mercredi 26 décembre 2018

PBF 2018.38T : Noël flou (DirectLive du 26 décembre 2018)

Mercredi 26 décembre 2018 à 19H sur Radio-Radio, (hertzien Toulouse : 106.8 Mhz ou sur http://62.210.215.26:8000/xstream ) diffusion d'une nouvelle émission DirectLive de la Petite Boutique Fantasque, qui s'appelle logiquement : Noël flou...


Liste des morceaux diffusés : 

1) Feliz navidad (Wall of the earth)
2) Tangerine (Led Zeppelin)
3) Never let me down (David Jones)
4) Career opportunities (Clash)
5) A hard rain's gonna fall (Brian Ferry)
6) Avalon (Roxy Music)
7) Enjoy yourself (Spécials)
8) One step beyond (Madness)
9) Romeo and Juliet (ELP)
10) My babe (Clifton Chenier)
11) I can't quit (Rolling Stones)
12) Time is on my side (Rolling Stones)
13) Icare (Bad pigeons)
14) Peaches in regalia (Franck Zappa)

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y aura possibilité de rattrapage avec les podcasts:

http://radioradiopodcast.net/…/LA_PETITE_BOUTI…/podcasts.php

Et pendant ce temps-là (7)


dimanche 23 décembre 2018

«[...] le personnage de Don Juan me hante. Faux bon sujet, s'il en fut, car il n'est rien de moins tolérable à la scène que le brave de profession en matière de galanterie, que le matamore de chambre à coucher. Surtout s'il s'agit d'un vieux. Alors le spectacle tourne  l'horrible. L'exhibitionnisme sexuel des vieillards de la littérature est un trait particulier à notre époque.»

D'un bloc-notes à l'autre. François Mauriac. Bartillat (2004) 
«Le public, progressivement, s'effrite. La salle se vide. On repart avec des brides d'un récit, des bouts de textes lacérés. On critique cette forme-là qu'on ne reconnaît pas, qu'on ne comprend pas. Cet essai douteux qui tente de libérer la langue. On a peur de la folie. On a besoin de repères. S'aventurer en de nouveaux territoires créatifs, franchir effrontément les balises établies par les académiciens, ça relève de l'indécence puérile et ça n'a rien d'artistique !
Dans la salle, il ne reste qu'une dizaine de personnes. Claude et Muriel poursuivent un peu pour elles, beaucoup par fierté.»

La Femme qui fuit. Anaïs Barbeau-Lavalette. Éditions Marchand de feuilles (2015)
«Enfin saint Bernard, sentant la mort approcher, dit à ses frères : "Je vous laisse en héritage l'exemple de trois vertus que je me suis efforcé toute ma vie de pratiquer. J'ai toujours évité de scandaliser personne ; j'ai toujours eu moins de confiance en moi-même que dans les autres, et jamais je n'ai tiré vengeance de mes persécuteurs."»

La Légende dorée : Saint-Bernard. Jacques de Voragine. Éditions du Seuil (1998)
«Il en est du vulgaire comme des chiens : faute de connaître la cause de son mal, ils jettent sa rage sur l'instrument ; en sorte que l'instrument porte la peine d'un mal dont il n'est pas la cause principale.»

L'art de la prudence. Balthasar Graciàn. Rivages poche, petite bibliothèque (1994)
«Le bonheur -ce mot que déteste Emmanuel- n'est-ce pas comme cette lumière profuse sur laquelle glisse la petite barque ? Une lumière qui vous porte, vous soulève, vous soutient, sans qu'il soit besoin d'autres effort que de ce léger, léger battement de rames qui vous fait avancer. Mais à peine un instant saisie, la notion de bonheur se vide de contenu. On croit saisir une masse vers quoi se tendent les mains ; mais elles claquent soudain l'une contre l'autre dans le vide, n'ayant rien rencontré. Le bonheur n'est pas une masse mais un point. Il existe, mais sans occuper aucun espace. Les divers éléments qui semblent aujourd'hui le composer : lumière, amour, liberté, n'en constituent que les conditions. Il est sans poids et sans surface. On  ne vit pas en lui, c'est lui qui vit en nous. N'existe-t-il que comme sentiment de ce qui nous manque dans la tristesse ?»

Les reins et les coeurs. Paul-André Lesort. Éditions du Seuil (1964)
«Laissons cela, mais revenons à la France et considérons un peu notre système d'éducation et d'enseignement.
Je suis bien obligé de constater que ce système, ou plutôt ce qui en tient lieu, (car après tout, je ne sais pas si nous avons un système, ou si ce que nous avons peut se nommer système), je suis obligé de constater que notre enseignement participe de l'incertitude générale, du désordre de notre temps. Et même il reproduit si exactement cet état chaotique, cet état de confusion, d'incohérence si remarquable, qu'il suffirait d'observer nos programmes et nos objectifs d'études pour reconstituer l'état mental de notre époque et retrouver tous les traits de notre doute et de nos fluctuations sur toute valeur.»

Variété III, IV et V. Paul Valéry. Gallimard (1936-1944)
«Peut être, dis-je, le dialogue avec ce qui n'est pas l'homme : astres, brins d'herbe, ou grillons, est-il un puissant moyen de négliger la mort.»

Antimémoires. André Malraux. Gallimard (1972)
«La poésie qu'on croit l'expression brute du génie humain en est la décadence lamentable. Le roman est la possibilité d'éviter la poésie comme la peste. La poésie c'est l'ensemble des métastases historiques du genre narratif. La poésie "au début" n'existait pas, il n'y avait que l'épopée qui était un roman chanté, la poésie est l'affaiblissement de l'épopée. Le roman à intrigue solide lutte contre la menace de métastase poétique.»

Ultima necat I : journal intime 1978-1985. Philippe Muray. Les Belles Lettres (2015)
«J'interdis aux marchands de vanter trop leurs marchandises. Car ils se font vite pédagogues et t'enseignent comme but ce qui n'est par essence qu'un moyen, et te trompant ainsi sur la route à suivre les voilà bientôt qui te dégradent, car si leur musique est vulgaire ils te fabriquent pour la vendre une âme vulgaire.»

Citadelle. Antoine de Saint-ÉxuperyÉditions Gallimard (1959)

dimanche 16 décembre 2018

Visionnage parisien en salle (1)


Le Jeu de la pomme. Vera Chytilova (1976)

Résonances contemporaines (21)


«Si on ne veut pas vivre comme des chiens on ne peut qu'être égoïste de nos jours.»

Rashomon. Akira Kurosawa (1950)

PBF 2018.37P : Je cueille les sons échevelés à la mesure champêtre

Mercredi 19 décembre 2018 à 19H sur Radio-Radio, (hertzien Toulouse : 106.8 Mhz ou sur http://62.210.215.26:8000/xstream ) diffusion d'une nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque, sur le Canada français. Après les émissions des Muses galantes sur la Nouvelle France (en collaboration avec Pierre-André), les émissions le PBF sur Michel Brault, nous retournons chez nos cousins d'au-delà des océans avec une émission sur le manifeste du Refus Global. Ce manifeste emblématique du mouvement automatiste québécois a été signé en 1948 par un groupe d'artistes autour Paul-Émile Borduas. On retrouvera sa voix dans cette émission avec celle de Jean-Paul Riopelle autre signataire du Refus global. Geneviève de Mont-Saint-Hilaire au Québec introduira le mouvement et la personnalité de Borduas puis fera lecture du début du texte du Refus global

Liste des morceaux diffusés :

1) Notre sentier (Félix Leclerc)
2) I went to the market (Gilles Vigneault)
3) Bien vite c'est le jour de l'an (La Bolduc)
4) Ginette (Beau Dommage)
5) La Bitt à Tibi (Raoul Dugay)
6) Heureux d'un printemps (Paul Piché)


Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y aura possibilité de rattrapage avec les podcasts:

http://radioradiopodcast.net/…/LA_PETITE_BOUTI…/podcasts.php

dimanche 9 décembre 2018

«Le temps de grâce pour la poésie c'est l'adolescence. Les poètes qui me parlent encore, leur voix traverse les années, elle arrive du fond d'une chambre d'étudiant, elle emprunte l'inflexion étouffée et tendre des morts.
La poésie reste pour moi prisonnière de certaines formes, de certains rythmes hors lesquels ceux qu'on a inventés depuis sont comme de beaux vases poreux qui ne gardent rien. La poésie française s'est engagée chaque jour un peu plus dans un renoncement qui aboutit au silence. Pour moi, elle reste liée humblement à ce que j'ai touché et senti dans mon enfance provinciale et pastorale, à un bourdonnement d'essaim dans les lilas que je prenais à deux mains contre ma bouche. Elle est figurative, comme on dit aujourd'hui de la peinture qui ressemble à quelque chose.»

D'un bloc-notes à l'autre. François Mauriac. Bartillat (2004) 

dimanche 2 décembre 2018

151 : Penser aujourd'hui pour demain, et pour longtemps

«La plus grande prévoyance est d'avoir des heures pour elle. Il n'y a point de cas fortuits pour ceux qui prévoient ; ni de pas dangereux pour ce qui s'y attendent. Il ne faut pas attendre qu'on se noie pour penser au danger, il faut aller au-devant, et prévenir par une mûre considération tout ce qui peut arriver de pis. L'oreiller est une Sibylle muette. Dormir sur une chose à faire vaut mieux que d'être réveillé par une chose faite. Quelques-uns font, et puis pensent ; ce qui est plutôt chercher des excuses que des expédients. D'autres pensent ni devant, ni après. Toute la vie doit être à penser, pour ne se point égarer. La réflexion et la prévoyance donnent la commodité d'anticiper la vie.»

L'art de la prudence. Balthasar Graciàn. Rivages poche, petite bibliothèque (1994)
«Et il y eut un autre jour pluvieux où elle lui dit :
- Je vais passer un moment à Saint-Sulpice... je vais prier les images de Paris pour qu'elles me connaissent et me protègent.
Rodrigue trembla de la voir se perdre dans cette grosse église féroce, détraquée, semblable à un grand dépôt aqueux, à l'éléphantiasis d'une église qui, normale, et sans éléphantiasis, n'eut point paru aussi menaçante, n'eût point eu cet air de grand séjour bouffon et enfumé ; mais malgré toutes ses appréhensions, il la laissa aller.»

La Veuve blanche et noir. Ramon Gomez de la Serna. Éditions Ivrea (1995)
«Tu aimes faire de la route avec Achille parce qu'il te parle. Non : il te fait parler. Ce n'est pas tant ce que tu dis qui l'intéresse. Mais comment tu le dis.
Aussi te demande-t-il de décrire ce que tu vois. Il te fait recommencer jusqu'à ce que la phrase soit parfaite. Les meilleurs mots, le meilleur ordre, la meilleure diction. Jusqu'à ce que ta phrase brille. Même si tu décris quelque chose de sale.»

La Femme qui fuit. Anaïs Barbeau-Lavalette. Éditions Marchand de feuilles (2015)
«Un Allemand qui se rendait avec son fils à Toulouse au tombeau de Jacques en l'an 1020 s'arrêta en route dans la ville de Toulouse. L'hôte, chez qui ils logeaient enivra le père et cacha, dans son sac, un vase d'argent. Le lendemain, comme les pèlerins voulaient repartir, l'hôte les accusa de lui avoir volé un vase qui, en effet, fut retrouvé dans leur sac. Le magistrat devant qui ils furent conduits les condamna à remettre tout leur bien à l'hôte qu'ils avaient voulu dépouiller, et il ordonna, en outre, que l'un des deux eût à être pendu. Après un long conflit où le père voulait mourir pour son fils et le fils pour son père, ce fut le fils qui l'emporta. Il fut pendu, et le père, désolé, poursuivit son pèlerinage. Lorsqu'il revint à Toulouse, trente six jours après, il courut au gibet où pendait son fils, et commença à pousser des cris lamentables. Mais voilà que le fils, lui adressant la parole, lui dit : « Mon cher père, ne pleure pas, car rien de mauvais ne m'est arrivé, grâce à l'appui de Saint-Jacques qui m'a toujours nourri et soutenu ! » Ce qu'entendant, le père courut vers la ville ; et la foule détacha de la potence son fils, qui se trouva en parfaite santé ; et ce fut l'hôte qu'on pendit à sa place.»

La Légende dorée : Saint-Jacques Majeur. Jacques de Voragine. Éditions du Seuil (1998)
« En 1908, Remy de Gourmont me disait qu'en consacrant deux heures par jour à la lecture systématique, on épuiserait non seulement la Bibliothèque Nationale en moins de dix ans, mais encore qu'on aurait fait le tour de toutes les connaissances humaines, tellement les livres se répètent, les auteurs se copiant les uns les autres au point que des secteurs entiers de l'univers des imprimés sont inutiles et que des pans entiers du continent que forme cette immense bibliothèque avec ses millions et ses millions de volumes s'effondrent quand on y fait son trou avec l'entêtement et l'appétit d'un rat ou d'un ver intelligent !...

L'Homme foudroyé. Blaise Cendrars. Éditions Denoël (1945)
«Il n'y a aucune raison pour que la conversation s'arrête jamais. Chacun semble posséder son réservoir inépuisable de banalités, en ouvre et ferme le robinet et les jets se croisent en tous sens comme dans les bassins de Versailles les jours de grandes eaux. Tout le monde parle bruyamment, les enfants à voix suraiguë, les hommes comme s'ils haranguaient des foules, les femmes, comme si elles avaient deux cents gosses à dompter. C'est étourdissant, assourdissant.»

Les reins et les coeurs. Paul-André Lesort. Éditions du Seuil (1964)

Réminiscence personnelle (29)

«L'opéra m'apparaissait un chaos, un usage désordonné de parties lyriques, orchestrales, dramatiques, mimiques, plastiques, chorégraphiques, un spectacle, en somme, grossier, puisque rien ne commandait l'entrée en jeu et le contraste des puissances diverses, que rien n'en limitait l'action, et que le tout de l’œuvre était livré aux inspirations divergentes du librettiste, du musicien, du chorégraphe, du peintre des décors, du metteur en scène et des interprètes.»

Variété III, IV et V. Paul Valéry. Gallimard (1936-1944)
« Et ce système en est en grande partie responsable parce que, comme nous l'avons dit, à force d'obliger les jeunes à répéter comme des perroquets le plus grand nombre possibles de mots, sans jamais leur apprendre à les différencier autrement que par leur sonorité, comme si le sens qu'ils contiennent n'avait aucune importance, ce système d'éducation est arrivé peu à peu à faire perdre aux gens toute faculté de réfléchir sur la signification ou la portée des mots qu'ils disent ou qu'on leur dit.
Cette faculté s'étant atrophiée chez les gens, cependant que subsistait pour eux la nécessité de transmettre leurs pensées de manière plus ou moins exacte, ils se sont vus obligés, en dépit du nombre déjà illimité des mots des langues contemporaines, soit d'emprunter des mots à d'autres langues, soit d'en inventer sans cesse de nouveaux, et tout cela pour aboutir au résultat suivant : lorsqu'un homme contemporain veut exprimer une idée pour laquelle il dispose d'un grand nombre de mots apparemment adéquats et qu'à cette fin il choisit un mot que ses considérations mentales lui désignent comme le plus juste, il éprouve en même temps d'instinct un doute quant à la justesse de son choix, et redonne alors inconsciemment à ce mot le sens subjectif qu'il a toujours plus lui. »

Récits de Belzébuth à son petit-fils : critique objectivement impartiale de la vie des hommes. Georges Ivanovitch Gurdjieff. Stock + plus (1976)
«Je crois que notre relation la plus profonde avec l'art tourné autour de notre relation avec la mort. Mais c'est une relation secrète, une relation avec la mort.»

Antimémoires. André Malraux. Gallimard (1972)
«L'idée de recherche est la source de multiples égarements, elle a poussé l'artiste à des élucubrations purement mentales. Peut être est-ce la principale erreur de l'art moderne. L'art de recherche a empoisonné ceux qui n'ont pas compris tout ce qu'il y avait de positif et de décisif dans cet art, et ont essayé de peindre l'invisible, et par conséquent le non-pictural.»

Ultima necat I : journal intime 1978-1985. Philippe Muray. Les Belles Lettres (2015)
«Car seule est importante et peut nourrir des poèmes véritables la part de vie qui t'engage, qui engage ta faim et ta soif, le pain de tes enfants et la justice qui te sera ou non rendue. Sinon il n'est que jeu et caricature de la vie et caricature de la culture.»

Citadelle. Antoine de Saint-Éxupery. Gallimard (1959)

PBF 2018.36 P : Que jamais on ne sépare / Ceux qui s'aiment simplement


Mercredi 5 décembre 2018 à 19H sur Radio-Radio, (hertzien Toulouse : 106.8 Mhz ou sur http://62.210.215.26:8000/xstream ) nouvelle diffusion d'une émission de la Petite Boutique Fantasque, une émission qui introduit une nouvelle lectrice parisienne Sophie avec des extraits d'un livre bien oublié à présent : Des Reins et des cœurs de Paul-André Lesort (1947). Émission un peu tremblante comme l'image reflétée par la surface de l'eau, gorgée d'émotions simples, dans ce cas précis d'une mère très inquiète de la maladie de sa fille.

Liste des morceaux diffusés :

1) Black is the color (Joan Baez)
2) Méditation (Max Bruch)
3) Nocturne 2 (Francis Poulenc)
4) Improvisation 2 (Francis Poulenc)
5) Nocturne 4 (Francis Poulenc)
6) Prière (Darius Milhaud)
7) Surb, surb (Jan Garbarek / Hilliard ensemble)
8) Lazare et Cécile (Anne Sylvestre)

La photographie est de Nathalie Bagarry
Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y aura possibilité de rattrapage avec les podcasts:

http://radioradiopodcast.net/…/LA_PETITE_BOUTI…/podcasts.php