mercredi 30 septembre 2015

«Robespierre écrit à l'inventeur d'une espèce de canon une lettre si encourageante, que celui-ci reste immobile à cette lecture. Il est bientôt envoyé à Bicêtre, dans un état complet d'idiotisme. - "Ici, comme le fait remarquer Marc, Pinel confond l'idiotisme avec la démence." Les progrès de la science ont mieux distingué les diverses formes de folie. (269, Marc.).
Un réquisitionnaire est tué d'un coup de feu à côté de son frère ; celui-ci reste immobile et comme une statue de spectacle. On le ramène chez lui ; son arrivée fait la même impression sur un troisième fils de la même famille. Pinel a eu, longtemps, ces deux frères dans les infirmeries de Bicêtre (269).»

De la folie instantanée considérée au point de vue médico-judiciaire
. Philippe Boileau de Castelnau. Mémoires de l'Académie du Gard (1851)
«L'art de ne pas lire est très important. Il consiste à ne pas s'intéresser à tout ce qui attire l'attention du public à un moment donné. Quand un pamphlet politique ou religieux, un roman ou une poésie se met à faire grand bruit, rappelez-vous que quiconque écrit pour les imbéciles ne manquera jamais de lecteurs. Pour lire de bons livres, la condition préalable est de ne pas perdre son temps à en lire de mauvais, car la vie est courte.»

L'art d'avoir toujours raison suivi de la lecture et les livres et penseurs personnel. Arthur Schopenhauer. J'ai lu Librio (2014)

lundi 28 septembre 2015

«§3. Les maladies des Gens de Lettres ont deux sources principales, les travaux assidus de l'esprit, & le continuel repos du corps ; pour en tracer un tableau exact, il n'y a qu'à détailler les effets funestes de ces deux causes.

De la santé des gens de lettres. Samuel Auguste André David Tissot. François Grasset (1798)

dimanche 27 septembre 2015

L'Éblouissement des prémisses (incipit 9)

«Elle aurait voulu la retenir, écouter le bruit familier des assiettes remuées et cette chanson incompréhensible dont l'Alsacienne reprenait inlassablement le refrain. Les autres soirs, jusqu'à dix heures, Thérèse se sentait rassurée par cette rumeur que fait un seul être vivant lorsqu'il est jeune. Durant les premiers mois, Anna avait habité, dans l'appartement, une petite pièce inoccupée. Et pendant la nuit, sa maîtresse surprenait des soupirs, des paroles confuses d'enfant qui rêve, parfois un grognement animal. Et même lorsque la jeune fille était endormie du sommeil le plus calme, sa présence restait sensible à Thérèse, - comme si elle eût entendu le sang courir dans ce corps couché derrière la cloison. Elle n'était pas seule ; les battements de son propre cœur ne l'effrayait plus.»

La Fin de la nuit. François Mauriac. Éditions Bernard Grasset (1935)
«Aux yeux d'un physiologiste ordinaire, l'énergie de ces deux jouvenceaux eût pu paraître anormale. Le désir effréné qu'ils ressentaient l'un pour l'autre devenait insupportable si, en l'espace de quelques heures, il n'était satisfait plusieurs fois, au soleil, ou à l'ombre, sur le toit, dans la cave - tout leur était bon. Malgré des ressources peu communes, c'est à peine si Van pouvait marcher de pair avec sa pâle "amorette" (jargon français de l'endroit). Ils exploitaient le plaisir avec une prodigalité qui confinait à la folie et qui eût certainement abrégé leurs jeunes existences si l'été, qui leur était d'abord apparu comme la promesse d'un fleuve sans limites, inépuisable de splendeur verte et de liberté, n'eût laissé transparaître quelques allusions voilées à de possibles défloraisons et défaillances, à la fatigue de sa fugue - ultime ressort de la nature, éloquentes trouvailles allitératives (quand la feuille et le phalène s'imitent), un premier point d'orgue à la fin du mois d'août, un premier silence au début septembre.»

Ada ou l'ardeurVladimir Nabokov. Librairie Arthème Fayard (1975)

samedi 26 septembre 2015

Réminiscence personnelle (9)

«Mais je me laisse emporter par mon zèle, je vais m'imputer des arrière-pensées que je n'ai pas eues pour me donner l'apparence d'un homme sincère qui est loin de songer à s'épargner les humiliations. Ce n'est donc pas pour le plaisir de vous entretenir de moi-même que j'ai pris la plume, ce n'est pas non plus pour mettre en vedette mes dons littéraires.»

Oeuvres complètes : Le BavardLouis-René des Forêts. Quarto Gallimard (2015)
«Si absorbé que vous fussiez naguère dans vos études spéciales, mon cher maître, vous n'avez pu manquer d'entendre parler de ces hommes qui, par une démarche toute spontanée, pénètrent dans des habitations particulières, et sans en aviser qui que ce soit, sans avoir en somme aucun mandat ni aucune autorisation, procèdent à une sorte de saisie des espèces, billets, valeurs, titres au porteur ou nominatifs, et à une sorte de déménagement des objets mobiliers, parmi lesquels leur attention va de préférence aux bijoux, couverts d'argenterie, bibelots de vitrine et d'étagère ?»

Monsieur le Trouhadec saisi par la débauche. Jules Romains. Editions Gallimard (1924)

vendredi 25 septembre 2015

«Bien Glaucon, nous sommes désormais d'accord pour reconnaître les points suivants : si une cité doit atteindre le sommet pour son administration, les femmes y seront communes, les enfants et toute leur formation y seront communs, de même que les occupations, en temps de guerre et en temps de paix. Ses rois seront ceux de ses citoyens qui seront parvenus à l'excellence dans la philosophie aussi bien que dans l'art de la guerre.
- Nous sommes d'accord, dit-il.
- Nous sommes également tombés d'accord sur le point suivant : lorsque les gouvernants auront été confirmés dans leur position, ils conduiront les soldats pour les installer dans les habitations dont nous avons parlé. Personne n'y possédera quoi que ce soit en propre, ces habitations étant la propriété de tous.»

La République. Platon. Flammarion (2002)

jeudi 24 septembre 2015

Épiphanie artefactuelle (16)

Signe

«Je suis soumis au Chef du Signe de l'Automne
Partant j'aime les fruits je déteste les fleurs
Je regrette chacun des baisers que je donne
Tel un noyer gaulé dit au vent ses douleurs

Mon Automne éternelle ô ma saison mentale
Les mains des amantes d'antan jonchent ton sol
Une épouse me suit c'est mon ombre fatale
Les colombes ce soir prennent leur dernier vol.»

Alcools. Guillaume Apollinaire. Poésie-Gallimard (1977)

mercredi 23 septembre 2015

«- Lorsque vous partirez, dit Cincinnatus, faites attention à l'horloge dans le couloir. Ce n'est qu'un écran vide, seulement le gardien efface l'ancienne aiguille, toutes les demi-heures et en peint une nouvelle, en sorte que nous vivons d'après un temps tracé au pinceau et c'est le gardien qui frappe sur le timbre.»

Invitation au suppliceVladimir Nabokov. Éditions Gallimard (1960)

lundi 21 septembre 2015

«Parmi les phénomènes que la nature présente à nos observations, il en est certains qui dépendent de causes générales, tandis que d'autres bornés dans leur étendue, comme dans leurs effets, semblent avoir été opérés par des causes particulières et locales. Ainsi, lorsque nous voyons le même phénomène se reproduire constamment avec les mêmes conditions, les mêmes circonstances, il est difficile de ne point supposer que des causes générales, agissant toujours de la même manière, l'ont occasionné.»

Essai sur les cavernes à ossements et sur les causes qui les y ont accumulés. Marcel de Serres. J.-B. Baillière (1838)
«Si nocturna tibi noceat potatio vino,
Maturina hora rebibas, & erit medecina.


Si le vin pris au soir te fait quelque nuisance,
Le vin pris au matin sera ton allégeance.

Le Régime de santé de l'Escole de Salerne. Michel Le Long. Nicolas et Jean de La Coste (1643)

dimanche 20 septembre 2015

«Il s'étonnait de voir les grammairiens tant étudier les mœurs d'Ulysse, et négliger les leurs, de voir les musiciens si bien accorder leur lyre, et oublier d'accorder leur âme, de voir les mathématiciens étudier le soleil et la lune, et oublier ce qu'ils ont sous les pieds, de voir les orateurs plein de zèle pour bien dire, mais jamais pressés de bien faire, de voir les avares blâmer l'argent, et pourtant l'aimer comme des fous. Ils reprenaient ceux qui louent les gens vertueux, parce qu'ils méprisent les richesses, et qui dans le même temps envient les riches. Il était indigné de voir des hommes faire des sacrifices pour conserver la santé, et en même temps se gaver de nourriture pendant les sacrifices, sans aucun souci de leur santé. Par contre, il admirait les esclaves de ne pas prendre de mets pour eux quand leurs maîtres étaient si goinfres. Il louait ceux qui devaient se marier et ne se mariaient point, ceux qui devaient aller sur mer, et n'y allaient point, ceux qui devaient gouverner et ne gouvernaient point, ceux qui devaient élever des enfants et n'en élevaient point, ceux qui se préparaient à fréquenter les puissants et ne les fréquentaient point.»

Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres : Diogène [le cynique]Diogène Laërce. Garnier-Frères (1965)

Charmes de la relecture (3)

«Il leur avait semblé à tous les trois que c'était une bonne idée d'acheter ce cheval. Même si ça ne devait servir qu'à payer les cigarettes de Joseph. D'abord, c'était une idée, ça prouvait qu'ils pouvaient avoir des idées. Puis ils sentaient moins seuls, reliés par ce cheval au monde extérieur, tout de même capables d'en extraire quelque chose, de ce monde, même si ce n'était pas grand chose, même si c'était misérable, d'en extraire quelque chose qui n'avait pas été à eux jusque-là, et de l'amener jusqu'à leur coin de plaine saturé de sel, jusqu'à eux trois saturés d'ennui et d'amertume. C'était ça les transports : même d'un désert, où rien ne pousse, on pouvait encore faire sortir quelque chose, en le faisant traverser à ceux qui vivent ailleurs, à ceux qui sont du monde»

Un Barrage contre le Pacifique. Marguerite Duras. Gallimard (1950)

samedi 19 septembre 2015

«- Mais c'est pour renoncer que vous vous y êtes rendu ? Ça, c'est déjà un geste honnête, je crois, non ?
-Vous croyez ? a-t-il dit, s'arrêtant devant moi. Non, vous me ne connaissez pas encore ma nature ! Ou bien... ou bien il y a quelque chose que je ne sais pas moi-même : parce que je pense qu'il ne doit pas y avoir que la nature là-dedans. Je vous aime sincèrement Arkadi Makarovitch, et, en plus, je suis profondément coupable devant vous pour ces deux mois, et c'est pourquoi je veux que, vous le frère de Lisa, vous sachiez tout : je suis allé chez Anna Andréevnova pour lui demander sa main, non pour la refuser.»

L'AdolescentFédor Dostoïevski. Actes Sud (1998)

jeudi 17 septembre 2015

«Le microscope y fait découvrir une infinité de petits corps locomobiles que l'on a nommés zoospermes, et qui, dit-on, sont essentiels à la fécondation, parce que, d'après les expériences de MM. Prevost et Dumas de Genève, la liqueur qui les contient perd avec eux sa propriété fécondante. Mais ces corps sont-ils de véritables animaux ? Ne doit-on pas les considérer plutôt comme des molécules organiques qui se meuvent sous l'influence de principe de la vie ? Et l'imagination n'a-t-elle pas eu une grande part à tout ce que l'on écrit sur les mœurs ?»

Traité élémentaire de physiologie philosophique ou, Élémens de la science de l'homme, ramenée à ses véritables principes. Pierre Blaud. B. Baillière (1830)
«En continuant de la sorte, il [M. Gall] admet un nombre assez considérable de facultés correspondantes chacune à une organisation différente de l'encéphale, et voici comment il les désigne :

1° Instincts de la propagation, 2° de l'amour maternel, 3° de l'amitié, 4° de la défense de soi-même, 5° du meurtre, 6° de la rixe, 7° de la propriété, 8° de l'orgueil, 9° de la vanité, 10° de la circonspection, 11° de l'éducabilité, 12° des localités ;
Les sens, 13° des personnes, 14° des mots, 15° des couleurs, 16° des tons, 17° des nombres ;
Les facultés, 18° du langage artificiel, 19° de la mécanique, 20° de la sagacité comparative, 21° de l'esprit métaphysique, 22° de l'esprit de saillie, 23° du talent poétique, 24° de l'imitation, 25° de la fermeté ;
Enfin les sentimens, 26° de la bonté, 27° de l'instinct religieux.»

Essai sur la physiologie humaineGabriel Grimaud de Caux et V. Couillard-Durocher. Raymond éditeur (1825)

mardi 15 septembre 2015

Epigramme

«Je l'avouë, il est vray, vos charmes
M'ont cousté des torrens de larmes ;
Mais, Phyllis, vous le savez bien,
Les larmes ne me coustent rien.»

Aegidii Menagii poemata. Gilles Ménage. Augustin Courbé (1658) 

lundi 14 septembre 2015

«Ille babet & fillices, & vivum in pectore ferrum,
Qui tenero lacrimas laetus in ore videt.

Celuy là a le cœur plus dur qu'un rocher, qui prend plaisir à voir un jeune visage baigné de larmes.»

Gemmae Poetarum pars prima, ex Ovidio, Catullo, Propertio et Tibullo. César Egasse Du Boulay. Claude Thiboust (1662)

samedi 12 septembre 2015

«Sur le couvre-pied du lit gisaient pêle-mêle des corsages, des bas et du linge, des sous-vêtements chiffonnés traînaient à même le plancher à côté d'un coffret à cigarettes que quelqu'un avait écrasé par nervosité. Des souliers étaient posés sur la table de nuit, à côté d'une tasse de café inachevée et d'un cendrier où fumait un mégot. Une robe de soirée noire était accrochée au dossier d'une chaise. La chambre était emplie d'effluves de parfums, auxquels se mêlait, venue on ne sait d'où, l'odeur d'un fer à repasser chauffé au rouge.
Nue sous un peignoir de bain mais chaussée de souliers de daim noir, Marguerite était assise sur un trumeau. Une petite montre-bracelet d'or était posée devant elle, près de la boite que lui avait donnée Azarello, et Marguerite ne quittait pas le cadran des yeux.»

Le Maître et Marguerite. Mikhaïl Boulgakov. Editions Robert Laffont (1993)

L'Éblouissement des prémisses (incipit 8)

«Je ne doute point, monsieur l'abbé, de l'horreur que je vous inspire. Bien que nous n'ayons jamais échangé de paroles, vous me connaissez - ou plutôt vous croyez me connaître, parce que vous avez dirigé Mathilde Desbats, ma cousine... Surtout n'allez pas imaginer que j'en souffre. S'il existe au monde un homme à qui je souhaiterais de m'ouvrir, c'est à vous. Je me souviens de votre regard, lors de mon dernier voyage au pays, quand je vous ai croisé dans le vestibule de Liogeats. Vos yeux sont d'un enfant (quel âge avez-vous donc ? vingt-six ans ?), d'un enfant très pur, mais qui saurait par une connaissance venue de Dieu jusqu'où il est donné à l'homme de s'avilir.»

Les Anges noirs. François Mauriac. Editions Bernard Grasset (1936)

vendredi 11 septembre 2015

«Bien que le soin que vous avez de tout temps de conserver votre virginité, vous empêche de prendre connoissance des doux engagemens du mariage, & de sentir le saint désir d'élever des enfans : Toutesfois, chastes Muses, (car que puis-je entreprendre sans votre secours divin ?) j'implore ici votre assistance, & je n'attends que de vos faveurs la récompense que je cherche en enseignant dans mes vers quel soin l'on doit avoir des enfans nouvellement nez, dés que leur foible corps commence à demander des aliments qui puissent en augmentant peu à peu leur chaleur naturelle, répandre dans leurs membres delicats de nouvelles forces.»

Manière de nourrir les enfans à la mammelleScévole de Sainte-MartheGuillaume de Luyne (1698)
«Dans ces temps que les écrivains sacrés ont nommé les Anciens jours, les hommes, encore simples et timides, contemplèrent avec une vénération mêlée de crainte, les montagnes qui couronnent notre Planète, et dont les chaînes immenses et escarpées offrent aux regards des contours mâles et sévères, et une sauvage et sombre majesté. Ils divinisèrent les Hauts-Lieux, honorant ainsi, dans quelques-unes de ses parties les plus remarquables, la Nature, ou la Première des Causes. A une époque moins reculée, la riante mythologie des Grecs peupla les monts de Déités nombreuses. Le trône de Jupiter reposait sur le sommet de l'Olympe ; Diane chérissait les cimes du Taygète, et se plaisait à lancer des traits, à former des danses et des jeux sur les montagnes ; les Muses habitaient le Parnasse ; les Oréades embellissaient par leur présence, et les plus âpres rochers, et les collines les plus fertiles ; mais un culte nouveau fit disparaître les fables des premiers siècles : à ces douces illusions, à ces récits enchanteurs qui enflammaient le génie poétique, qui présidaient aux plus sublimes conceptions, qui faisaient naître les plus brillantes images, la science a substitué ses méditations profondes, ses tristes mais utiles vérités. Elle n'a voulu voir dans la matière que la matière elle-même : elle en a étudié avec succès les formes et les agrégations diverses ; et, sans méconnaître la main puissante qui sema la vie et la fécondité sur la terre, elle a reconnu que des formations différentes ont changé ou modifié la surface du globe ; elle a retrouvé les signes certains de ces formations sur les Andes, sur l'Atlas, sur la Caucase, sur les Alpes ; et c'est dans l'une des plus grandes chaînes de monts qui existent en Europe que nous allons les rencontrer encore.»

Statistique générale des départemens pyrénéens, ou des provinces de Guienne et de Languedoc. Alexandre du Mège. Treuttel et Wurtz (1828)

mercredi 9 septembre 2015

Article R4228-20
Modifié par DÉCRET n°2014-754 du 1er juillet 2014 - art. 1

Aucune boisson alcoolisée autre que le vin, la bière, le cidre et le poiré n'est autorisée sur le lieu de travail.
Lorsque la consommation de boissons alcoolisées, dans les conditions fixées au premier alinéa, est susceptible de porter atteinte à la sécurité et la santé physique et mentale des travailleurs, l'employeur, en application de l'article L. 4121-1 du code du travail, prévoit dans le règlement intérieur ou, à défaut, par note de service les mesures permettant de protéger la santé et la sécurité des travailleurs et de prévenir tout risque d'accident. Ces mesures, qui peuvent notamment prendre la forme d'une limitation voire d'une interdiction de cette consommation, doivent être proportionnées au but recherché.

Code du travail 2015

mardi 8 septembre 2015

«Écrire sa vie, c'est écrire l'histoire de ses erreurs & de ses foiblesses. On a beau faire son apologie dans des situations critiques, on découvre toujours l'endroit foible, quelque art qu'on emploie pour le cacher. Tout homme ment, s'il n'avoue pas qu'il a eu des torts ; je ne sais même (ceci paroîtra sans doute un paradoxe) si celui qui en a le moins, est toujours celui qui vaut le mieux. Les circonstances où nous nous trouvons, influent si fort sur nos vertus & sur nos vices, qu'on est peut être aussi injuste, soit qu'on loue, soit qu'on blâme. Mais sans entrer dans une discussion qui pourrait mener trop loin, je dirai seulement que j'ai fait beaucoup de fautes ; que quelques-unes ont été l'effet du hasard, qu'un grand nombre d'autres ne furent que l'ouvrage du préjugé, & que les véritables, celles que je me reproche le plus, sont ce que la plupart des hommes ne regardent que comme des bagatelles, mais qu'un cœur droit & un esprit juste appelleroient des vices, si elles n'étoient suivies de repentir.»  


Marie-Geneviève-Charlotte Thiroux d' Arconville. Mélanges de littérature, de morale et de physique : Mémoires de Mademoiselle de Valcourt. Au dépens de la compagnie (1775)

dimanche 6 septembre 2015

«Thérèse se souvient que d'abord elle ne s'irrita pas : tout ce qui lui venait de Bernard l'atteignait moins que d'habitude (comme si un coup eût été porté plus loin). Elle ne l'entendait pas, le corps et l'âme orientés vers un autre univers où vivent des êtres avides et qui ne souhaitent que connaître, que comprendre - et selon un mot qu'avait répété Jean avec un air de satisfaction profonde, " devenir ce qu'ils sont".»

Thérèse Desqueyroux. François Mauriac. Bernard Grasset (1927)

samedi 5 septembre 2015

Réminiscence personnelle (8)

«- Moi, ce que je dis au fond, c'est par sens de la mesure : ça ne valait pas la peine de faire ce raffut, c'est la mesure qui a été rompue. On se tait pendant un mois entier, on rassemble ses forces, et, d'un seul coup -rien !
- Je voulais raconter longtemps, mais j'ai déjà honte d'avoir raconté ça. Les mots, ils ne peuvent pas tout dire, il y a des choses qu'il vaut mieux ne jamais raconter. Moi tenez, j'en dis assez, et, vous, n'est-ce pas, vous m'avez pas compris.
- Ah, toi aussi, ça t'arrive de souffrir que la pensée n'entre pas dans les mots. C'est une souffrance noble, mon ami, elle n'est donnée qu'à des élus ; les imbéciles sont toujours contents de ce qu'ils ont dit, et, en plus, ils en disent toujours beaucoup plus qu'il ne faut ; c'est le surplus qu'ils aiment.»

L'AdolescentFédor Dostoïevski. Actes Sud (1998)

vendredi 4 septembre 2015

Réminiscence personnelle (7)

«Ma chère fille,
Nos pensées, même les plus agréables, sont inquietes & agitées ; & notre ame ne peut goûter aucun repos tans qu'elle est possédée d'une passion chérie. Comme vous êtes à présent le principal objet de mes soins aussi bien que de ma tendresse, toutes mes idées se portent vers vous. Tantôt je me flatte que vous serez heureuse dans le monde : (pensée plus conforme à mes désirs qu'à des espérances raisonnables.) D'autres fois mes craintes l'emportent ; & je frémis à la vue des dangers auxquels une jeune femme est nécessairement exposée. Plus elle a d'imagination & de vivacité, plus il est aisé de la corrompre : semblable aux fleurs les plus délicates qui sont les premières flétries.»

Avis d'un père a sa filleGeorge Savile Halifax. Hippolyte-Louis Guérin et Louis-François Delatour (1755)

jeudi 3 septembre 2015

«§351. La nature qui destinoit les femmes à élever le genre humain dans leur sein, les assujettit à un écoulement de sang périodique, qui est la source d'où l'enfant tirera un jour sa subsistance.

Cette évacuation commence généralement dans ce pays, entre quatorze et seize ans. Souvent avant qu'elle paroisse, les jeunes filles sont pendant long-temps dans un état de langueur, qu'on appelle chloroseoppilationspâles couleurs ; & quand elle tarde à venir, elles tombent dans des maladies très-graves & fort souvent mortelles.»

Avis au peuple sur sa santé. Samuel Auguste André David TissotE.V. Harrevelt‎ (1764)

mercredi 2 septembre 2015

«J'ai imaginé pour la lactation un instrument, ou plutôt un vaisseau, qui tient lieu d'une mammelle ; & duquel les enfants peuvent sucer peu-à-peu le lait, sans courir le risque d'être suffoqués. C'est une espèce de vessie de crystal ou de verre, dont l'embouchure est faite en globule de métal, mais dorée, afin qu'il ne s'y amasse ni rouille, ni verd-de-gris. La moitié de ce globe creux est fixée par un collet à l'extrémité du col du vaisseau, qu'on remplit de l'un ou de l'autre lait. On met ensuite une éponge qui remplisse la capacité du globe, & passe par l'autre moitié au-dehors. On ferme alors le globe avec l'extrémité supérieure, qui doit être faite à vis au bord inférieur. On présente alors le bout d'éponge à l'enfant, qui le suce aussi-tôt avec succès. On aura soin de choisir une éponge très fine, & très propre.»

Manière d'allaiter les enfans à la main au défaut de nourrices. Filippo Baldini. Buisson (1786)

mardi 1 septembre 2015

Résonances contemporaines (16)

«Parce que plusieurs femmes ayant conçu enfans par moyens déshonnêtes ou autrement, persuadées par mauvais pouvoir & conseil, déguisent et occultent leurs grossesses, sans en rien découvrir & déclarer ; & advenant le temps de leur part & délivrance de leur fruit ; occultement s'en délivrent, puis le suffoquent, meurtrissent, & autrement, suppriment , sans leur avoir fait impartir le sacrement de baptême ; ce fait, les jettent en lieux secrets & immondes, ou enfossoyent en terre profane, les privant, par tel moyen, de la sépulture coutumiere des Chrétiens. Ordonnons que toute femme qui se trouvera duement atteinte & convaincue d'avoir celé, couvert & occulté tant sa grossesse qu'enfantement, sans avoir déclaré l'un ou l'autre, & avoir pris de l'un ou l'autre témoignage suffisant, même de la vie ou mort de son enfant, lors de son issue de son ventre, soit telle femme, pour réparation publique, punie de mort & dernier supplice.
A fin que nulle femme, servante & chambriere, ou autre, puisse prétendre cause d'ignorance de l'ordonnance ci-dessus, enjoignons à tous les curés de publier & dénoncer au peuple le contenu de ladite ordonnance à leur prônes des messes paroissiales, de trois en trois mois.»

Galerie philosophique du seizième siècle. Charles Joseph Mayer. Moutard imprimeur-libraire (1783)