jeudi 3 avril 2014

«Aurore méritait bien son prénom. Ses longs cheveux bouclés d'un blond presque roux, sa peau dorée, ses yeux en amande, sa bouche charnue qui s'ouvrait  sans arrêt sur des dents étincelantes, faisaient d'elle la plus lumineuse des adolescentes. Consciente de l'admiration qu'elle suscitait, elle s'efforçait de charmer encore et encore plus. Gentiment, ouvertement en s'appliquant. Son père la couvait des yeux. A plusieurs reprises durant le repas, il avait sollicité son avis et elle l'avait donné avec un naturel déconcertant. Elle ne le regardait pas précisément, distribuait de façon équitable paroles et sourires. Mais tout ce qui émanait d'elle s'adressait à lui, réclamait son approbation. Au point qu'une conversation générale s'amenuisait vite jusqu'à devenir un duo. Aurore, lorsqu'elle s'en rendait compte -et cela ne tardait pas car rien autour de cette table n'échappait à sa perspicacité, se tournait alors vers les autres.»

Marimé. Anne Wiazemsky. Gallimard (1991)

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