mercredi 29 décembre 2021

Pour l'instant, vous me surprendriez

«Pour l'instant, vous me surprendriez vraisemblablement dans un passé vieux déjà de quelques années, écrivant des nuits entières, des jours entiers, parfois à demi brisé de fatigue, le corps cassé d'être resté plié en deux au-dessus de la table, l'estomac douloureux et dans la bouche l'écoeurement sec du tabac. Claustré pendant des semaines d'affilée dans mes chambres d'hôtel successives et, en tout dernier lieu de cette période singulière où je commençais d'écrire, dans la chambre à coucher du minuscule appartement où j'étais venu m'installer avec une femme, rédigeant un livre sur lequel je fondais tous mes espoirs. Livre qui ne verrait jamais le jour, du moins sous sa forme originelle. Mais en l'écrivant j'étais persuadé qu'il atterirait bientôt sur la planète avec la force d'un météorite, laissant derrière lui tous ceux que j'avais pu ingurgiter  en vrac au cours de sept ou huit ans de quête intellectuelle désordonnée.»

SeptentrionLouis Calaferte. Denoël (1984)

mercredi 22 décembre 2021

Ils roulent leurs cigarettes entre leurs gros doigts un peu raides

«Ils roulent leurs cigarettes entre leurs gros doigts un peu raides. Des brindilles de tabac s'émiettent sur le bord de la table. La cigarette faite, ils les ramassent soigneusement du tranchant de la main et les font glisser dans la blague en vessie de porc qu'ils replient ensuite avan de la fourrer dans leur poche, la cigarette derrière l'oreille. Ils la prennent délicatement entre deux doigts pour ne pas l'écraser. Ils la happent entre leurs lèvres arrondies et l'allument dans de grosses bouffées de fumée bleue. Le verre de vin à côtes est toujours rempli à demi. Ils boivent une gorgée et s'essuient les lèvres ou la moustache avec application d'un petit geste sec du dos de l'index. Ils peuvent rester longtemps sans dire un mot. Le café est brun de fumée.»

C'est la guerreLouis Calaferte. Gallimard (1993)


PBF 2021.26 : Marcel balisait son sommeil de petits drapeaux

Mercredi 22 décembre 2021 à 19H, nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque dont le titre est : MARCEL BALISAIT SON SOMMEIL DE PETITS DRAPEAUX. Elle comprend une nouvelle chronique de l'univers, place Pinel de Marius Pinel. Cette émission est montée à la maison sur Garageband. Elle est diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud.

Programmation musicale :
1) Electron libre Bande originale du film Tralala de Arnaud et Jean-Marie Larrieu (Matthieu Amalric)
2) The only things she needs (UK)
3 L'épine (Juliette Armanet)
4) Où êtes-vous allées ? (Kapster's girls)
5) Tieduprightnow (Parcels) 
6) God allows me please to play music (Voice of baceprot)
7) Beauté (Arianne Moffatt)
8) Fat time (Miles Davis)
9) La crise est finie (Chanson plus)

+ Chronique de l'univers, place Pinel n° 34 : Masquer la place Pinel par Marius Pinel

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF : https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/marcel-balisait-son-sommeil-de-petits-drapeaux-la-petite-boutique-fantasque-202126/


Allons-y gaiement et sans mollir !

dimanche 19 décembre 2021

Éblouissement des prémisses (65)

«Au patronage du jeudi, M. l'Abbé nous fait asseoir dans la salle de théâtre. La voix autoritaire. Nous devons être patriotes. Patriote, c'est quelqu'un qui aime sa patrie. La patrie, c'est le pays où on est né, où nos parents et tous nos ancêtres sont nés, ont travaillé, ont souffert, sont morts et ont été enterrés. La patrie, c'est la mère des hommes. Comme Jésus avait sa mère, la Vierge Marie, nous aussi nous avons une maman, mais la patrie est notre mère à tous. Notre patrie, c'est la France. La France est le plus beau pays de la terre. c'est le pays de Jeanne d'Arc, de saint Vincent de Paul et du père de Foucauld. Dieu aime la France. Dieu la défend. Dieu la protège. Dieu la sauvera. Nous devons aimer Dieu et notre patrie, la France. Nous devons souffrir pour elle et, s'il le faut, mourir pour elle. Mourir pour la patrie est une grâce spéciale de Dieu. Peut-être que certains de nos papas qui sont partis pour le front et qui vont se battre le fusil à la main se feront tuer par le serpent qui est l'ennemi. Nous devons prier pour que nos papas reviennent tous en bonne santé et couverts de gloire, mais si jamais il advient que l'un d'entre eux tombe au champ d'honneur, ce sera pour l'amour de la patrie, donc pour l'amour de Dieu, et il ira tout droit au Ciel, accompagné par la cohorte des Anges qui répandront des pétales de roses autour de lui pendant l'éternité. Nous qui ne sommes pas à la guerre, parce que nous sommes des enfants, nous avons néanmoins des devoirs envers notre famille comme envers notre patrie, cette belle patrie de France qui nous a nourris des richesses de son passé. Nous sommes ses fils, nous devons l'aimer comme nous aimons Dieu et la servir comme nous servons Dieu. Tous les saints nous regardent, nous ne devons pas les décevoir par notre mauvaise conduite, ils doivent être fiers de nous tous les jours. Notre sang de Français c'est être un enfant de Dieu. Nous devons défendre notre terre contre ceux qui veulent la piller et la mettre en esclavage.»

C'est la guerre. Louis Calaferte. Gallimard (1993)

lundi 13 décembre 2021

Rediffusion de la Petite Boutique Fantasque : Les bottes du chat

Mercredi 15 décembre 2021 à 19H, rediffusion d'une émission de la Petite Boutique Fantasque autour du film de Pascal Hérold, Jérôme Deschamps et Macha Mackaieff, La véritable histoire du chat botté (2009). Cette émission est écoutable sur Toulouse en hertzien 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud.


Programmation musicale :
1) The swan (Clara Rockmore)
2) Ederlezi (Beirut)
3) Voglio fuori il boia (Enzo del Rey)
4) Eisbar (Grauzone)
5) Wind and snow (Grouper)
6) Perpetuum mobile (Penguin cafe orchestra)
7) La chance (Superflu)
8) Mother of a girl (Violent femmes)
9) Once that I prayed now (New trolls)

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF : 
https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/les-bottes-du-chat-rediffusion-de-la-petite-boutique-fantasque/

Allons-y gaiement et sans mollir !

dimanche 12 décembre 2021

Quelques Éléments supplémentaires de la Société du Spectacle (42)


 «La Jeune-Fille est le geôlier d'elle-même, prisonnière d'un corps, fait signe dans un langage fait de corps»

Premiers matériaux pour la théorie de la jeune-FilleTiqqun. Mille et une nuit. (2001)

mercredi 1 décembre 2021

PBF 2021.25 : Je ne puis tomber qu'en Dieu

 

Mercredi 1 er décembre 2021 à 19H, nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque autour de la lecture d’extraits de La joie de Georges Bernanos (1929). Son titre est : JE NE PUIS TOMBER QU’EN DIEU. Cette émission est montée à la fois au studio de Radio Radio et à la maison sur Garageband à partir d’enregistrements effectués à Paris. Elle est diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud.

Programmation musicale :
1) La mandarine (Nicole Rieu)
2) Arioso barroco (André Jolivet) Daniel Roth, orgue et René Perinelli, trompette
3 Prélude n°1 (Olivier Messiaen) Michel Beroff, piano
4) Le bonheur quotidien (Anne Sylvestre)
5) Juin, barcarolle tirée des Saisons (Piotr Illich Tchaikovski) Siotoslav Richter, piano
6) Choral : Auf meiten lieben Gott (Jean-Sébastien Bach) André Isoir, orgue
7) Ton sourire (La Foire au chapeau)

+ lecture de cinq extraits de La joie de Bernanos, lus par Sophie : Présentation de Chantal de la Clergerie, De l’amour lorrain, Portrait d’une âme d’enfant abîmée en Dieu, Portrait d’un personnage dostoievskien et Révélation de la joie avant la violence du dénouement

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF :

Allons-y gaiement et sans mollir !


Photogramme de Margherita Caruso dans l’Évangile selon Saint-Matthieu de Pier Paolo Pasolini