lundi 30 janvier 2017

«DYSCOLE. adj. des deux genres. Il se dit d'une personne avec qui il est difficile de vivre, ou d'une personne qui s'écarte des opinions reçues. Il est peu usité.
PEAUTRE. s. m. Vieux mot qui n'est plus usité que dans cette phrase populaire, Envoyer quelqu'un au peautre ou aux peautres, Le brusquer pour le congédier, le chasser.»

Dictionnaire de l'Académie française. Firmin-Didot et Cie (1884)

dimanche 29 janvier 2017

«Tant que ma civilisation s'est appuyée sur Dieu, elle a sauvé cette notion du sacrifice qui fondait Dieu dans le coeur de l'homme. L'Humanisme a négligé le rôle essentiel du sacrifice. Il a prétendu transporter l'Homme par les mots et non par les actes.
Il ne disposait plus, pour sauver la vision de l'Homme à travers les hommes, que de ce même mot embelli par une majuscule. Nous risquions de glisser sur une pente dangereuse et de confondre, un jour, l'Homme avec le symbole de la moyenne ou de l'ensemble des hommes. Nous risquions de confondre notre cathédrale avec l'ensemble des pierres.»

Pilote de guerreAntoine de Saint-Exupéry. Éditions Gallimard (1959)

mardi 24 janvier 2017

«Le lit pose une des plus grandes questions de notre époque. Nous sommes déchirés entre deux attentes. Notre désir de couple, de proximité amoureuse, cette envie de construire un petit monde d’amour. Et, a contrario, l’aspiration à notre bien-être personnel qui nous incite à élargir de plus en plus nos espaces de confort individuel. En somme, nous voudrions dormir seuls et dormir avec. Le lit est la ligne de front, le lieu de confrontation permanente entre ces deux utopies contradictoires qui sous-tendent nos sociétés. La façon dont se conjuguent ces deux aspirations dévoile l’évolution future de la société, vers toujours plus d’individualisme ou d’envie d’unité. Le lit est aussi un thermomètre du couple… Il révèle le sens des évolutions conjugales. C’est un lieu où les désirs et les rejets se font les plus intenses. Une femme m’a expliqué comment elle dormait accrochée au matelas pour éviter tout contact avec son époux.
Le lit lui-même peut être à l’origine de tensions dans le couple. Lors des premiers temps d’une relation, l’amour et le désir le bouleversent. Le confort personnel est oublié, seul compte l’autre et son corps. Un matelas jeté sur le sol peut suffire pour bien vivre sa nuit. C’est lorsqu’on se couche ensemble tous les soirs qu’on peut commencer à se trouver à l’étroit. Dormir à deux implique tout un apprentissage, des ajustements discrets. Au fil du temps, en ronflant, en bougeant, le partenaire peut se transformer en redoutable ennemi de l’intérieur. Bien des amours se brisent sur un simple ronflement.»

Un lit pour deux. Jean-Claude Kauffman. Jean-Claude Lattès (2015)

dimanche 22 janvier 2017

Convergence temporelle

Citadelle. Antoine de Saint-Exupery. Gallimard (1959)
«- Je parle anglais tenez comme un porc !... Je vous le concède, vous pouvez le dire ! C'est entendu !... j'arrive pas à sortir leur "the" ni leur "thou"...
Il me rappelait Cascade pour l'anglais, qu'était rétif aux "thou" !

Guignol's band I. Louis-Ferdinand Céline. Gallimard (1951)
«Sur l'écran de l'ordinateur le prénom de Maud suggérait surtout une malédiction: plus grand l'amour, plus profond l'échec.»

Château-rouge hôtel. Renaud Burel. Allia (2013)

vendredi 20 janvier 2017

«- Il est trois heures du matin -
Ici tout dort : la fille d'Eve
Croit dévider son écheveau ;
Le laboureur, dans un beau rêve,
Voit ses bœufs, sa vache et son veau ;
La villageoise au sein d'albâtre,
A la dent blanche, à l'oeil mutin,
Voit dans un songe, la folâtre,
Son hymen pour demain matin ;
Sa voisine, non moins heureuse,
Vierge encor de tout repentir,
Sent sur ses lèvres amoureuses
D'autres lèvres s’apesantir...»

Le docteur Rataplam!!! Poème fantasmagorique. Basile Cassaignau (1870)
«Brebiette a perdu un s, Perrette un i, ariette aussi un i, et de plus, il a changé de genre. Cochet, jeune coq, et bouquet, une fleur ou deux qu'on porte à la bouche, ne font ni coquet ni bouchet ; on voit ou plutôt on entend assez pourquoi.»

Causerie philologique sur un mot proposé par M. Edouard Thierry (du Moniteur). J. Lapaume. Guyon (1858)

mardi 17 janvier 2017

«Dire d'une oeuvre d'art qu'elle est immorale, pornographique, si l'on veut, la poursuivre et la condamner même, ce n'est pas toujours et nécessairement noter d'infamie l'artiste qui l'a produite.»

Art et pornographieGeorge Fonsegrive. Librairie Bloud & compagnie (1911)

lundi 16 janvier 2017

«Remplacement de X par S à la fin des mots pluriels.
Les mots loi, clou, bambou, coucou sont écrits maintenant par L'Académie avec un s au pluriel ; il n'y a d'ecception que pour les sept mots suivants : chou, caillou, genou, glouglou, hibou, joujou, pou, qu'il conviendrait de faire rentrer dans la règle, en remplaçant par l's qui en est la marque, l'x que rien ne motive.»

Remarques sur la réforme de l'ortografie française. Ambroise Firmin-Didot. Ambroise Firmin-Didot (1872)

dimanche 15 janvier 2017

Épicure à Ménécée

«Quand on est jeune, il ne faut pas hésiter à philosopher, et quand on est vieux, il ne faut pas se lasser de philosopher. Il n'est jamais ni trop tôt, ni trop tard pour prendre soin de son âme. Celui qui dit qu'il n'est pas encore ou qu'il n'est plus temps de philosopher, ressemble à celui qui dit qu'il n'est pas encore ou qu'il n'est plus temps d'atteindre le bonheur. On doit donc philosopher quand on est jeune et quand on est vieux, dans le second cas pour rajeunir au contact du bien, par le souvenir des jours passés, et dans le premier cas, afin d'être, quoique jeune, aussi ferme qu'un vieillard devant l'avenir. Il faut donc étudier les moyens d'acquérir le bonheur, puisque quand il est là nous avons tout, et quand il n'est pas là, nous faisons tout pour l'acquérir..
[...]»

Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres : EpicureDiogène Laërce. Garnier-Frères (1965)

«Comme si nous avions l'attouchement infect, nous corrompons par notre maniement les choses qui d'elles-mêmes sont belles et bonnes. Nous pouvons saisir la vertu, de façon qu'elle deviendra vicieuse : si nous l'embrassons d'un désir trop âpre et violent. Ceux qui disent qu'il n'y a jamais d'excès en la vertu, d'autant que ce n'est plus vertu, si l'excès y est, se jouent des paroles.»

Les Essais : De l'amitié. Montaigne. Librairie Générale Française (2002)
«Comme je comprends que les Occidentaux s'insurgent du haut de leur "laïcité" en lambeaux, contre les obscurantismes des autres ! Comme je comprends que nous nous scandalisions à la pensée des tchadors et des ayatollahs ! Comme il est logique que nous nous alarmions de la montée de l'intégrisme islamique ou de la renaissance de l'irrationalisme en Europe centrale et en URSS, alors qu'ici, en France, une biographie d'Edgar Poe, par exemple, peut paraître, sans faire rire personne, équipée d'une "carte du ciel" ("signe du Capricorne, ascendant Scorpion, triple influence de Saturne, Uranus et Neptune") ! Dans le cafouillage contemporain, il est d'ores et déjà redevenu presque impossible de distinguer les croyants proprement dits (intégristes, fondamentalistes et autres) de la prétendue "société laïque"»

L'Empire du BienPhilippe Muray. Les Belles Lettres (2014)
«- C'est là une idée très actuelle. Nous ne sommes pas capables de nous libérer nous-mêmes, la chose ne fait aucun doute : nous appelons cela démocratie, mais la démocratie n'est que l'expression politique d'un état psychique d'indifférence absolue. Nous sommes à l'époque du bulletin de vote. Déjà chaque année, nous élisons notre idéal sexuel, le reine de beauté, par le moyen du vote. Nous avons fait de la science positive notre idéal : c'est comme si nous glissions de force dans la main des prétendus faits un bulletin de vote, afin qu'ils choisissent à notre place. L'époque est philanthropique et lâche : on a pas le courage de décider ce qui est valeur et ce qui n'en est pas. La démocratie réduite à sa plus simple expression, revient à faire ce qui se produit ! Soit dit en passant, c'est là un des plus infâmes cercles vicieux que l'histoire de notre race ait connus.»

L'Homme sans qualités. Robert Musil. Editions du Seuil (1956)

samedi 14 janvier 2017

«Le chef est celui qui prend tout en charge. Il dit : J'ai été battu. Il ne dit pas : Mes soldats ont été battus. L'homme véritable parle ainsi. Hochedé dirait : Je suis responsable.
Je comprends le sens de l'humilité. Elle n'est pas dénigrement de soi. Elle est le principe même de l'action. Si, dans l'intention de m'absoudre, j'excuse mes malheurs par la fatalité, je me soumets à la fatalité. Si je les excuse par la trahison, je me soumets à la trahison. Mais si je prends la faute en charge, je revendique mon pouvoir d'homme. Je puis agir sur ce dont je suis. Je suis part constituante de la communauté des hommes.»

Pilote de guerreAntoine de Saint-Exupéry. Éditions Gallimard (1959)

jeudi 12 janvier 2017

»Entre la féminité telle que vendue dans les magazines et celle de la pute, la nuance m'échappe toujours. Et, bien qu'elles ne donnent pas clairement leurs tarifs, j'ai l'impression d'avoir connu beaucoup de putes, depuis. Beaucoup de femmes que le sexe n'intéresse pas mais qui savent en tirer profit. Qui couchent avec des hommes vieux, laids, chiants, déprimants de connerie, mais puissants socialement.»

King Kong théorie. Virginie Despentes. Grasset (2006)

mercredi 11 janvier 2017

«Doucet
729
Adam et Eve

On n'a jamais bien su quel était au vieux temps
L'âge de puberté chez la femme et chez l'homme.
D'après Monsieur Doucet, mère Eve avait onze ans
Quand elle a croqué la pomme.»

Salon humoristique :1877. Henry Polday. Librairie centrale de Philippe Reichel (1877)

dimanche 8 janvier 2017

«Parapine, ce qu'il a trouvé d'abord en me revoyant, c'est que j'avais pas bonne mine.
"T'as dû te fatiguer toi, là-bas à Toulouse", qu'il a remarqué, soupçonneux, comme toujours.
C'est vrai qu'on avait eu des émotions là-bas à Toulouse, mais enfin, fallait pas se plaindre, puisque je l'avais échappé belle, du moins je l'espérais, aux vrais ennuis, en me défilant au moment critique.»

Voyage au bout de la nuitLouis-Ferdinand Céline. Éditions Gallimard (1952)
«[...] : enfin tout ce qu'on peut donner à la faveur de l'Académie, c'est dire, que c'était un amour se terminant en amitié : chose qui se rapporte pas mal à la définition Stoïque de l'amour : Amorem conatum esse amicitiae faciendae ex pulchritudinis specie [L'amour est un effort pour construire une amitié à partir de la vue de la beauté]
Je reviens à ma description, de façon plus équitable et plus équable : Omnio amicitiae, corroboratis iam, confirmatisque ingeniis et oetatibus, iudicandae sunt. [En dernière analyse, on peut juger des amitiés que lorsque les caractères et les âges se sont affirmés et ont acquis de la maturité.] 
Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ne sont qu'accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes s'entretiennent. En l'amitié de quoi je parle, elle se mêlent et confondent l'une en l'autre, d'un mélange si universel, qu'elles effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en répondant : Parce que c'était lui, parce que c'était moi.»

Les Essais : De l'amitié. Montaigne. Librairie Générale Française (2002)

samedi 7 janvier 2017

«Si la vie sous sépare, le souvenir du temps où nous nous connûmes durera.»

Le Clair de Terre. Guy Gilles. (1970)
« Évidemment, coloriser des vieux films ou en translater de plus récents dans des décors de Pensylvanie, supprimer des plans, en rectifier d'autres, tout cela vaut mieux, mille et mille fois, que de brûler des livres à Berlin au milieu des années 30, n'allez pas me faire dire des choses. Vous ne me verrez pas déraper dans l'antiaméricanisme primaire, c'est très mal porté d'abord ça fait vieux con, Duhamel réactionnaire moisi grotesque. Je ne veux pas chatouiller ce tabou. Ce qu'il y a pourtant de curieux, c'est que ce sont les mêmes, qui agitaient, il y a quinze ans, l'épouvantail de l'anticommunisme primaire, et qui ne veulent pas aujourd'hui qu'on se montre antiaméricain primaire.»

L'Empire du Bien. Philippe Muray. Les Belles Lettres (1991)

vendredi 6 janvier 2017

«Sous le règne de Louis le Grand, la ville d'Aix qui étoit déjà fort considérable, fut encore augmentée, & en même temps elle fut embellie. On entre dans la ville par huit portes différentes, mais dont il n'y en a aucune qui mérite une attention particulière. Les rues en général sont bien percées, & bien pavées mais malpropres. Le quartier d'Orbitelle est le plus beau de la ville ; les rues y sont tirées au cordeau, & les maisons belles et bien bâties.»

Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France. Abbé Expilly. Desaint, Bauche, Durand (1762)

jeudi 5 janvier 2017

«Le traitement varie suivant la différence des symptomes & des degrés de la maladie. Pour ce qui est du premier degré qui est la gonorrhée virulente, Voyez CHAUDE-PISSE & GONORRHEE.
Voici la méthode du docteur Picarn. Après avoir fait vomir deux ou trois fois, il ordonne le mercure doux deux fois par jour, durant quelques jours.  Lorsque la bouche fait mal, il laisse le mercure doux pendant trois ou quatre jours, & il purge de deux jours l'un. Dès que la bouche ne fait plus mal, il recommence l'usage du mercure doux, & ainsi alternativement jusqu'à ce que les symptomes cessent. Voyez MERCURE.
On tient communément que la salivation mercurielle est le seul remède efficace pour la maladie vénérienne confirmée. Cependant il y a des gens qui croient que les frictions mercurielles, données en petites quantités et de loin-à-loin non-seulement sont moins fâcheuses & moins dangereuses mais encore réussissent mieux dans cette maladie que la salivation. Voyez SALIVATION.»

Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, par une société de gens de lettres. Denis Diderot, Jean le Rond d'Alembert. Samuel Faulche et compagnie (1765)

mardi 3 janvier 2017

Quelques Éléments supplémentaires de la Société du Spectacle (7)

«Pas plus qu'il n'y a de chasteté chez la Jeune-Fille, il n'y a chez elle de débauche. La Jeune-Fille vit simplement en étrangère parmi ses désirs, dont le Surmoi marchand régit la cohérence. L'ennui de l'abstraction coule dans ce foutre.»

Premiers matériaux pour une théorie de la jeune filleTiqqun. Mille et une nuits (2001)