières sous la lune. Georges Bernanos. Le castor astral (2008)

mardi 3 novembre 2020

Visionnage de confinement : deuxième acte (17)

 

Une nuit très morale. Karoly Makk (1977)

«Il y a dans tout homme une énorme capacité de résignation, l'homme est naturellement résigné. C'est d'ailleurs pourquoi il dure. Car vous pensez bien qu'autrement l'animal logicien n'aurait pu supporter d'être le jouet des choses. Voilà des millénaires que le dernier d'entre eux se serait brisé la tête contre les murs de sa caverne, en reniant son âme. Les saints ne se résignent pas, du moins au sens où l'entend le monde. S'ils souffrent en silence les injustices dont s'émeuvent les médiocres, c'est pour mieux retourner contre l'Injustice, contre son visage d'airain, toutes les forces de leur grande âme.»

Les grands cimetières sous la lune. Georges Bernanos. Le castor astral (2008) 

Quelques Éléments supplémentaires de la Société du Spectacle (29)

 

«De même que l’organisation de la misère sociale a été rendue nécessaire  après 68 pour rendre à la marchandise son honneur perdu, de même la misère sexuelle est nécessaire au maintien de la tyrannie de la Jeune-Fille, de la monnaie vivante. Mais la misère qui se révèle là n'est plus rien de conjoncturel, c'est au contraire la misère essentielle de la "sexualité" qui apparaît enfin.»

Premiers matériaux pour la théorie de la jeune-Fille. Tiqqun. Mille et une nuit. (2001)

vendredi 30 octobre 2020

Éblouissement des prémisses (59)

«Jim fut présenté à son corps défendant, car il ne voulait pas connaître de nouveaux visages, à une jeune fille silencieuse, calme diaphane, bien qu'ayant les hanches de mère, et qui lui sembla dans l'ombre de la mort. Elle s'appelait Michèle.
Il la revit. Auprès d'elle il oubliait le conflit des deux autres. Il était dans la paix. Elle lui disait sa vie. Il lui disait la sienne. Les deux étaient accidentées, comme les lignes de leurs mains. Ils se montraient des photos de leur enfance.
Elle avait une bibliothèque pleine de gravures anciennes, parmi lesquelles elle le guidait.
Non, elle ne se mourrait pas d'une maladie, mais seulement de ce qu'elle n'avait pas trouvé le motif de vivre. Il vint souvent chez elle.»

Jules et Jim. Henri-Pierre Roché. Gallimard (1953)

Visionnage domestique parisien (58)


Trains étroitement surveillés. Jiri Menzel (1966)

Rire innocent
A l’époque de la réalisation de ce film, la Tchécoslovaquie vit une période de libéralisation politique, et le Printemps de Prague est une tentative visant à instaurer « le socialisme à visage humain » pour démocratiser un système totalitaire du régime communiste. Les premiers à critiquer la politique bolchevique sont les écrivains utilisant des chemins détournés pour éviter la censure. Bohumil Hrabal, l’écrivain de Trains étroitement surveillés, échappe à ces censeurs par la dérision avec un style unique et poétique de l’absurde et du grotesque. Le film de Jiří Menzel est la transposition de son univers.
Dans le contexte soviétique, on ne parle pas de la sexualité et de ses problèmes, les images de la nudité sont interdites (sauf celle de la peinture et encore), la modestie sexuelle est inscrite dans le manuel des bonnes manières (comme par exemple dans Les amours d’une blonde de Miloš Forman). Il n’est pas étonnant qu’avec l’ouverture des frontières, on assiste à la surenchère de l’érotisme et l’omniscience sur la sexologie. A l’époque de tout interdit, Trains étroitement surveillés témoigne d‘une vraie liberté d’expression même pour aujourd’hui. L’image est tellement crue et impudique en suggestion, sans être lubrique, qu’elle n’empêche pas le sourire, car c’est un film pour ceux qui savent « tout » mais qui ne veulent rien voir. L’érotisme du film est fort et omniprésent mais c’est l’humour qui nous empêche d’en jouir.
L’histoire du jeune Miloš Hrma, un apprenti cheminot, se déroule à la fin de la deuxième guerre mondiale, dans une petite gare tchèque par où passent des transports militaires à destination du front. Miloš Hrma est présenté comme un pantin devant la caméra. Il est un rien qui devient quelqu’un quand on lui apporte sa couronne (on dit en russe: « sans documents t’es rien et avec les documents t’es un humain ») – la casquette d’ouvrier de la gare, qui signifie un rang dans la société, car il a la garantie à vie d’un emploi où on passe du bon temps sans trop de travail. C’est un adolescent dans la peau déjà d’un adulte qui est un néophyte dans le monde d’adulte. Il en sait suffisamment : il faut travailler le moins possible – quand il raconte l’histoire de son grand-père et son père semble en être fier. Effectivement dans la bureaucratie soviétique, la valeur de travail tellement louée que la paresse est un défaut énorme et tout être sans emploi est considéré comme parasite de la société. Néanmoins ce n’est qu’une apparence : on désignait plusieurs personnes pour un seul poste. Il faut apprendre à ne rien faire sous apparence d’un gros travail.
La critique de Hrabal est tout à fait juste. On rit de nous même, c’est un miroir tourné envers nous. Le quotidien est montré en détail avec une telle simplicité qu’on y croit et c’est de là que vient notre rire : on s’y reconnaît, on s’imagine la situation, peut-être même qu’on a été le témoin d’une telle situation car c’est assez archétypique, l’initiation d’un jeune dans le monde des adultes, et celui des femmes.
L’humour de Menzel est acerbe, il puise sa source dans le réalisme jusqu’à l’absurde qu’il devient surréaliste et finalement se plonge dans une rêverie – on ne sait plus où est la limite entre le réel et le fantasmé : le wagon des infirmières ressemble au wagon des prostituées ; l’explosion de la maison de l’oncle de Máša avec l’oncle qui se réveille avec un rire hystérique. C’est une histoire des gens sans conscience, sans autocritique, ce sont les gens qui jouissent de la vie, ce qu’elle leur apporte – l’absence de jouissance est difficile à supporter. Voilà pourquoi le jeune homme a envie de se suicider, car « la vie est tellement compliquée » – tout ça parce qu’il n’arrive pas à faire l’amour à la fille qu’il aime, c’est là que la comédie tourne en tragédie, mais pas pour longtemps.
Ses valeurs personnelles du moi comptent plus que le bonheur de la collectivité – il se soucie de sa sexualité. Le personnage du Miloš est un instinctif. Il agit comme un animal qui suit son instinct adolescent en découvrant le monde. Les valeurs de volonté et maîtrise de soi lui sont étrangères, comme à tous les personnages d’ailleurs. Les valeurs militaires – mourir pour l’Allemagne, se battre pour l’avenir heureux leur semblent incompréhensibles. C’est pour ces raisons-là qu’on pose tous les « pourquoi » innocents au chef commandant nazi, c‘est pour ceci aussi que Hubička abandonne son poste quand le train des allemands entre en gare. D’ailleurs le commandant allemand appelle les tchèques « animaux bouffons ». C’est un monde hédoniste, qui n’est nullement condamné, au contraire il est sanctifié : après l’acte Hubička paraît avec une auréole simulée à l’écran. Le but de Miloš est de faire jouir une femme et quand c’est fait il devient un héros – la musique du film solennelle et victorieuse en témoigne.
Sans tomber dans le pathétique, Menzel décrit la solitude du jeune homme face à la découverte de la sexualité. L’histoire est racontée d’un point de vue assez pittoresque avec bien sûr des suggestions et des non-dits de l’auteur. C’est du non-dit de tradition, car comme j’avais déjà invoqué, on ne parle pas des rapports sexuels dans les pays des soviets – les rapports sexuels sont devinés, on ne les apprend pas à l’école, ni par les parents, mais plutôt par des ouï-dire, ce qui crée un mystère et rend l’acte encore plus monstrueux et repoussant (d’ailleurs dans le film on appelle le problème du jeune homme en appellation latine ejaculatio precox comme si on avait peur de le dire en tchèque).
On paraît seul à ne pas savoir ce que tout le monde sait et comme on ne veut pas paraître idiot on ne le demande pas. Une jolie métaphore : la femme du chef de la gare prétend ne pas savoir de quoi lui parle Miloš quand il lui évoque son problème alors qu’elle est en train de gaver une oie – allusion parfaite au phallus. L’être est très fort à ne pas voir les choses, on rit de quelque chose qu‘on sait obscène mais le rire détend, on se sent visé et critiqué, et le bannissement, l’interdit n’a plus de sens. Rire – on se libère du manque de puissance et on prend cette puissance-là en rigolant.
Les personnages du film sont de véritables antihéros, non antipathiques d’ailleurs. Le chef de la gare est ridiculisé depuis le début du film. Il est présenté avec une veste couverte d’excréments de pigeons, on voit des pièces non cousues de son nouvel uniforme jamais terminé – même à la fin du film lors d’une cérémonie officielle il porte sa veste habituelle. Ses ouvriers se moquent de lui en forniquant sur son précieux divan jusqu’à le déchirer; Miloš demande l’autorisation de coucher avec sa propre femme. C’est l’irrespect ultime, car le chef se doit de donner l’exemple, il inspire la peur et la considération.
Le personnage de la fille que sa mère amène partout dans les tribunaux est totalement exhibitionniste. Elle obéit à sa mère qui est beaucoup plus faible qu’elle-même et avoue avec une certaine jouissance que c’est un ouvrier de la gare qui a mit le tampon sur ses fesses. Sa mère est grotesque dans le rôle de sauveuse de l’honneur de sa fille, telle une petite vieille qui apporte une bûche au feu déjà grand d’une soi-disant sorcière. « Une sainte innocente ! ».
Le régime nazi ressemble bizarrement à celui des soviétique (on ne parle pas des juifs et leur extermination) : les actes de délations, l’aspiration d’accéder à la chefferie, l’appellation à la morale. Le pays semble être envahi par une épidémie de débauche. Le communisme doit fleurir et naître du ventre d’une vierge immaculée.
Absurde contradiction des élément suscite en nous un fou-rire – le chef de gare parle de Sodome et Gomorrhe alors qu’il aimerait bien être lui-même à la place de son employé en train de tripoter une fille, le militant nazi parle de honneur d’offrir son sang pour l’avenir heureux de son pays alors qu’il passe des heures à analyser la pauvre affaire du cachet sur les fesses d’une jeune fille et ne remarque même pas Miloš qui est en train de prendre l’explosif devant ses yeux.
Le délire débridé du film amène au cœur immédiat des sensations, au plus proche des gens, aux portes du bizarre qui s’entrouvrent dans le quotidien. L’histoire avance sans patauger en évolution avec chaque personnage, en montrant les failles d’un système stérile et déshumanisé.

Kinoscript 6 août 2015


Deux orbites ne se rencontrant qu'incidemment. Celle de l'occupation de la Tchéquie par les armées allemandes et celle personnelle du héros qui pense à l'amour puis à la flétrissure de l'éjaculation précoce.

mercredi 28 octobre 2020

Visionnage domestique parisien (57)

One + one (sympathy for the devil). Jean-Luc Godard (1968)

PBF 2020.24 : Les traiter en coussins dociles

Mercredi 28 octobre 2020 à 19H, nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque avec comme titre : Les traiter en coussins dociles correspondant à un lapsus de Sophie qui nous lit de nouveaux extraits de l'Ingénue libertine de Colette. La photographie de Sue Lyon est tiré du film de Gordon Douglas, Tony Rome
Cette émission est réalisée sur Protools et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud.

Programmation musicale :
1) Le mouton de Panurge (Georges Brassens)
2) Regarde moi (Nicolas Comment)
3) A la goutte d'or (Pigalle)
4) Omar 1er mouvement (Franco Donatoni) joué par Adelaïde Ferrière
5) Kvarteto canon (Adrian Démov)
6) Kinship (Yoran Herman trio)

+ Extraits de l'Ingénue libertine (1909) de Colette
- L'amant décevant de 20 ans 
- L'amant encourageant de 40 ans

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF :
https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/pbf-202024-les-traiter-en-coussins-dociles/

dimanche 25 octobre 2020

Éblouissement des prémisses (58)

 «C'est pourquoi les maladresses vestimentaires, les naïvetés, les indifférences ou tout simplement l'innocence des touristes, spécialement celles des pays où les regards des hommes ne les atteignent jamais directement, donnaient à Eusèbe toutes ses chances : shorts avec large dépassement de fesses et même de culottes ; couleurs de culottes sombres sous des étoffes claires et pas très opaques ; transparences à la lumière révélant quelque trésor de poils dorés sous des nylons diaphanement émergeant de jupes courtes ; transparences, d'essence si différente, par humidité, lors d'une surprise d'orage, grâce aux reliefs collant aux robes mouillées, effet de fraîcheur et de pluie sur les seins, soulèvements imprévisibles dus aux brises, aux tempêtes.»

La Belle Hortense. Jacques Roubaud. Seghers (1990)

Éblouissement des prémisses (57)

 «C'est une folle imprudence d'avoir déraciné les imbéciles, vérité qu'entrevoyait M. Maurice Barrès. Telle colonie d'imbéciles solidement fixée à son terroir natal, ainsi qu'un banc de moules au rocher, peut passer pour inoffensive et même fournir à l'État, à l'industrie un matériel précieux. L'imbécile est d'abord un être d'habitude et de parti pris. Arraché à son milieu il garde, entre ses deux valves étroitement closes, l'eau du lagon qui l'a nourri. Mais la vie moderne ne transporte pas seulement les imbéciles d'un lieu à l'autre, elle les brasse avec une sorte de fureur. La gigantesque machine, tournant à pleine puissance, les engouffre par milliers, les sème à travers le monde, au gré de ses énormes caprices. Aucune autre société que la nôtre n'a fait une si prodigieuse consommation de ces malheureux. [...] elle les dévore alors que leur coquille est encore molle, elle ne les laisse même pas mûrir. Elle sait parfaitement que, avec l'âge et le degré d'expérience dont il est capable, l'imbécile se fait une sagesse imbécile qui le rendrait coriace.»

Les Grands cimetières sous la lune. Georges Bernanos. Castor astral (2008)

mercredi 21 octobre 2020

Éblouissement des prémisses (56)

 Muriel à Claude
9 juin 1901

«Je crois que pour chaque femme a été créé un homme qui est son époux. Il peut exister plusieurs hommes avec lequel elle pourrait avoir une vie paisible, utile et même agréable. Mais il n'y en a qu'un qui soit l'époux parfait.
Il peut mourir, il peut ne jamais la rencontrer, il peut être marié à une autre. Alors il vaut mieux pour cette femme qu'elle ne se marie pas.

Il y a pour chaque homme une femme unique, créée pour lui, qui est sa femme.
Nous pensons ainsi, Anne et moi, depuis notre enfance.
Quant à moi, je ne marierai probablement pas, parce que j'ai devant moi une tâche que je remplirai mieux seule, mais si Dieu me faisait rencontrer mon homme, je l'épouserais.»

Deux anglaises et le continent. Henri Pierre Roché. Gallimard (1956)


Visionnage domestique parisien (56)

Deux Anglaises et le contingent. François Truffaut (1971) 

dimanche 11 octobre 2020

Revisionnage domestique parisien, pour Jean-Christophe

L'acrobate Jean-Daniel Pollet. (1976)

 «Il n'avait donc pas davantage entendu parler de cette subtile conception de "l'indulgence" qui s'étendait même à un sacrement, celui du mariage, lequel n'était nullement un bien positif comme les autres sacrements, mais simplement une défense contre le péché, accordé pour modérer la convoitise des sens et l'intempérance, de sorte que le principe ascétique, l'idéal de la chasteté, y était maintenu sans que l'on eût heurté la chair avec une rigueur peu diplomatique ?»

La Montagne magiqueThomas Mann. Arthème Fayard (1931)

Retour en arrière ?

 «Si tous les signes ne sont pas trompeurs, la scolastique va être réhabilitée à cet égard aussi, la procédure est déjà en train. Copernic sera battu par Ptolémée. La thèse héliocentrique se heurte de plus en plus à une résistance de l'esprit dont les entreprises mèneront sans doute au but. Il est probable que la science se verra contrainte par le philosophie à rendre à la terre toute la majesté que lui attribuait le dogme religieux.»

La Montagne magique. Thomas Mann. Arthème Fayard (1931)

PBF 2020.23 : Une pomme de pin est plus sympathique qu'un galuchat

Mercredi 14 octobre 2020 à 19H, nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque avec comme titre : Une pomme de pin est plus sympathique qu'un galuchat, imaginé au hasard d'une lecture. L'image du vieux berger ariégeois est de Jean Dieuzaide. Une émission à la fois poétique et électroacoustique.
Cette émission est réalisée à la maison sur Garageband et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud.

Programmation musicale :
1) Laissez-moi crier (Anne Sylvestre / Michèle Bernard)
2) Liquid mémoriam (The Oscillation)
3)Les Chants de Maldoror, Chant II dans une version mise en onde conçue et réalisée par Pierre Henry et diffusée sur France Musique en 1993
- extrait de la strophe 1 : Le funèbre entonnoir
- extraits des strophes  3-4   : Apparition d'un omnibus
- extrait de la strophe 7 : Dans un jardin
- extrait de la strophe 8 : Notes vibrantes et mélodieuses
- extrait de la strophe 9 : Le pou
4) Sonate n°118 (Padre Soler) joué par Lucio Matarazzo

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF : https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/pbf-202023-une-pomme-de-pin-est-plus-sympathique-quun-galuchat/


dimanche 4 octobre 2020

Les Petites amoureuses allemandes

 «Au surplus, sa passion amoureuse lui infligeait toutes les douleurs et lui procurait toutes les joies que cet état comporte partout et en toutes circonstances. La douleur est pénétrante ; elle comporte un élément dégradant comme toute souffrance, et répond à un tel ébranlement du système nerveux qu'elle coupe la respiration et peut arracher à un homme adulte des larmes amères. Pour rendre également justice aux joies, ajoutons que celles ci étaient nombreuses, et que, bien qu'elles eussent des motifs insignifiants, elles n'étaient pas moins vives que les souffrances.»

La Montagne magique. Thomas Mann. Arthème Fayard (1931)

 «Un long silence avait traversé la chambre d'hôpital. Comme elle l'avait fait toute sa vie, ma grand-mère avait pris une fois de plus sur elle. Elle n'avait point insisté.»

Une fin de vie volée. Magali Croset-Calisto. Le Bord de l'eau (2019)

samedi 3 octobre 2020

« ; en vérité c'est la musique toute entière qui est une fioriture, un détour, une exquise efflorescence de la vie ; c'est la musique tout entière qui est, comme les vocalises du rossignol, le luxueux et gracieux paralipomène* de l'existence pratique.»

La musique et l'ineffable. Vladimir Jankélévitch. Éditions du Seuil (1983)

* paralipomènes : sorte de supplément à l'ouvrage qui précède, par opposition à prolégomènes. Littré

«Voir jouer du jazz fut une illumination. Il avait déjà entendu cette musique mais la découverte improvisée quotidienne, vivante, fut pour Patrick une expérience si extraordinaire qu’elle lui parut incommunicable. Du moins ne parvint-il pas à l’exprimer à Marie-José. C’était l’exact contraire de la contention et de la prétention des concerts de musique classique qu’il avait pu entendre à Orléans. Patrick n’avait jamais imaginé que la musique pût être cela : une tristesse devenue corps ; un lien immédiat associant sur-le-champ ceux qui jouaient à ceux qui écoutaient comme s’ils formaient un seul corps ; une façon de respirer et de mouvoir tous les membres ; une possibilité de prendre au mot le hasard d’un instant et de le ressentir de la tête aux pieds ; une façon de vivre plus intense. 
Tous ceux qui écoutaient s’accordaient au même rythme immédiatement. Tous se perdaient dans l’autre. C’était une solidarité aussi subite que bouleversante. C’était un véritable lien social, sans discours, sans intérêt, comme une tribu des premiers âges. Chacun croyait retrouver un haut qui remontait à l’aube.» 

L’occupation américaine. Pascal Quignard. Éditions du Seuil (1994)

Quelques Éléments supplémentaires de la Société du Spectacle (28)

«L'exemple terrible, dans le passé, de quelques femmes libres a suffi à convaincre la domination de l'opportunité de conjurer toute liberté féminine.»

Premiers matériaux pour une théorie de la Jeune-Fille. Tiqqun. Mille et une nuits (2001)

mercredi 30 septembre 2020

«XVII
[...]
Les figures passées étaient mangées de lumière
Elle manquaient de mots qui sont garde-barrières.
Le dictionnaire précis, tous ces problèmes élude :
Les abstractions, silhouettes deviennent certitudes.»

Réflexions sur Pascin. Isidore Isou

lundi 28 septembre 2020

PBF 2020.22 : Les souvenirs d'enfance nous déchirent

Ce mercredi 30 septembre 2020 à 19H, nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque avec comme titre Les souvenirs d'enfance nous déchirent, d'après Mon enfance de Barbara.
Cette émission est réalisée sur Protools ressucité et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud.

Programmation musicale :
1) Jardin Monsouris (Annie Fratellini)
2) Senza (Gwendoline Absalon)
3) J'aimerai tant savoir (Cyril Mokaiesh)
4) Voices of Australia pour flûte et voix enregistrées (Sophie Lacaze) 
5) Death dance (John Fahey) 
6) The work of death (Lubos Fiser)
7) A vava inouva (Idir)
8) Truffaut tcha tcha tcha (Jean Constantin)
9) Highway holding me now (Samantha Fish)

+ Lectures par Juliette d'extraits de :
- Une bête au paradis (Cécile Coulon)
- Eveil d'une génération : Jean-Yves Debreuille de Nouria Rabeh
- Le comte de Toulouse endormi signé RM
- Indéterminé sur la mort du frère de l'auteur

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF : https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/pbf-202022-les-souvenirs-denfance-nous-déchirent/

Violente extraction de l’enfance

«Il la vit. Ce fut soudain. Soudain, il fut surpris d’avoir quitté l’enfance. Ce fut une découverte qui le prit de court : l’enfance était partie ; tous les liens s’étaient dénoués ; la fusion s’en était décomposée. Le temps s’était mis en marche sans qu’il s’en fût rendu compte. Toutes choses s’appauvrirent en un instant. Tout devint conscient. Tout devint distant. Tout devint langage. Tout devint mémoire. Tout devint passible du jugement. Tout se fit de plus en plus éloigné, surgissant à dix mille lieues de lui-même. 

D’un coup il avait quitté la maison du père. Le monde devint espace. Le temps se posa près de lui. Brusquement, les adorations, les jeux absorbants s’effacèrent sous la gomme des mots précis, des terreurs, dans la peur des ridicules, dans la contraction de l’angoisse. Père, mère -mais aussi condisciple, aussi amour d’enfance-, une espèce de niaiserie s’attacha soudain à eux et lui fit honte.» 

L’occupation américaine. Pascal Quignard. Éditions du Seuil (1994)

Visionnage parisien en salle (24) au Grand action

 

Un soupçon d'amour. Paul Vecchialli (2020)

mercredi 23 septembre 2020

Visionnage domestique parisien (54)

La nuit américaine. François Truffaut (1973) 

Visionnage toulousain en salle (23) à l'American cosmograph

 Antoinette et son âne. Caroline Vignal (2020)

 «Voilà pourquoi le charme est le pouvoir spécifique de la musique. Si la Beauté consiste dans la plénitude intemporelle, dans l'accomplissement et l'arrondissement de la forme, dans la perfection statique et l'excellence morphologique, le charme, lui, a quelque chose de nostalgique et de précaire, je ne sais quoi d'insuffisant et d'inachevé qui s'exalte par l'effet du temps. Le charme ne nous apporte pas la solution d'un problème, mais il est bien plutôt un état d'aporie infinie qui provoque en l'homme une féconde perplexité ; en cela il est plutôt ineffable qu'indicible.»

La musique et l'ineffable. Vladimir Jankélévitch. Éditions du Seuil (1983)

PBF 2020.21 : Pas assez de haine pour faire de la politique

Ce mercredi 23 septembre 2020 à 19H, nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque avec comme titre Pas assez de haine pour faire de la politique avec le jeune Claude Melki en illustration et une Chronique de l'univers, place Pinel.
Cette émission est toujours réalisée avec les moyens du bord et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud.

Programmation musicale :
1) Au bar des naufragés (Gilbert Lafaille)
2) Notre vie comme un western (Paris combo)
3) Une chanson qui s'attarde (Eric Guilleton)
4) Thayani (Myriam Makeba) 
5) L'allégresse (Cream) 
6) Woderschönes abtal (Frölich durch land)
7) Sardana del desamparats (Pascal Comelade)
8) Jockey (Bobby Lapointe)
9) Through hollow lands (Brian Eno)
10) A little green Rosetta (Franck Zappa)
11) My time is gone (Pussy warmers)

+ Chronique de l'univers, place Pinel : Faut-il vendre la place Pinel ?

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mercredi 16 septembre 2020

Éblouissement des prémisses (55)

«La musique, elle, est l'informulé, l'équivoque, l'irresponsable, l'indifférent. Peut-être allez-vous m'objecter qu'elle peut être claire, mais la nature aussi peut être claire, le ruisseau aussi peut être clair, et en quoi cela nous sert-il ? Ce n'est pas la clarté véritable, c'est une clarté rêveuse, qui ne signifie rien et n'engage à rien, une clarté sans conséquences et partant dangereuse, parce qu'elle vous entraîne à vous en contenter.... Laissez prendre à la musique une attitude magnanime. Bien. Elle enflammera nos sentiments. Mais il s'agit d'enflammer notre raison ! La musique semble être la mouvement lui-même, n'importe, je la soupçonne de quiétisme. Laissez-moi pousser ma thèse jusqu'à son extrême. J'ai contre la musique une antipathie d'ordre politique.»

La Montagne magique. Thomas Mann. Arthème Fayard (1931)

PBF 2020.20 : Fragment réorganisé d'impressions



Ce mercredi 16 septembre 2020 à 19H, nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque avec comme titre Fragment réorganisé d'impressions avec Claudia Cardinale et Michel Piccoli en illustration. Elle comprendra une lecture par Sophie d'extraits du livre méconnu de Colette, Ingénue libertine. Il s'agit de la reprise de Minne et les Égarements de Minne, écrits sous l'intigation de son mari, le fameux Willy, fondus en un volume. 
Cette émission est toujours réalisée avec les moyens du bord et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud.

Programmation musicale :
1) Rimes féminines (Juliette)
2) Les Plaines de Mandchourie (Illiya Alekseivitch Chartrow)
3) Quand la famille dort (Éric Guilleton)
4) Tales II et Tales IV (Goran Bregovic)
5) Un coeur sur les bras (Anne Sylvestre)
6) Je ne chante que l'amour (Annie Fratellini)
7) Bei miz bist du schon (Carling family)
 
+ lecture d'extraits d'Ingénue libertine de Colette :
- Journal de faits divers décrivant les exploits du Frisé
- Mine croit reconnaître le Frisé
- Appel du Frisé
- La fugue de Minne pour rejoindre le Frisé
- Mauvaises rencontres 
 
Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF : https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/pbf202020-fragments-r%C3%A9organis%C3%A9-dimpressions/
Allons-y gaiement et sans mollir !

mercredi 9 septembre 2020

Visionnage parisien en salle (22) au MK2 bibliothèque


Antoinette et son âne.Caroline Vignal (2020) 

PBF 2020.19 : Jean U. 30 ans d'expression radiophonique

Ce mercredi 9 septembre 2020 à 19H, nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque en hommage au 30 ans d'expression radiophonique de Jean U. A cette occasion, c'est lui qui a constitué la majeure partie du programme de l'émission. Elle est toujours réalisée avec les moyens du bord et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud. 

Programmation musicale :

1) The Legend of mother swan (The Hu)
2) Thunder road (Bruce Springsteen)
3) Four legs (Sister Iodine)
4) Tones2 (vs_price) 
5) Smile (Deity guns) 
6) Goodbye Mr Lawrence (Ryuichi Sakamoto)) 
7) Strictly genteel (Franck Zappa)
+ lecture d'extraits de Le bonheur des tristes (Luc Dietric), L'insurrection qui vient (Comité invisible) et Les esclaves (Roland Topor) lus par Lucie

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF : https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/httpswwwmixcloudcomradioradiotoulousepbf-202019-jean-u-30-ans-de-radio/

Allons-y gaiement et sans mollir !

 

dimanche 6 septembre 2020

Prolongement de la Jeune fille à l'écho de Jean Patin


Choisir le monde des garçons, celui de la hiérarchie d'une bande est incompatible avec celui, plus naturel, des filles. On peut manquer de courage en n'osant pas rendre sa robe à Vika devant la bande et en déborder en trouvant les symboles de chef de bande, deux crabes marqués jetés à la mer. Le courage n'est pas de même nature dans les deux cas.

Le monde de Vika tourne autour de son grand-père, chez qui elle passe ses vacances et qu'elle adore, de son père qui doit venir la chercher pour la rentrée, dont elle est la reine et de Romas, un jeune garçon esseulé qui sera sa grande déception transitoire. La bande de garçons n'a pas de réalité à ses yeux et ne sert que de révélateur de la personnalité de Romas.

Le monde Vika tourne aussi autour des cadeaux et des collections. Romas, ce sera les pierres, les timbres, les voitures. Et il est prêt à s'en séparer pour obtenir l'amitié de la jeune fille. Pour Vika, ce seront les inenfermables échos du paysage tourmenté des regs de Crimée. Trésor secret plus volatile que de les simples objets que Romas collectionne, mais qu'il est prêt à dévoiler, à disséminer aux quatre vents pour être accepté par la bande. Mais cela ne marche pas à chaque fois !
 Vika et Romas semblent rejouer le vieil mythe d'Écho et Narcisse. 
Le monde de Vika, dépendant des conditions météorologiques est impénétrable pour Romas et même pour le père de Vika. Seuls le chien du grand-père se rapproche de la connaissance de la nature de la jeune fille et sait déclencher l'écho. 
Les cadeaux du grand-père seront des coquillages extraits de la mer qui permettent d'entendre la poésie du monde des mers. 
Enfin, le cadeau donné par son père, une montre, l'ancre au temps, celui de la rentrée scolaire. Finie la robe à pois des vacances. Un petit uniforme et des chaussures à la place de pieds nus.
Le monde de la modernité cohabite avec celui de Vika. C'est le monde des camions, du bus, de la route, des arches en béton et la cabine téléphonique prodigue où Vika trouve un peu de réconfort après la trahison de Romas. Monde impersonnel de la ville.
Le monde de la bande est celui du jazz et du rock alors que celui de la jeune fille est celui du classique avec cor. Ces mondes ne sont pas miscibles. Romas en fera les frais !

Vika ne pardonne pas à Romas son chemin de croix, traverser nue les membres de la bande pour récupérer sa robe alors qu'il aurait pu la lui apporter. Elle grandira grâce à cette épreuve mais loin de Romas, qui regrettera, mais un peu tard, son absence de geste. Son impuissance à arrêter les camions qui emportent la jeune fille au cor est terrible et le laisse seul, à nouveau.