mardi 29 décembre 2020

«Au milieu des enfants, de cette jeunesse promise à la déchéance proche, un peu de feu aux joues, Françoise courait. Elle versait l'orangeade et le muscat, proposait des rondes et des petits jeux, offrait les fruits et les sandwiches, et personne mieux qu'elle sans doute ne sentait l'éphémère beauté de cette soirée. Où seraient-ils l'an prochain, ceux que le hasard réunissait ? Où serait-elle elle-même ? Elle était de beaucoup l'aînée au milieu de ces enfants et de ces jeunes gens et par une grâce toujours révocable, ils ne le lui faisaient pas savoir. Elle était aussi leste, aussi souple que jadis, mais pourquoi devait-elle penser que d'ici peu, tout ce trésor de fables s'évanouissait, et qu'elle avait sans doute peu de temps pour en jouir ? Alors elle se précipitait vers la danse, le chant et la musique, vers les puérilités les plus marques, comme pour arrêter le temps fuyant.»

Comme le temps passe... Robert Brasillach. Plon (1937)
«Elle m'a dit plus tard avoir senti disparaître en elle le plaisir du jeu, de façon très précise, et y avoir goûté une mélancolie affreuse, non sans secrète volupté. Elle se demanda longtemps, sans que personne lui trouvât de réponse, pourquoi toutes les petites filles, à un moment donné, cessent de jouer à la poupée. Sous une apparence puérile, la question est beaucoup plus grave qu'on ne le suppose, et surtout plus vaste. Il ne suffit pas d'invoquer les transformations de la puberté car ce n'est guère qu'un mot qui n'explique pas pourquoi tout un monde imaginaire disparaît, et pourquoi après une habitude qui remonte parfaois à de nombreuses années, la porcelaine et le bois et le carton ne sont plus capables de devenir des êtres humains, alors que le papier imprimé par exemple, les livres, continuent à servir aussi aisément de support à notre imagination.»

Comme le temps passe... Robert Brasillach. Plon (1937)

Fin du monde ? Évolution

«L'amour consiste en des images qui obsèdent l'esprit. S'ajoute à ces visions irrésistibles une conversation inépuisable qui s'adresse à un seul être auquel tout ce qu'on vit est dédié. Cet être peut être vivant ou mort. Son signalement est donné dans les rêves car dans les rêves ni la volonté ni l'intérêt ne règnent. Or, les rêves, ce sont des images. Même, d'une façon plus précise, les rêves sont à la fois les pères et les maîtres des images. Je suis une homme que les images attaquent. Je fais des images qui sortent de la nuit. J'étais voué à un amour ancien dont la chair ne s'est pas évanoui dans la réalité mais dont la vision n'a plus été possible parce que l'usage en a été accordé à un plus bel échantillon. Il n'y a pas lieu d'épiloguer davantage.»

Terrasse à Rome. Pascal Quignard. Gallimard (2000)

mardi 22 décembre 2020

Visionnage domestique parisien (67)

Si le vent te fait peur. Émile Degelin (1960)

 «A la même heure, dans la ville de France où Florence et René auraient dû vivre, chacun dans une famille différente d'ailleurs, d'autres petits enfants en tablier noir menaient la vie étouffée que l'on pouvait mener à la fin du XIXe siècle bourgeois. Grâce à cet isolement saugrenu, grâce à la complicité de plusieurs personnes, ils pouvaient goûter l'enfance dans ce qu'elle a de plus pur, comme une vie miraculeuse, l'enfance dans son domaine réel qui est le jardin.»

Comme le temps passe... Robert Brasillach. Plon (1937)

lundi 21 décembre 2020

PBF 2020.29 : Émeute de détails

 

Mercredi 23 décembre 2020 à 19H, nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque avec comme titre : Émeute de détails. Il s'agit probablement de la dernière émission réalisée à la maison sur Garageband et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud.


Programmation musicale :
1) Les Voix humaines (Marin Marais) Christian-Pierre La Marca
2) Hard to be alone (Tal Wilkenfeld)
3) ATM (Anemic)
4) Introduction de Sports et divertissement (Éric Satie) Aldo Ciccolini et Jeanne Moreau
5) Absences répétées (Jeanne Moreau) du film éponyme de Guy Gilles
6) California dreamin' (Mamas and Papas)
7) Yesterday (Beatles) Christian-Pierre La Marca
8) Cross crisis in lust form (Robert Fripp / Brian Eno)


Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF : https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/pbf-202029-emeute-de-d%C3%A9tails/


Allons-y gaiement et sans mollir !

photographie de Françoise Arnoul

lundi 14 décembre 2020

 «[...] tous les moyens sont bons, notamment celui de mélanger les arts, et de surexposer un message de mots à un discours de sons. On retrouve là l'éthique de Marcel Duchamp : se désapproprier l'expression psychologique, montrer une réalité qui n'a plus de sens ou qui en possède un autre, exorciser les démons de l'inconscient en les jetant à la figure du public, créer un autre temps de l'écoute, de la respiration, de la marche, de la vie. Satie va inventer une musique chorégraphique, qui réconcilie le corps et l'esprit et qui s'imprime en nous comme une fresque. Elle prend la forme tantôt d'une supplication enfantine avec une naïveté feinte, tantôt d'un trait d'esprit d'une violence stridente, tantôt d'une danse lente et blanche, désaffectivisée comme un souvenir lointain, enfoui dans une inscription intérieure immémoriale.»

Erik Satie. Jean-Pierre Armengaud. Fayard (2009)

mercredi 9 décembre 2020

«Lorsque je serai mort, toi qui as des yeux bleus couleur de ces petits coléoptères bleu de feu  des eaux, petite jeune fille que j’ai bien aimée et qui as l’air d’un iris dans les fleurs animées, 
tu viendras me prendre doucement par la main. Tu me mèneras sur ce petit chemin. Tu ne seras pas nue, mais, ô ma rose, ton col chaste fleurira dans ton corsage mauve. Nous ne nous baiserons même pas au front. Mais, la main dans la main, le long des fraîches ronces où la grise araignée file des arcs-en-ciel, nous ferons un silence aussi doux que du miel ; et, par moment, quand tu me sentiras plus triste, tu presseras plus fort sur ma main ta main fine -et, tous les deux, émus comme des lilas sous l’orage, nous ne comprendrons pas... nous ne comprendrons pas...» 

De l'angélus de l'aube à l'angélus du soir. Francis Jammes. Mercure de France (1898)

lundi 7 décembre 2020

PBF 2020.28 : Les masques ne suffisent pas, des baillons pour diminuer la cacophonie ambiante

Mercredi 9 décembre 2020 à 19H, nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque avec comme titre : LES MASQUES NE SUFFISENT PAS. Il s'agit de la quatrième émission du deuxième confinement réalisée à la maison sur Garageband et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud.

Programmation musicale :
1) Scène d'ouverture de Y-a-t-il un français dans la salle (Jean-Pierre Mocky / Frédéric Dard)
2) Nichts is gekommen, Altenberg Lieder n°4 (Alban Berg) Margaret Price, LSO dirigé par Claudio Abbado
3) Lento du concerto pour piano n°1 (Dmitri Schoskatovitch) Royal Concergebouw d'Amsterdam dirigé par Ricardo Chailly, piano Ronald Brautigam, trompette, Peter Masseurs 
4) Thème d'amour de Spartacus (Alex North) Yusef Lateef
5) San Francisco (Scott McKenzie)
6) Tall man is dead (Supernatural orchestra)
7) Beta (Aemic)
8) One thing to another (Tal Wilkenfeld)
+ Chronique de l'univers place Pinel : Comment voir la place Pinel ?

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF : https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/pbf-202028-les-masques-ne-suffisent-pas/

Allons-y gaiement et sans mollir !

samedi 5 décembre 2020

«Le temps passait. Le bonheur se raconte mal. Il s'use aussi, sans qu'on perçoive l'usure.»

Jules et Jim. Henri-Pierre Roché. Gallimard (1953)


«-Maman j'ai une poussière dans l'oeil, dit Adriana qui s'approchait.
- J'ai une poussière dans le coeur, dit Laurence.»

Les escaliers de Chambord. Pascal Quignard. Gallimard (1989)

jeudi 3 décembre 2020

Véritable périple flasque (pour un chien) : documentation 4

 «Striptease, peepshows, opium, absinthe et vin bon marché, prostituées pour tous les goûts et tous les budgets, telle est l'image gaie et visible d'un autre Paris, un Paris secret, qui persiste jusqu'à aujourd'hui dans la mémoire des visiteurs étrangers de la capitale française.»

Erik Satie. Allan M. Gillmor. The Mcmillan press (1988)

 «Il aimait les enfants, les fleurs coupées, le soleil, le nom amer des bières obscures, les vêtements chauds, les peintures sur bouton et les petites voitures. Il croyait qu'il demeurait une espèce de liaison entre les âmes des touts petits enfants qui hurlent et celles des hommes dont la crainte de la mort et le silence ont déjà commencé à figer les traits. Et ce pont exigu entre ces âges et ces nécessités si éloignés était l'objet de tous ses soins. C'était comme le déchet minuscule d'une passion qui avait été dévastatrice. Il avait l'impression que la préservation ou la restauration de ce pont miraculeux était le seul trésor de ce qu'on avait accoutumé d'appeler le destin.»

Les escaliers de Chambord. Pascal Quignard. Gallimard (1989)

mercredi 2 décembre 2020

Visionnage domestique parisien (64)

L'âge des illusions. István Szabó (1965) 

Quelques Éléments supplémentaires de la Société du Spectacle (30)

Françoise Arnoul dans L'épave (1949) de Willy Rozier 

«Ce qui se monnaie dans le coït, c'est l'estime de soi.»

Premiers matériaux pour la théorie de la jeune-Fille. Tiqqun. Mille et une nuit. (2001)