mardi 31 décembre 2019

PBF 2019.31T : Le froissement de coeur de sarcelle



Mercredi 1er janvier 2020 à 19H sur Radio-Radio, (en hertzien Toulouse : 106.8 Mhz ou sur https://www.radioradiotoulouse.net) première émission de la Petite Boutique Boutique Fantasque de l'année 2020 avec une liste de lecture adaptée à la période suivant les excès...


Liste de lecture 
1) Hot dog (Led Zeppelin)
2) Il était une fois dans le Sud-Ouest / Cacao Jim turbo (Monsieur Ferraille)
3) Voyage de Gurdjieff (Therion) 
4) Chanson d'un jour (Betty Boop) 
5) Bright side of the life (Monty Python) 
6) Mamayuto (extrait de Porco Rosso de Miyazaki)
7) Hallucination (Carlos Alomar)
8) Zwizz (extrait des Têtes à claques)
9) La Guidouille (Chanson plus)
10) La Fontaine profonde (Les Frères Jacques)
11) Down the river to pray (John Paul Jones)
12) La nuit je mens (Alain Bashung)

Allons-y gaiement et sans mollir !

samedi 28 décembre 2019

Éblouissement des prémisses (48) / Projet Poubelle (32)

«Formentor, comme la plage Saint-Vincent, était une belle caleta, une calanque comme on dit en Provence, avec un peu plus de sable fin qu'ailleurs, mêlé d'humus, mais aussi nue et aussi sauvage. Seuls quelques pêcheurs s'y abritaient, parfois, les nuits de grande pêche, ou bien les enfants y venaient, après un longue marche, se baigner, lorsqu'ils voulaient changer d'horizons, et quitter le port de Pollensa.»

Comme le temps passe... Robert Brasillach. Le Livre de poche (1963)

samedi 14 décembre 2019

Éblouissement des prémisses (48) : Pulchérie

«C'est une danseuse en eau dans un diamant d'air froid parmi tous les vieillards assemblés d'un sénat décrépit, c'est une blonde princesse en dentelles déchirées ivre des mûres bleues d'un roncier chevelu, c'est une langue de chair rouge dardée fièrement vers le corsage opulent des automnes, c'est un canon printanier qui tonne sous les fougères pour des jeux hilares de sèves crues et de graines au vent, c'est la reine de la prochaine saison. Déjà crépitent les fougères de l'an passé parmi le vert nouveau des jeunes pousses, et les vieillards s'effeuillent comme des renards pris dans la tempête, et les lois sont fanées, et les jeunes yeux s'ouvrent au soleil qui dore pour leur éblouissement la promise à qui je pense ; car il y a des visages tellement libres qu'ils sont comme des signaux joyeux au premier clairon du matin qui va naître.»

Les Heptamérides. André-Pieyre de Mandiargues. Gallimard (2009)
«Je me promène dans le parc, le parc est grand, il y a des biches dans le parc, il y a des arbres hauts, des chemins forestiers, il y a des bois, je marche dans les bois, le parc est grand, on peut traverser le parc en une seule fois, il y a une chèvre dans le parc, le parc n'a pas de limite, la limite du parc est à l'intérieur du parc, on n'a pas à aller dehors, on reste dans le parc, dehors est le parc, tout dehors se trouve dans le parc avec ses bois hauts, ses oiseaux, ses écureuils, des écureuils qui descendent des hauts troncs pour marcher quelques instants dans l'herbe puis qui remontent sur un tronc plus haut encore, je passe les bancs sur ma gauche je continue, je rentre dans les arbres, j'avance parmi les arbres, je suis dans le bois, je ne rencontrerai plus de bancs, j'irai voir les biches et la chèvre, j'irai voir les arbres qui recouvrent tout le sous-bois, qui se trouvent en hauteur, qui n'ont pas le temps d'encas, qui ont elle temps d'en haut, le temps de pousser, le temps de s'élever jusque dans les hauteurs, je me suis laissé sur un banc, puis je me suis relevé, j'ai laissé les bancs, je suis parti droit devant, comme pour traverser tout le parc d'un bout à l'autre, je n'ai pas vu la fin, le parc n'a pas de fin, on n'arrive jamais à la fin aux portes du parc, le parc n'a pas de portes, je vais toujours tout droit, je me promène, je me retrouverai à côté des bancs tout à l'heure quand j'aurai fini mon tour de promenade dans le parc, quand j'aurai fait un tour circulaire, en menant mon chemin en ligne droite, j'aurai fait un grand tour, je repasserai devant les bancs blancs qui 'attendent à mon passage, je reviendrai.»

Anachronismes. Christophe Tarkos. P.O.L. (2001)

vendredi 13 décembre 2019

«Tout acte matrimonial doit rester ouvert à la transmission de la vie.
Un acte conjugal, rendu volontairement infécond est intrinsèquement déshonnête.»

Humanae vitae. Encyclique de Saint-Paul VI (25 juillet 1968)
«Nous crevons d'asphyxie et d'intoxication rhétorique : il faut faire retour à un cinéma d'écriture simple. Inscrire sur le film les manifestations le mode de vie et d'être, le comportement du cosmos ; filmer froidement, documentairement, la caméra réduite au rôle de témoin, d'oeil. Et Cocteau a justement introduit la notion d'indiscrétion. Il faut se faire voyeur.»

Nous ne sommes plus innocents In Bulletin du ciné-club du Quartier latin (mars 1950) Jacques Rivette
«Le masque inexpressif que la musique se donne volontiers aujourd'hui recouvrait donc, sans doute le propos d'exprimer l'inexprimable à l'infini. La musique disait Debussy est faite pour l'inexprimable. Précisons toutefois : le mystère que la musique nous transmet n'est pas l'inexprimable fécond de la vie, de la liberté et de l'amour ; plus brièvement : le mystère musical n'est pas l'indicible, mais l'ineffable. C'est la nuit noire de la mort qui est l'indicible, mais parce qu'elle est ténèbres impénétrable et désespérant non-être, et parce qu'un mur infranchissable nous barre de son mystère : est indicible, à cet égard, ce dont il n'y a absolument rien à dire, et qui rend l'homme muet en accablant sa raison et en médusant son discours. Et l'ineffable, tout à l'inverse, est inexprimable parce qu'il y a sur lui infiniment, interminablement à dire [...]»

La Musique et l'ineffable. Vladimir Jankélévitch. Éditions du Seuil (1983)
«Je vis, ou, pour mieux dire, je subsiste douloureusement et miraculeusement ici, au Danemark, sans moyen de fuir, parmi des protestants incurables qu’aucune lumière n’a visité depuis bientôt quatre cent ans que leur nation s’est levée en masse et sans hésiter une seconde à la voix d’un sale moine, pour renier Jésus-Christ. L’affaiblissement de la raison, chez ces pauvres êtres, est un des prodiges les plus effrayants de la Justice. Pour ce qui est de leur ignorance, elle passe tout ce qu’on peut imaginer. Ils en sont à ne pouvoir former une idée générale et à vivre exclusivement sur des lieux communs séculaires qu’ils lèguent à leurs enfants comme des nouveautés. Des ténèbres sur des sépulcres.»

Belluaires et porchers. In Essais et pamphlets. Léon Bloy. Robert Laffont Bouquins (2017) p434

270 : Ne point condamner tout seul ce qui plaît à plusieurs

«Car il faut qu'il y ait quelque chose de bon, puisque tant de gens en sont contents ; et bien que cela ne s'explique point, on ne laisse pas d'en jouir. La singularité est toujours odieuse, et lorsqu'elle est mal fondée, elle est ridicule. Elle décriera plutôt la personne que l'objet, et par conséquent, on restera seul avec son mauvais goût. Que celui qui ne sait pas discerner le bon, cache son peu d'esprit, et ne se mêle pas de condamner à la volée ; car le mauvais goût naît ordinairement de l'ignorance. Ce que tout le monde dit est, ou veut être.»

L'art de la prudence. Balthasar Graciàn. Rivages poche, petite bibliothèque (1994)
«Mon esprit, occupé de certains sujets qu'il s'était donnés et dont il n'était pas aisé de se défaire en les épuisant, se trouvait s'être construit des cercles infernaux ; il repassait indéfiniment par les mêmes états de lumière et de ténèbres, de puissance et d'impuissances complémentaires.»

Variété III, IV et V. Paul Valéry. Gallimard (1936-1944)

mardi 10 décembre 2019

PBF 2019.30P : Anne Cayssac en Irlande... ou en Asie



Mercredi 11 décembre 2019 à 19H sur Radio-Radio, (en hertzien Toulouse : 106.8 Mhz ou sur https://www.radioradiotoulouse.net) nouvelle émission de la Petite Boutique Boutique Fantasque autour d'un entretien de Paul Léautaud par Robert Mallet (1950-1951). Il parle d'Appolinaire, Romain Rolland, la guerre de 1914, du Fléau, de son antipathie de la mer...
Liste de lecture 2019.30P : Anne Cayssac en Irlande... ou en Asie

1) Dolca acqua (Delirium)
2) Adagio tiré des trios sur des mélodies populaires irlandaises (Franck Martin) par le Schweizer klaviertrio
3) On va tous crever (Morice Benin) 
4) Josy (Henri Tachan) 
5) Chinese rocks (Johnny Thunders and the Heartbreakers) 
6) The Legend of mother swan (The Hu)

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF :
https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/la-petite-boutique-fantasque-anne-cayssac-en-irlande-ou-en-asie/

Allons-y gaiement et sans mollir !

image : Willy Ronis, Marché au Luberon

dimanche 8 décembre 2019

«Elle ne les écoutait plus. Elle s'écoutait... Quelque chose d'encore jamais éprouvé...la sensation d'être arrivée à la limite de sa vie. Non pas qu'elle se sentît mourir, mais au-delà de cette limite tout ne pouvait être que répétition. Courir après les mêmes choses, avoir les mêmes difficultés, espérer comme avant, et comme avant rester au même point. Bête comme un automate, dirait Christo. On tire un trait, total futur, conclusion : ce n'était pas possible de remettre ça, de continuer... Il n'y avait plus qu'à attendre comme chez le dentiste. On y passerait sur la chaise, c'est certain. Il n'y avait même rien de plus absolument certain.»

L'Âme. Elsa Triolet. Gallimard (1963)

Visionnage parisien en salle (17) : Gloria mundi à l'Escurial

Gloria mundi. Robert Guédiguian (2019)

samedi 7 décembre 2019

Cartel exposition Miró 2019

Peint dans l'atelier de la rue Blomet à un moment où Miró essaie de capter les hallucinations que la faim lui provoque, le carnaval d'Arlequin résume admirablement l'inventivité dont fait preuve l'artiste en 1924. Sur sa toile, Miró déploie des éléments qui vont faire partie de son vocabulaire : l'échelle -"celle de la fuite, de l'évasion, mais aussi de l'élévation", les insectes qui l'ayant toujours beaucoup intéressé, la sphère "représentation du globe terrestre", le chat qui ne quitte jamais l'atelier et le triangle noir, symbole de la Tour Eiffel.
«La nuit se fit comme un navire où Dieu renferme les homme sans capitaine.»

Citadelle. Antoine de Saint-Éxupéry. Gallimard (1959)
«Il n'y a rien de plus faux que cette opinion reçue aujourd'hui comme un article de foi que la psychanalyse a enrichi le roman, et que, grâce à Freud, il n'a cessé d'approfondir. Ce matin encore, mon jeune confrère Guy Dumur le répète après tant d'autres : "La psychanalyse a ouvert des portes nouvelles et permis des éclairages nouveaux qui ont agrandi le champ de la connaissance." Cela est vrai dans une certaine mesure et d'une certaine manière. Cela peut paraître évident, mais non au lecteur de Guerre et pax que je suis.»

D'un bloc-notes à l'autre. François Mauriac. Bartillat (2004) 

vendredi 6 décembre 2019

«Je veux, dit-il [Maurice Barrès], que l’on me considère comme un maître ou rien.
Mon choix est fait, je m’arrête volontiers à la seconde considération. En tant que rien, je ne lui marchanderai pas la louange. Il est difficile d’être rien du tout avec plus de perfection ou de profondeur, et de débobiner le néant avec plus de verve de pétulance.»

Belluaires et porchers. In Essais et pamphlets. Léon Bloy. Robert Laffont Bouquins (2017)