mercredi 30 novembre 2016

«[...] je n'aimais pas au premier abord cette ouverture béante qui reçoit sans contrôle aucun tout ce qu'on y dépose ; l'enfant naturel et quelquefois aussi l'enfant légitime ; l'enfant nouveau né et celui que des parents dénaturés abandonnent en bas âge ; l'enfant de la misère mais aussi l'enfant de la débauche fortunée ; l'enfant de la fille séduite et l'enfant du désordre ; l'enfant du département et l'enfant qui lui est étranger ; je répugnais enfin au dépôt illimité au tour, à cette sorte de mainlevée qui me paraissait plutôt un encouragement qu'une restriction aux mauvaises mœurs ; [...]»

De la suppression des tours : de l'admission à  bureau secret des enfants-trouvés et des filles-mères. Rapport à la commission administrative des hospices civils de Toulouse et projet de règlement (2 avril 1850). Flavien d'Aldéguier. Bonnal et Gibrac (1850)
«Nous créerions du même coup, au sein de notre pays, un vaste courant d'émigration vers ces contrées nouvelles, riches et salubres. L'excédant des populations des villes, les oisifs, les déclassés, les désœuvrés, les fils de famille auraient, dans notre nouvelle colonie des Indes africaines, un débouché pour leur activité, des moyens sûrs d'acquérir honorablement une fortune rapide.»

Le trans-saharien. Gazeau de Vautibault. Challamel (1879)

dimanche 27 novembre 2016

Définition du XIXe siècle de l'art littéraire

«Initier les autres hommes à la connaissance complète de la nature de l'homme, révéler l'homme à lui-même, c'est évidemment l'objet de l'art littéraire. Or, les violences, les bassesses, les grossièretés, les dégradations et même les aberrations de l'homme font partie de sa nature. Rien n'est étranger à l'art. Il n'y a pas de domaine qui puisse lui être interdit.»

Art et pornographie
George Fonsegrive. Librairie Bloud & compagnie (1911)

samedi 26 novembre 2016

Convergence amicale

Ainsi parlait Zarathoustra  : un livre qui est pour tous et qui n'est pour personneFriedrich Nietzsche. Éditions Gallimard (1971)

vendredi 25 novembre 2016

«La vanité des femmes et la complaisance des hommes ont composé tous les Romans. Les attentats qu’on fait contre l’histoire dans ces sortes de livres, ne les rendent pas moins méprisables que les attentats qu’on y fait contre le bon sens ; je ne sais comment on peut donner cours à des ouvrages où la nature et l’histoire sont également falsifiées ; mais où la vertu est encore plus maltraitée que l’histoire et la nature.

La plupart des faiseurs de Romans veulent nous représenter une grande vertu jointe à une grande passion ; mais de la manière dont ils s’y prennent ils ne connoissent ni la passion, ni la vertu. Ils outrent l’un et l’autre, pour avoir lieu de dire de jolies choses, et de former des aventures surprenantes, ils font faire à des femmes toutes mondaines des actions plus héroïques que n’en ont fait les plus grands Saints, ils leur donnent une force en s’occupant sans cesse de leur passion, que l’on ne peut obtenir que par le jeune et la prière ; on a beau dire, ceux qui veulent étudier la chasteté dans des exemples si pernicieux ne deviendront jamais chastes ; quoi que la vertu soit aussi grande dans les Romans que la passion, on n’y apprendra jamais que celle-ci.»

Réflexions sur les défauts d’autruy. Pierre de Villiers. Claude Barbin (1690)

mercredi 23 novembre 2016

«Malraux, en effet, est tout ce qu’on veut sauf un historien. En revanche, il a le goût de la rêverie sur les siècles et les génies qui les animent. Les élèves invités à discuter, à lui poser des questions lors d’un enregistrement mémorable dont on a ici la transcription intégrale, ne posent pas des questions d’apprentis historiens mais des questions qui appellent la dimension du "héros", du "grand homme". C’est cela qui les intéresse. Malraux a vu, connu, croisé (peu importe le degré d’intimité) Nehru, de Gaulle, Mao : qu’est-ce qu’ils représentent, qu’est-ce qui les caractérise ? Réponse de Malraux : "l’obsession". Obsession de quoi ? C’est toujours la même hantise malrucienne : la confrontation avec la mort. Autrement dit : qu’est-ce qui tient devant la mort ? L’action historique, certains gestes, certaines aventures. Ce qui fait à la fois rêver et tenir tête à la débâcle. C’est le principe de composition des Antimémoires, où les conversations ressemblent aux morceaux de sitar que Ravi Shankar jouait à l’époque, en compagnie des Beatles. L’Histoire est un poème, une mélopée.» 

Malraux face aux jeunes : Mai 68, avant, après. Entretiens inédits. André Malraux. Préface de Michel Crépu. Editions Gallimard (2016)

mardi 22 novembre 2016

«L'u de bas de casse remplace le v qui n'existait pas dans la fonte de Gering que comme lettre capitale : l'i et le j sont employés indistinctement, autre usage commun à cette époque et qui a persisté longtemps même après l'emploi du v et du j consonne.»

Origine de l'imprimerie à Paris d'après des documents inédits. Jules Philippe. Charavay Frères, éditeurs (1885)

Convergence populacière

Ainsi parlait Zarathoustra  : un livre qui est pour tous et qui n'est pour personneFriedrich Nietzsche. Éditions Gallimard (1971)
«Vous les hommes supérieurs, voici ma leçon : sur la place publique personne n'accorde créance aux hommes supérieurs. Et voulez-vous y parler, grand bien vous fasse ! Mais la populace cligne de l'oeil, disant, : "Nous sommes tous égaux !"»

Ainsi parlait Zarathoustra  : un livre qui est pour tous et qui n'est pour personneFriedrich Nietzsche. Éditions Gallimard (1971)




dimanche 20 novembre 2016

«Comme tout homme un peu plus renseigné que les autres, il avait dû s'irriter d'innombrables fois déjà de la capacité d'admiration de ses contemporains, admiration qui tombe presque toujours à faux et, de la sorte, réussit encore à anéantir ce que l'indifférence avait laissé subsister.»

L'Homme sans qualitésRobert Musil. Éditions du Seuil (1956)

mercredi 16 novembre 2016

«Or, nos sociétés assurent qu'elles laissent libres toutes les doctrines, elles ne professent aucune religion, aucune philosophie, car si elles avaient une doctrine quelconque, que deviendrait, je vous prie, la liberté de penser ? Il faut qu'on soit libre de penser comme on l'entend. Il en résulte de la façon la plus nécessaire que chacun doit se croire libre d'agir comme il juge bon. Ceux qui dans leurs actions gênent trop les autres, ou leur font du mal, ou simplement dérangent leurs habitudes, sont réprimés. Etre tolérable, rester tolérable, tout est là. L'intolérable seul, c'est à dire l'exorbitant, le trop clairement inaccoutumé, est condamnable et réprimé. La société n'est qu'un milieu de tolérance.»

Art et pornographieGeorge Fonsegrive. Librairie Bloud & compagnie (1911)

lundi 14 novembre 2016

Résonances contemporaines (21)

«L'esprit de suite n'est pas toujours la qualité dominante des administrateurs ; la plupart de ceux-ci, dès leur arrivée aux affaires sont enclins à faire table rase des projets de leurs prédécesseurs pour en préparer de nouveaux, soit qu'ils veuillent par leurs fondations, ou leurs établissements fixer plus particulièrement le souvenir de leur passage à l'administration, soit par esprit de réaction, de contradiction, ou pour toute autre cause.»

Le Jardin des plantes de Toulouse : sa fondation, ses translations et ses transformations. L. Vergne. Imprimerie G. Berthoumieu (1893-1894)

dimanche 13 novembre 2016

«Même soumis à la torture, le sage peut être heureux. Seul un sage peut obliger ses amis aussi bien quand ils sont absents que quand ils sont présents. Quand on le torture, il peut se plaindre et gémir. Le sage n'abuse jamais d'une femme par des moyens illégaux. Il pourra châtier ses esclaves, mais il aura pitié de ceux qui ont des qualités, et il leur pardonnera. Selon les philosophes épicuriens, le sage ne doit pas être amoureux, ni se soucier de son tombeau. L'amour n'est pas une passion envoyée par les dieux. Le sage ne doit pas se soucier d'éloquence. Le mariage n'est jamais avantageux ; bienheureux même à qui il ne nuit pas. Le sage ne doit ni se marier, ni avoir d'enfants.»

Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres : EpicureDiogène Laërce. Garnier-Frères (1965)

samedi 12 novembre 2016

«Pour que les esclaves modernes acceptent, et même revendiquent, leur condition, il faut les droguer d'images et de racontars en permanence, et qu'ils n'aient pas la plus petite distance, le moindre recul par rapport à leur propre situation. Sauf pour s'effrayer d'être à ce point gratuits et serviles, d'où soumission renouvelée et renforcée d'angoisse.»

La Fête à Venise. Philippe Sollers. Éditions Gallimard (1991)
«Les jeunes c'est toujours si pressé d'aller faire l'amour, ça se dépêche tellement de saisir tout ce qu'on leur donne à croire pour s'amuser, qu'ils y regardent pas à deux fois en fait de sensations. C'est un peu comme ces voyageurs qui vont bouffer tout ce qu'on leur passe au buffet, entre deux coup de sifflet. Pourvu qu'on les fournisse aussi les jeunes de ces deux ou trois petits couplets qui servent à remonter les conversations pour baiser, ça suffit, et les voilà tout heureux. C'est content facilement les jeunes, ils jouissent comme ils veulent d'abord c'est vrai !
Toute la jeunesse aboutit sur la plage glorieuse, au bord de l'eau, là où les femmes ont l'air d'être libres enfin, où elles sont si belles qu'elles n'ont même plus besoin du mensonge de nos rêves.»

Voyage au bout de la nuit. Louis-Ferdinand Céline. Éditions Gallimard (1952)
«Le roman et l'art romanesque, maintenus en tant que clichés, ont donc été associés logiquement au mythe gelé d'un univers toujours aussi passionnant que par le passé, d'un vrai monde vivant qui recèlerait encore de multiples secrets, quand tout démontre que ce globe unifié et visitable à merci présente un intérêt qui va chaque jour s'amenuisant.»

Après l'histoirePhilippe Muray. Les Belles Lettres (2000)

vendredi 11 novembre 2016

Convergence musicale

Ainsi parlait Zarathoustra  : un livre qui est pour tous et qui n'est pour personneFriedrich Nietzsche. Éditions Gallimard (1971)

Réminiscence personnelle (23)

«Lorsque j'étais petit garçon... je remonte loin dans mon enfance. L'enfance, ce grand territoire d'où chacun est sorti ! D'où suis-je ? Je suis de mon enfance. Je suis de mon enfance comme d'un pays...»

Pilote de guerreAntoine de Saint-Exupéry. Éditions Gallimard (1959)

jeudi 10 novembre 2016

Convergence viticole

Ainsi parlait Zarathoustra  : un livre qui est pour tous et qui n'est pour personneFriedrich Nietzsche. Éditions Gallimard (1971)
«Quelle force me poussa vers les plus pauvres, ô Zarathoustra ? Ne fut-ce ma nausée devant les riches ? 
- devant ces forçats de la richesse qui de toute poubelle tirent leur avantage, l'oeil froid et la pensée avide, devant cette canaille dont vers le ciel monte la puanteur, [...]»

Ainsi parlait Zarathoustra  : un livre qui est pour tous et qui n'est pour personneFriedrich Nietzsche. Éditions Gallimard (1971)

mardi 1 novembre 2016

Quelques Éléments supplémentaires de la Société du Spectacle (5)

«La Jeune-Fille appelle invariablement "bonheur" tout ce à quoi on l'enchaîne.»


Premiers matériaux pour une théorie de la jeune filleTiqqun. Mille et une nuits (2001)