dimanche 31 décembre 2023

«En bref, le paysan qui aspirait à son indépendance économique devait travailler une bonne dizaine d'hectares en année d'abondance, et sans doute le double en année défavorisée par la météorologie ou les maladies des céréales et du bétail. C'est dire que ni un simple manœuvrier ni un modeste haricotier ou même un très petit laboureur ne pouvait assurer de manière continue son indépendance économique. Les gros laboureurs, possesseurs de plus de vingt hectares (et naturellement les fermiers de seigneurie), moins du dixième du monde rural, étaient seuls assurés de nourrir confortablement leur famille en toutes circonstances. Ceux qui possédaient moins d'une dizaine d'hectares de terre ne pouvaient trouver dans leur production de quoi y parvenir : ils devaient acheter du blé, c'est-à-dire donner leur travail en échange.»

Le siècle de Louis XIV. Pierre Goubert. Éditions de Fallois (1996)

lundi 25 décembre 2023

Visionnage domestique toulousain (166) avec Caroline et Louloute

The Ruttles : all you need is cash. Eric Idle et Neil Innes (1978)

Visionnage domestique toulousain (165)

Blanca nieves. Pablo Berger (2012)

«Il se rencontre en l'homme qui vient de se gorger de plaisir une pente à l'oubli, je ne sais quelle ingratitude, un désir de liberté, une fantaisie d'aller se promener, une teinte de mépris, et peut-être de dégoût pour son idole, il se rencontre enfin d'inexplicables sentiments qui le rendent infâme et immonde.»

Histoire des TreizeHonoré de Balzac. Éditions Garnier frères (1955)

vendredi 22 décembre 2023

«En effet, les jeunes gens de Paris ne ressemblent aux jeunes gens d'aucune ville. Ils se divisent en deux classes : le jeune homme qui a quelques chose et le jeune homme qui n'a rien ; ou le jeune homme qui pense et celui qui dépense. Mais entendez-le bien, il ne s'agit ici que de ces indigènes qui mènent à Paris le train délicieux d'une vie élégante. Il existe bien quelques autres jeunes gens, mais ceux-là sont des enfants qui conçoivent très tard l'existence parisienne et en restent des dupes. Ils ne spéculent pas, ils étudient, ils piochent, disent les autres..»

Histoire des TreizeHonoré de Balzac. Éditions Garnier frères (1955)

lundi 18 décembre 2023

PBF 2023.20 : Le parapluie du réel inversé

Mercredi 20 décembre 2023  à 19H, nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque avec une nouvelle chronique de Marius Pinel, la quarante-deuxième. Que le temps passe vite !

Cette émission a été enregistrée et montée au studio de RadioRadioToulouse et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud.

Programmation musicale :
1) C'est la vie (Samarabalouf)
2) Encore une journée d'foutue (Jacques Higelin)
3) Santa's workshop (John Zorn)
4) Sur mon épaule (Les cowboys fringants)
5) Polka (Laurent Dehors)
6) Allegria (La foire aux chapeaux)
7) Iroise I Ar Mor (Benoît Menut) Emmanuelle Bertrand
8) Le secret (Arthur H.)
9) Reflex (Edouard Ferlet)
10) Malédiction (Alain Bashung)

+ Chronique de l'univers place Pinel n°42  :Le parapluie du réel inversé

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF :

Sus aux Philistins !

dimanche 17 décembre 2023

Résonances contemporaines (27)

«A toute heure, l'homme d'argent pèse les vivants, l'homme des contrats pèse les morts, l'homme de loi pèse la conscience. Obligés de parler sans cesse, tous remplacent l'idée par la parole, le sentiment par la phrase, et leur âme devient un larynx. Ils s'usent et se démoralisent. Ni le grand négociant, ni le juge, ni l'avocat ne conservent leur sens droit : ils ne sentent plus, ils appliquent les règles que faussent les espèces. Emportés par leur existence torrentueuse, ils ne sont ni époux, ni pères, ni amants ; ils glissent à la ramasse sur les choses de la vie, et vivent à toute heure, poussés par les affaires de la grande cité. Quand ils rentrent chez eux, ils sont requis d'aller au bal, à l'Opéra, dans les fêtes où ils vont se faire des clients, des connaissances, des protecteurs. Tous mangent démesurément, jouent, veillent, et leurs figures s'arrondissent, s'aplatissent, se rougissent. A de si terribles dépenses de forces intellectuelles, à des contractions morales si multipliées, ils opposent non pas le plaisir, il est trop pâle et ne produit aucun contraste, mais la débauche, débauche secrète, effrayante, car ils peuvent disposer de tout, et font la morale à la société. Leur stupidité réelle se cache sous une science spéciale.»

Histoire des TreizeHonoré de Balzac. Éditions Garnier frères (1955)

samedi 9 décembre 2023

Les apéritifs de la rue du cimetière (1) : Banlieue

Dans mon quartier d´banlieue
Y´avait d´l´action en torrieu, quand on était morveux
On jouait à´cachette su´é terrains des voisins
J´restais caché pas mal longtemps
Dans haie avec la p´tite Chartrand

Quand y faisait pas beau
Y´avait l´sous-sol à Guilbeault, on allait jouer au Coleco
Les p´tits gars on capotait su´é G.I. Joe´s
Pis sur la sœur à Lavallée, parce qu´elle en avait des gros

Et quand l´soleil sortait d´derrière les nuages
Ça s´animait partout dans le voisinage
On entendait les slap-shots su´é portes de garages
Pis gueuler la mère à Lepage

L´quartier s´est dispersé
On a vieilli on s´est fait des nouveaux amis
Y´a eu les premières blondes mais c´tait pas trop "steady"
C´est Dédé qui a été l´premier à avoir son permis

Dans son Volkswagen
On écoutait du Led Zeppelin
Avec toute not´vie en avant
Mais par un esti d´soir vers la fin du printemps
Après un party Dédé s´est tué
Y s´est endormi au volant

J´va toujours me rappeler de c´te soirée-là
Les Canadiens venaient d´gagner la coupe Stanley
Après sa mort on est tous´tombés ben bas
J´ai lâché l´Cégep en janvier


T´es arrivée au bon moment
T´es sortie d´nowhere
Un peu comme une fleur qui pousse dans l´ciment
En d´ssous des spots oranges du parc Champigny
C´est là que pour la première fois on s´est donné un gros bi

J´pense que c´était le plus beau jour de ma vie
Après ça j´t´ai payé l´lunch au Kentucky
J´suis allé te r´conduire avec le torse bombé
Maudit qu´c´soir-là j´ai ben dormi

Y a eu des bons moments
Mais l´bonheur ça a ben l´air que ça dure rien qu´un temps
Parce qu´une fois quand j´me suis pointé chez toi
Chu r´venu comme un boxeur qui v´nait d´manger une volée

Assis su´a table à pique-nique
Tu m´as dit qu´t´en avais assez, qu´t´avais même un nouveau kick
Chu parti en marchant sans me r´tourner
Dans ton driveway j´me suis r´tenu pour pas partir à brailler

C´est comme si t´avais pris une paire de cutters
Pis qu´t´avais coupé le cordon de mon cœur
J´me suis dévasté pendant une coupl´ de s´maines
Faut ben qu´un gars ravale sa peine

L´automne est r´venu par la porte d´en arrière
Dans ma banlieue la nuit est belle pis y´a d´l´espoir
La pleine lune reflète pareil comme un miroir
Sur l´eau des piscines hors-terre

Les cowboys fringants

dimanche 3 décembre 2023

Visionnage domestique toulousain (163) avec Louloute

Vous n'avez encore rien vu. Alain Resnais (2012)

«L'amour et la passion sont deux différents états de l'âme que poètes et gens du monde, philosophes et niais confondent continuellement. L'amour comporte une mutualité de sentiments, une certitude de jouissances que rien n'altère, et un trop constant échange de plaisirs, une trop complète adhérence entre les coeurs pour ne pas exclure la jalousie. La possession est alors un moyen pas un but ; une infidélité fait souffrir, mais ne détache pas ; l'âme n'est ni plus ni moins ardente ou troublée, elle est incessamment heureuse ; enfin le désir étendu par un souffle divin d'un bout à l'autre sur l'immensité du temps nous le teint d'une même couleur : la vie est bleue comme l'est un ciel pur. La passion est le pressentiment de l'amour et de son infini auquel aspirent toutes les âmes souffrantes. La passion est un espoir qui peut être trompé. Passion signifie à la fois souffrance et transition ; la passion cesse quand l'espérance est morte. Hommes et femmes peuvent, sans se déshonorer, concevoir plusieurs passions ; il est si naturel de s'élancer vers le bonheur ! mais il n'est dans sa vie qu'un seul amour.»

Histoire des TreizeHonoré de Balzac. Éditions Garnier frères (1955)

samedi 2 décembre 2023

PBF 2023.19 : Elle est bien jolie madame Lubin !

Mercredi 6 décembre 2023  à 19H, nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque avec une nouvelle chronique autour de lectures du XIXe siècle. Après Léon Bloy, retrouvons Armand Silvestre et son monde chatoyant autour des rapports hommes / femmes et autour de la modernité du tournant du siècle XIXe / XXe.

Cette émission a été enregistrée et montée au studio de RadioRadioToulouse et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud.

Programmation musicale :
1) In the quiet morning (for Janis) (Mimi Farina et Tom Jans)
2) Sento in seno tiré de l'opéra Tieteberga (Antonio Vivaldi) Concert de l'Hostel-Dieu
3) Les blondes (Dominique Sylvestre)
4) Face to face (Shakti)
5) Gambades (Erik Satie) Alexandre Tharaud
6) La statue retrouvée (Erik Satie) Alexandre Tharaud / David Guerrier
7) Close to you (Vincent Peirani / Serena Fisseau)
8) Graduation march (Elisabeth Cotten)
9) Baldamore (Hadouk trio)
10) L'hymne à la moue (Rodeo)

+ lecture de la nouvelle Statistiques d'Armand Silvestre par deux de ses descendantes

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Et pendant ce temps inversé-là (14)


 

Musique à Toulouse (4) Opéra du Capitole



Boris Godounov. Modest Moussorsky


Boris Godounov toujours nouveau et actuel par Olivier Py à Toulouse

L’Opéra National du Capitole de Toulouse continue sa saison avec une nouvelle production du Boris Godounov de Moussorgski (première version) dans une mise en scène d’Olivier Py. L’Orchestre résident est dirigé par Andris Poga, et Alexander Roslavets assure le rôle-titre (en remplacement de Matthias Goerne) :
Cette nouvelle production trouve un écho particulier (et particulièrement assumé par le metteur en scène) alors que les relations complexes entre le peuple russe, ses notables et son pouvoir, sujet principal de l’œuvre, sont au cœur de l’actualité.

Olivier Py a bien sûr choisi d’ouvrir ce filon en insistant sur le caractère presque continuel des luttes de pouvoir en Russie sans que le fossé entre ce dernier et le peuple ne se referme jamais. Les costumes d’époque encadrés des murs palatins dorés alternent ainsi avec les bâtiments de bétons gris de l’époque communiste, un vaste bureau ovale tout en marbre blanc ou encore les bâtiments cubiques gris éventrés où se trouve le peuple quand il n’est pas simplement dans la rue. Un mélange d’époques pour souligner l’intemporalité de la problématique de l’œuvre qui va même jusqu’à une large affiche contrastant gris et doré montrant Poutine et Staline se saluant au cinquième tableau. Ils sont tous les deux d’ailleurs auréolés, ce qui souligne une autre thématique mineure de l’œuvre que sont les liens politiquement incestueux entre religion et pouvoir (notamment par le patriarche qui soutient Boris versus le pape qui soutient l’usurpateur).
La mise en place des chanteurs et des choristes est efficace de même que leurs déplacements ce qui rend la pièce dynamique et garde le public en haleine en maintenant le rythme. Les décors dessinés par Pierre-André Weitz sont impressionnants par leur volume. Si certains sont particulièrement marquants (les scènes de palais notamment), l’aspect fonctionnel a souvent été privilégié sur la finition (les fenêtres des bâtiments, comme le lustre géant font parfois un peu plastique par exemple). Cette fonctionnalité permet une importante mobilité de l’ensemble des structures qui permet les changements de tableaux dans une parfaite fluidité et affirme quelques coups de théâtre comme la loge du patriarche s’avançant rapidement sur scène et déployant ses escaliers pour annoncer que Godounov a accepté d’être couronné. Cette adaptabilité du plateau permet aussi l’absence d’entracte pour un drame plus impactant d’une seule traite. Il ne faudrait cependant pas plus de déplacements au risque de tomber dans les actions parasites.
La mise en scène souligne fortement le décalage entre le peuple vêtu de couleurs sombres dans un environnement gris et souvent encadré par des militaires, et la noblesse pour laquelle les couleurs dorées sont prépondérantes. Boris ne se rend d’ailleurs pas vraiment devant la foule pour fêter son couronnement mais plutôt devant une sélection de notables placés dans des chasses dorées au mur du palais. Ce contraste est aussi particulièrement accompagné par les éclairages de Bertrand Killy qui opposent le blanc le plus froid quasiment agressif pour le peuple, à la chaleur d’un jaune cuivré pour la noblesse. La perpétuation du pouvoir par le crime et l’usurpation s’affirme jusqu’au finale de la pièce. Une fois Boris Godounov mort sous le poids du remords et de la culpabilité, l’imposteur Grigori se couronne mais la vie de ce dernier est déjà menacée par une silhouette dans l’ombre pointant un revolver.
Remplaçant Matthias Goerne initialement prévu pour une prise du rôle-titre (mais toujours programmé pour la reprise de cette production dans trois mois au TCE), Alexander Roslavets se montre endurant en Boris qu’il interprète de façon homogène du début à la fin. Le jeu est plutôt convaincu et les accents de la voix s’adaptent aux tourments du personnage. Il se montre poignant dans les scènes d’introspection et de remise en question, jouant parfaitement avec les limites de la raison que frôle le personnage. Sa voix révèle un soupçon de métal et relativement peu d’aspérités pour une basse, elle pénètre le public par son timbre stable et profond. D'autant que le chanteur la module avec une relative parcimonie ce qui permet l'ancrage des mots dans la solidité de la ligne de chant.
Le rôle du vieux moine Pimène semble taillé pour Roberto Scandiuzzi dont la voix puissante de basse profonde englobe l’ensemble de la salle. La stature de sa voix ouverte et pleine comme de sa présence renforce l’importance du personnage. Il insiste d’ailleurs sur chaque mot de ses interventions les couvrant tantôt de mystère, d’inquiétude ou encore de vérité.
Airam Hernandez montre sa polyvalence en abordant le répertoire russe. Son Grigori bien que suffisamment puissant possède un timbre léger et fluide. La continuité mélodique est assurée avec agilité.
Le baryton Mikhail Timoshenko chante Andreï Chtchelkalov (le clerc du conseil boyard). La voix avec un léger grain s’affirme et se réchauffe au fil de la représentation. Par son jeu, il mène efficacement le conseil des boyards au début du dernier tableau.
Victoire Bunel assure le rôle travesti de Fiodor, le jeune fils de Boris Godounov. Conformément au personnage qui ne se prête pas à de grandes démonstrations, la voix est régulière et assez lisse. Elle assume dans son jeu la simplicité du caractère.
Lila Dufy joue Xénia, la fille de Boris Godounov. Le timbre de soprano est plutôt chaud et se déploie avec fluidité dans la mélodie du chant. En revanche l’articulation fait quelque peu défaut et les syllabes tendent à se mélanger assez indistinctement.
Sulkhan Jaiani incarne l’officier de police Nikititch. La vigueur et la force de sa première intervention contribuent à lancer l’énergie du plateau et à immerger le public dans celle-ci. La voix est claire et profonde.
Yuri Kissin aborde le répertoire de la basse bouffe avec le moine ivre Varlaam. Il dévoile son espièglerie. Sa voix n’en demeure pas moins précise et affirmée. Son camarade Missail incarné par Fabien Hyon est légèrement effacé à côté tant vocalement que scéniquement.
Les ambivalences du Prince Vassili Chouiski se retrouvent dans l’interprétation qu’en fait Marius Brenciu malgré une acidité sur quelques aigus. Sarah Laulan montre une excellente présence en aubergiste. Si le rôle ne lui accorde que peu de répliques, la mise en scène lui donne une importance particulière avec un costume à sequin et un maquillage forcé. Elle se rue lascivement sur Grigori à la limite de l’agression.
L’innocent de Kristofer Lundin assume également la portée de son personnage qui ne doit pas être des plus simples à jouer et se retrouve assez mis en avant tout au long de pièce. La voix passe bien l’orchestre mais est quelque peu fermée.
Svetlana Lifar donne toute son empathie au personnage de la nourrice y compris dans le ton doux et chaud de la voix. Barnaby Rea s’affirme en Mitioukha, la voix est forte et présente un grain élégant. Enfin Hun Kim incarne un boyard avec une voix fluette mais stable
Personnage central de pièce, le peuple comme les différents groupes spécifiques sont incarnés avec éclat par le Chœur de l’Opéra National du Capitole. Il relève efficacement le défi de cumuler la puissance des denses masses vocales écrites par Moussorgski à la précision rigoureuse de chaque pupitre qui leur permet notamment de s’identifier séquentiellement dans les motifs et les questions/réponses. Ils sont clairs et articulés. Le placement des choristes à 360° dans la salle permet aussi le renforcement des possibilités chorales en jouant sur la distance ou l’orientation des sons.
L’Orchestre national du Capitole dirigé par Andris Poga est par contre souvent approximatif et les phrasés fuyants. Les tempi rapides sont souvent aléatoires ce qui rend l’unité de l’ensemble difficile. Le manque de coordination des pupitres peine à faire ressortir une bonne partie des couleurs de la partition de Moussorgski. La vitesse précipitée permet de renforcer la dynamique voulue par la mise en scène mais conduit souvent à négliger certains motifs et limite le développement du phrasé instrumental. La plupart des effets sont volontairement gommés comme les violents appels de cuivres écrits pour renforcer musicalement la douleur de l’errance du peuple dans le prologue qui ici ne dépassent pas le reste de l’orchestre, ou encore les accents de violons qui là encore se fondent la masse. A contrario quelques passages puissants et travaillés sont tout de même notables tels que la scène du couronnement de Boris où chatoient les imposantes sonorités des cloches, bien amenées et suivies par le reste de l’orchestre.
L’Opéra du Capitole montre donc une production particulièrement fluide et en une traite de Boris Godounov avec une énergie constante à un niveau élevé du début à la fin. La mise en scène exploitant assez facilement mais plutôt habilement les thèmes de la pièce, l’inscrit plus globalement dans diverses époques au fil des mouvements semblant aussi perpétuels qu’intemporels de l’histoire de la Russie et de son rapport particulier au pouvoir. Si aucun air ou scène n’est applaudi pendant la pièce, le public applaudit de façon nourrie à sa fin et les artistes s’avancent pour saluer à plusieurs reprises.

26/11/2023 Julien Delhom (https://www.olyrix.com)






Musique à Toulouse (3) Cantates sans filet

Cantate Bwv 106. Jean-Sébastien Bach. Ensemble baroque de Toulouse. Michel Brun

Et pendant ce temps inversé-là (13)


 

Quelques Éléments supplémentaires de la Société du Spectacle (66)

«CE qu'ON appelle. encore virilité n'est plus que l'infantilisme des hommes, et féminité celui des femmes. Au reste, peut-être devrait-on parler de virilisme et de "féminisme", quand se mêle à l'acquisition d'une identité tant de volontarisme.»

Premiers matériaux pour la théorie de la jeune-FilleTiqqun. Mille et une nuit. (2001)

photographie : Eva Green. Into the light

vendredi 1 décembre 2023

Résonances contemporaines (26)

Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut surtout pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes archaïques comme celles d’Hitler sont nettement dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif en réduisant de manière drastique le niveau et la qualité de l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle.
Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations matérielles, médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste... que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif.
Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements abrutissant, flattant toujours l’émotionnel, l’instinctif.
On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon avec un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de s'interroger, penser, réfléchir.
On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme anesthésiant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité, de la consommation deviennent le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté

L’obsolescence de l’homme : sur l'âme à l'époque de la deuxième révolution industrielle. Günther Anders. Édition Ivréa (1956)

mardi 14 novembre 2023

Visionnage toulousain en salle (60) à Utopia Borderouge avec Louloute

 

Zorn I, II et III. Mathieu Amalric (2023)

« La soif d'inégalité semble un besoin irréductible de la nature humaine. On sait avec quelle ardeur les Conventionnels échappés à la guillotine sollicitaient de Napoléon des titres nobiliaires. Le rêve égalitaire qui les avait conduits à tant de massacres n'était donc en réalité qu'un violent désir d'inégalité à leur profit. L'histoire n'a pas encore cité, d'ailleurs, de pays où régnât l'égalité.» 

Les incertitudes de l'heure présente. Gustave Le Bon. Les pangolins (2023)

dimanche 12 novembre 2023

Visionnage domestique toulousain (159)

La grande lessive. Jean-Pierre Mocky (1968)

«Le droit de toute femme est de se refuser à un amour qu'elle sent ne pouvoir partager. L'homme qui aime sans se faire aimer ne saurait être plaint et n'a pas le droit de se plaindre. Mais, madame la duchesse, attirer à soi, en feignant le sentiment un malheureux privé de toute affection, lui faire comprendre le bonheur dans toute sa plénitude, pour le lui ravir ; lui voler son avenir de félicité ; le tuer non seulement aujourd'hui, mais dans l'éternité de sa vie, en empoisonnant toutes ses heures est toutes ses pensées, voilà ce que j'appelle un épouvantable crime.»

Histoire des TreizeHonoré de Balzac. Éditions Garnier frères (1955)

dimanche 5 novembre 2023

«Sous la Restauration, la femme du faubourg Saint-Germain ne déploya ni la fière hardiesse que les dames de la cour portaient jadis dans leurs écarts, ni la modeste grandeur des tardives vertus par lesquelles elles expiaient leurs fautes, et qui répandaient autour d'elles un si vif éclat. Elle n'eut rien de bien léger, rien de bien grave. Ses passions, sauf quelques exceptions furent hypocrites ; elle transigea pour ainsi dire avec les jouissances.»

Histoire des TreizeHonoré de Balzac. Éditions Garnier frères (1955)

Visionnage domestique toulousain (158)

 

Poisson d'avril. Gilles Grangier (1954)

«Les femmes mentent admirablement en France. Nos moeurs leur apprennent si bien l'imposture ! Enfin, la femme est si naïvement impertinente, si jolie, si gracieuse, si vraie dans le mensonge ; elle en reconnaît si bien l'utilité pour éviter, dans la vie sociale, les chocs violents auxquels le bonheur ne résisterait pas, qu'il leur est nécessaire comme la ouate, où elles mettent leurs bijoux. Le mensonge devient donc pour elles le fond de la langue, et la vérité n'est plus qu'une exception ; elles la disent, comme elles sont vertueuses, par caprice ou par spéculation.»

Histoire des Treize. Honoré de Balzac. Éditions Garnier frères (1955)

Visionnage domestique toulousain (157)

Les compagnons de la pompette. Jean-Pierre Mocky (2015)

vendredi 3 novembre 2023

Quelques Éléments supplémentaires de la Société du Spectacle (65)

 

«Au regard de la figure de la Jeune-Fille, les différences d'âge comme de genre sont insignifiantes. Il n'y a pas d'âge pour être frappé de jeunitude, ni de sexe qui interdise de s'adjoindre un zeste de féminitude.»

Premiers matériaux pour la théorie de la jeune-FilleTiqqun. Mille et une nuit. (2001)

mardi 31 octobre 2023

Visionnage domestique toulousain (154 bis)


Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait : nos histoires d’amour et de désir
On n’attendait pas un film aussi parfait, aussi fort de la part d’Emmanuel Mouret, que ce Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait… qui nous fait regretter du coup que Cannes, qui l’aurait forcément célébré, n’ait pas eu lieu en 2020 !

Adorant le travail délicieux d’un Eric Rohmer, cela faisait longtemps qu’on suivait les films d’Emmanuel Mouret, chez qui on reconnaissait une sorte de disciple de notre metteur en scène favori, en moins… ambitieux, intello ou philosophique, si l’on veut. Mais, il faut reconnaître en toute humilité qu’on n’aurait pas imaginé un instant que Mouret puisse un jour réaliser une œuvre d’une qualité et d’une force aussi saisissantes que ce les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait…

Un film qui démarre donc de manière effectivement rohmerienne, d’abord par son sujet (disons pour simplifier / caricaturer légèrement le propos du film : les rapports entre le désir et l’amour, donc le sexe et les sentiments, et le combat toujours vivace et jamais résolu entre le cœur et la raison), mais surtout par la manière dont se déploie l’histoire ou plutôt les histoires que va nous conter Mouret. Car, comme chez Rohmer donc, c’est la parole qui est reine, et le récit qui prime sur l’action : Maxime raconte à Daphné, la femme de son cousin, l’histoire de son grand chagrin d’amour, tandis que Daphné lui rend la pareille en lui narrant son histoire à elle, qui est celle d’un amour heureux. Comme chez Rohmer, la parole est à la fois claire et précise – comme littéraire, mais avec sans doute moins d’excès -, et ce qui est dit trahit avant tout une éternelle confusion des sentiments, mise en scène depuis la nuit des temps par les écrivains et les poètes, mais toutefois absolument contemporaine. Et très… française aussi, au point qu’un étranger voyant le film sera sans aucun doute surpris par ce mélange tellement typique de notre culture d’élévation des aspirations, de trivialité des conduites, mais aussi cette reconnaissance sans partage de l’importance du désir !

Mais là où – et on n’aurait jamais pensé écrire ça un jour ! – Mouret distance Rohmer, c’est dans l’intelligence de la construction du film, qui emboîte les récits des personnages, les enchâsse les uns dans les autres, jusqu’à créer quasiment un sentiment de vertige qui ne gâche pourtant jamais la jouissance très « premier degré » (et l’amusement, car le film est souvent très drôle…) qu’on tire du spectacle de ces couples qui se font et se défont, s’aiment, se mentent et se trompent, se réconcilient sans fin.

Si l’on est autant captivé par les choses qu’on dit, les choses qu’on fait, c’est aussi grâce à la perfection formelle du film : une interprétation générale parfaite – on tire notre chapeau à Camélia Jordana, la sensibilité à fleur de peau, à Vincent Macagne, bouleversant et hilarant à la fois, mais tout le monde est impeccable -, une image qui irradie la lumière – pour les scènes provençales, c’est facile, mais même Paris est ici éblouissant -, une musique, principalement classique, qui accompagne avec subtilité tous les états d’âme des personnages, et surtout un rythme de narration d’une précision sans faille.

Tout cela serait déjà bien beau, mais Mouret a une carte dans sa manche, et le dernier mouvement du film (« les choses qu’on fait… », donc…) va révéler une autre vérité derrière les mots. Et cette vérité – on ne parlera pas de coup de théâtre, ce serait trop grossier – va tout simplement mettre le feu au film. Transformer les marivaudages en tragédie. Prouver que, quoi qu’en disent nos très chers protagonistes, on ne saurait sortir indemne de nos « histoires d’amour » (qui finissent mal, en général, etc…. ou pas !). La musique s’enfle, les situations se tendent, le désespoir rôde. Emilie Dequenne nous rappelle en une petite poignée de scènes quelle grande actrice elle est. La vie, la vraie, a fait irruption au milieu de ces histoires qu’on aime tant raconter et écouter. Et c’est tout simplement terrassant.

Un dernier fondu au noir, le générique de fin démarre. Personne ne bouge de son siège dans la salle. On est tous partagés entre notre émerveillement devant la beauté de ce spectacle qui nous a été offert, et l’accablement d’y avoir reconnu nos propres déroutes, et aussi – heureusement – nos quelques petites victoires.

Merci, Emmanuel !


Eric Debarnot Benzine

dimanche 29 octobre 2023

Visionnage domestique toulousain (155)

 

L'ibis rouge. Jean-Pierre Mocky (1975)

PBF 2023.18 : La fée des contes

Mercredi 1er novembre  à 19H, nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque avec la chronique Fières de lettres animée par Monique Calinon de la BNF, autour de madame d’Aulnoy. Cette chronique est précédemment parue dans l'édition numérique de Libération.

Cette émission a été enregistrée et montée au studio de RadioRadioToulouse et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud.

Programmation musicale :
1) Broken english (Marianne Faithful)
2) Aria populaire (Catherine Ribeiro)
3) Trampled rose (Allison Kraus)
4) Va danser (Monique Morelli)
5) Weren’t born a man (Dana Gillespie)
6) Palmier plastique (Isabelle Mayereau)
7) La Durance (Michèle Bernard)
8) Peace will come (according to plan) (Mélanie)

+Chronique Fières de lettres n°2 par Monique Calinon : Madame d’Aulnoy


Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF :
https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/la-f%C3%A9e-des-contes-la-petite-boutique-fantasque/

Sus aux Philistins !

Hommage aux Muses galantes

«De nombreux exercices équestres, couramment dénommés carrousels bien qu'ils ne s'apparentent plus à de simples courses de bague ou de têtes jalonnent le règne de Louis XIV jusqu'en 1685. Ensuite, ce fut le déclin.
Auparavant il y eut le Carrousel des Amazones à la fin du carnaval de 1667. Le Roi y parut costumé en Hongrois, son frère Monsieur en Turc et toujours couvert de perles, le duc d'Enghien en Indien. En tout, dix quadrilles accompagnaient le Roi, dont les déguisements dénotent la persistance et même le renforcement du goût de l'exotisme. Toute la cour était brillamment parée pour la circonstance. Le carrousel eut lieu devant l'Orangerie de Versailles, sous les yeux de la Cour assemblée. Mais contrairement aux autres carrousels, les dames de la Cour, vêtues en Amazones défilèrent à cheval»

Les fêtes à la cour du Roi-Soleil. Marie-Christine Moine. Editions Fernand Lanore (1984)

mardi 24 octobre 2023

PBF 2023.17 : Eteindre la concupiscence des hommes par charité

Mercredi 25 octobre 2023 à 19H, la Petite Boutique Fantasque continue les aventures d’Agathe tirées du Roman comique de Charles Sorel dans une émission appelée : Eteindre la concupiscence des hommes par charité. On y voit Agathe vieillissante et malade être aidée par le destin…

Cette émission a été enregistrée et montée au studio de RadioRadioToulouse et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud.

Programmation musicale :
1) I may be too young (Suzy Quatro)
2) Les anges gardiens (Les vieilles pies) 
3) Reality (vs_price)
4) La mare aux canards (Nour)
5) Either end of august (Bill Brufford)
6) Season’s song (Robert Plant)
7) Tchembé (Gwendoline Absalon)
8) Petit Castor (Yelo molo)

+ lecture d’un extrait de l'Histoire comique de Francion (1623) de Charles Sorel par Pascale Rémi

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF: https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/eteindre-la-concupiscence-des-hommes-par-charité-la-petite-boutique-fantasque/

Sus aux Philistins !

dimanche 22 octobre 2023

«Enfin, la troupe des Américains, en vert et blanc, commandée par le duc de Guise toujours en quête de folles aventures, produisit la plus forte impression sur les spectateurs. Cela s'explique par la profusion de ses couleurs, l'originalité et l'exotisme fantastique de ses costumes. Les timbaliers et trompettes portaient des bonnets en coquillages corail tandis que leurs corps étaient revêtus de satin vert orné d'écailles d'argent et de nageoires en guise de manches. Des Maures à pied menaient des singes et des ours ; les douze estafiers étaient déguisés en faunes ou satyres, revêtus de feuille de vigne, et les douze palefreniers faisaient des sauvages couverts de peaux de tigres. Leurs chevaux de main portaient au front une corne de licorne. Les écuyers et les six pages suivaient dans le même appareil, leurs caparaçons en peaux de bêtes simulant celles des poissons de mer. Leur chef, le duc de Guise était le plus surprenant : en roi Maure, il portait une cuirasse chargée de dragons, avec deux têtes de monstres sur les épaules. Sa coiffure, haute de 1,30 m, figurait un dragon d'or supportant des plumes vertes et blanches

Les fêtes à la cour du Roi-SoleilMarie-Christine Moine. Editions Fernand Lanore (1984)

Visionnage domestique toulousain (152)

Les compagnons de la marguerite. Jean-Pierre Mocky (1967)

samedi 21 octobre 2023

«Le prince de Condé dirigeait la brigade des Turcs, drapé dans une veste de satin rouge et argent aux agrafes de turquoises et de diamants. Son turban, orné des mêmes pierreries, était surmonté d'un croissant d'or et d'une aigrette de plumes aux couleurs de la brigade : bleues, blanches, noires. Timbaliers et trompettes portaient des vestes de satin bleu bandées de noir. Les 12 pages étaient particulièrement originaux avec leurs épaules décorées de plumes gigantesques figurant des ailes. 

Le quadrille des Indiens, en jaune et noir, formait la quatrième escadre sous les ordres du duc d'Enghien en costume de brocart or et noir brodé d'argent et de diamants. De grosses perles, en forme de poires pendaient le long de son écharpe, de même qu'à ses bottines. Les timbaliers et les trompettes avaient un énorme perroquet pour coiffure

Les fêtes à la cour du Roi-SoleilMarie-Christine Moine. Editions Fernand Lanore (1984)

lundi 16 octobre 2023

« Je veux faire ce que je veux. Je veux jouer la pantomime, même la comédie. Je veux danser nue, si le maillot me gêne et humilie ma plastique. Je veux me retirer dans une île, s’il me plaît, ou fréquenter des dames qui vivent de leurs charmes, pourvu qu’elles soient gaies, fantasques, voire mélancoliques et sages, comme sont beaucoup de femmes de joie. Je veux écrire des livres tristes et chastes, où il n’y aura que des paysages, des fleurs, du chagrin, de la fierté, et la candeur des animaux charmants qui s’effraient de l’homme… Je veux sourire à tous les visages aimables, et m’écarter des gens laids... Je veux chérir qui m’aime et lui donner tout ce qui est à moi dans le monde : mon corps rebelle au partage, mon cœur si doux et ma liberté ! »

Les Vrilles de la vigne. Colette. Le Livre de poche (1995)
«Le mot d’ordre est l’égalitarisme. On a mis en place les maths modernes dans les années 1970 pour éviter que les parents aident leurs enfants, afin que les enfants soient à égalité. On a transformé le cours de français en une matière "technique" afin de ne pas favoriser les enfants des bourgeois qui avaient une meilleure plume du fait de leur éducation… Le comble est qu’on aboutit à l’effet inverse. En réalité, l’analyse de Pierre Bourdieu, qui montrait dans Les Héritiers que l’école reproduisait les inégalités, était fausse lors de la parution de son livre en 1964. Cette inégalité est devenue une réalité. Les méthodes ont favorisé ceux qui avaient les moyens d’aider leurs enfants, de les envoyer dans le privé - à commencer par l’actuel ministre de l’Éducation. Cela a favorisé l’entre-soi. Désormais, si on ne peut plus recruter sur le diplôme, on va prendre les enfants des amis, ceux qui ont fréquenté les bons lycées, le bon quartier, ceux qui sont considérés de bonne famille.»

La fabrique du crétin : Vers l’apocalypse scolaire. Jean-Paul Brighelli
Éditions de l'Archipel  (2022)

Visionnage domestique toulousain (150)

Paris vu par. Claude Chabrol, Jean Doucet, Jean-Luc Godard, 
Jean-Daniel Pollet, Éric Rohmer, Jean Rouch (1965)

PBF 2023.16 : Le grand Polaque

 

Mercredi 18 octobre 2023 à 19H, la Petite Boutique Fantasque continue les horreurs de la guerre avec la lecture d'une autre nouvelle tirée de Sueurs de sang de Léon Bloy, Le grand Polaque. Cette guerre franco-prussienne de 1870-1871 n'a pas été une guerre mondiale mais a fait appel à diverses nationalités dans ce que nous pourrions appeler des corps de mercenaires. Nous avons rencontré précédemment l'Abyssinien et nous avons aujourd'hui un groupe de Polonais qui combat avec les Français. Toujours dans la violence et l'horreur extrêmes.

Cette émission a été enregistrée et montée au studio de RadioRadioToulouse et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud.

Programmation musicale :
1) Vivaldi tribute (Patrick Rondat)
2) Adagio du quatuor n°2 (Gabriel Fauré) Quatuor Domus
3) Introïtus du Requiem (Hector Berlioz) Choeur et orchestre de la radio bavaroise / Charles Munch
4) Festina lente (Arvo Pärt)
5) Ivava inouva (Idir

+ lecture du Grand Polaque de Léon Bloy par Stéphane

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF:

Sus aux Philistins !

dimanche 15 octobre 2023

«Une blonde s'adapte inconsciemment à ses cheveux. Surtout si cette blonde est une brune qui se fait teindre en jaune. Elle veut être fidèle à sa couleur et se comporte comme un être fragile, une poupée frivole, une créature exclusivement préoccupée de son apparence, et cette créature exige de la tendresse et des services, de la galanterie et une pension alimentaire, elle est incapable de rien faire par elle-même, elle est toute délicatesse au-dehors et au-dedans toute grossièreté. Si les cheveux noirs devenaient une mode universelle, on vivrait nettement mieux en ce monde. Ce serait la réforme sociale la plus utile que l'on ait jamais accomplie.»

La valse aux adieux. Milan Kundera. Gallimard (1978)

«Avant qu’Albertine m’eût obéi et m’eût laissé enlever ses souliers, j’entr’ouvrais sa chemise.  Les deux petits seins haut remontés étaient si ronds qu’ils avaient moins l’air de faire partie intégrante de son corps que d’y avoir mûri comme deux fruits ; et son ventre (dissimulant la place qui chez l’homme s’enlaidit comme du crampon resté fiché dans une statue descellée) se refermait à la jonction des cuisses, par deux valves d’une courbe aussi assoupie, aussi reposante, aussi claustrale que celle de l’horizon quand le soleil a disparu.  Elle ôtait ses souliers, se couchait près de moi.»

La prisonnière. Marcel Proust. GF Flammarion (1987)

samedi 7 octobre 2023

PBF 2023.15 : Déclaration d'amour en banlieue

Mercredi 11 octobre 2023 à 19H, la Petite Boutique Fantasque reçoit Marius Pinel pour sa désormais fameuse chronique de l'univers place Pinel. Il y cause de déclarations d'amours, torrides ou non (mais pas sur une Panhard).

Cette émission a été enregistrée et montée au studio de RadioRadioToulouse et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud.

Programmation musicale :
1) A curious feeling (Tony Banks)
2) Diamond by the yard (Eliott Murphy)
3) Serre-moi (Jacques Higelin)
4) Banlieue (Cowboys fringants)
5) Eileen (David Orlowsky / David Bergmüller)
6) Motorbike beat (The reviles)
7) Julie (Les colocs)
8) La mosquée (imago)
9) Dans mon lit (Arno)
10) The final derrière (The Sparks)

+ Chronique de l'univers place Pinel n° 41, Déclaration d'amour place Pinel par Marius PInel


Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF:


Sus aux Philistins !

«Ensuite venait la brigade des Persans, commandée par Monsieur, frère du Roi, habillé d'une veste d'argent couverte de rubis, d'une mante semée de perles, et dont la monture portait un caparaçon lui aussi truffé derbys. Les couleurs dominantes de cette seconde troupe étaient l'incarnat et le blanc. Les timbaliers et trompettes portaient des bonnets de satin doublé d'hermine. Ils étaient suivis de deux écuyers et de 18 pages, douze estaffiers et seize chevaux de main dont les carapatons étaient de satin orné d'orfèvrerie et d'or.»

Les fêtes à la cour du Roi-SoleilMarie-Christine Moine. Editions Fernand Lanore (1984)

Quelques Éléments supplémentaires de la Société du Spectacle (64)

«Pourquoi la Jeune-Fille doit-elle toujours feindre quelqu'activité ? Pour demeurer imprenable dans sa passivité.»

Premiers matériaux pour la théorie de la jeune-FilleTiqqun. Mille et une nuit. (2001)

samedi 30 septembre 2023

«Le premier jour, le Roi et sa brigade s'habillèrent à l'Hôtel de Vendôme, d'où ils partirent rejoindre les quatre autres quadrilles. Louis XIV, en empereur romain à l'habit d'or et d'argent parsemé de rubis portait un casque recouvert de pierreries, surmonté de plumes rouges et noires, la taille ceinte d'un cimeterre d'or. Il caracolait sur un cheval enrubanné, décoré d'aigles d'or. Le reste de sa troupe non moins brillant étincelait d'or et de feu, et avançait selon un ordre de marche minutieusement fixé à l'avance. Chaque brigade se composait de onze cavaliers, la suite étant proportionnée à l'importance de son chef. Ainsi dans le quadrille du Roi, on dénombrait quatre timbaliers, vingt-quatre trompettes, vingt-quatre estaffiers, quarante chevaux de main et quatre-vingt palefreniers, vingt-autre pages portant les lances et les écus revêtus des devises, l'Aide de camp et le Maréchal de camp. Tous avaient les couleurs de Louis XIV, or, argent et feu.»

Les fêtes à la cour du Roi-Soleil. Marie-Christine Moine. Editions Fernand Lanore (1984)

mardi 26 septembre 2023

PBF 2023.14 : Nous ne cherchons point d'autre gloire

 


Mercredi 27 septembre 2023 à 19H, la Petite Boutique Fantasque reçoit Jean-Marc Andrieu chef de l'orchestre les Passions qui nous présente le disque Daphnis et Alcimadure de Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville enregistré par son orchestre et le choeur des Elements ainsi que la neuvième édition du festival des Passions baroques qui se déroule du 29 septembre au 8 octobre 2023 à Montauban et dans le Tarn-et-Garonne.

Cette émission a été enregistrée et montée au studio de RadioRadioToulouse et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud.

Programmation musicale :
1) Extraits de Daphnis et Alcimadure (Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville) 
orchestre les Passions, choeur les Elements
- Ouverture
- Duo Daphnis Alcimadure N'aurai jamais trop de leser  
(Elodie Fonnard / François Nicolas Geslot)
- Air de Clémence Isaure Nous ne cherchons point d'autre gloire (Hélène Le Corre)
-Air de Jeanet A ! ma sorreta quel domatge (Fabien Hyon)
2)The chamber of 32 doors (Genesis)
3) South side of the sky (Yes)
4) Catholics girls (Franck Zappa)

+ Entretien avec Jean-Marc Andrieu

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF:

Sus aux Philistins !