dimanche 29 janvier 2023

«Chacun est face à lui-même, seul, disait-il, et composer est une façon de briser la solitude, briser l'encerclement car notre solitude est cernée par ceux qui veulent à la fois s'emparer de nous et nous abandonner.»

Conversations avec le maîtreCécile Wajsbrot. Denoël (2007)

samedi 28 janvier 2023

Visionnage toulousain en salle (43quater) à l'ABC


Falcon Lake de Charlotte Le Bon : Les stèles du désir 
20 décembre 2022 Benzine 

L’une des grandes quêtes de l’art narratif consiste à restituer dans sa plus grande authenticité la perception de moments perdus. Parce qu’ils appartiennent à un temps révolu, parce qu’ils ont été perçus à un certain âge, et que l’expérience a irrémédiablement défloré ces intensités premières. Les retrouver ne consiste pas seulement à se souvenir : c’est une reformulation qui saisit la singularité d’un instant, l’intensité de la découverte et l’unicité indélébile des premières fois. 
Falcon Lake creuse cette modeste et superbe quête, à travers un amour de vacances entre un jeune garçon de presque 14 ans et une fille de 16, réunis par leurs familles respectives dans un bungalow au bord d’un lac canadien. Concentré initiatique, ce moment hors du temps proposera autant de passerelles vers l’âge des grands à un individu qui découvrira la fête, le désir et la jalousie, non sans les maladresses et malentendus propres à son âge. 
Falcon Lake: Charlotte Le Bon La grande force du premier film de Charlotte Le Bon consiste à adopter plein cadre la posture inconfortable de Bastien, spectateur passif tentant de maintenir la pose de l’adolescent sûr de lui, et canalisant de toutes ses forces ses tempêtes intérieures. Regard fuyant, phrases lapidaires, immobilisme : tout, dans l’extraordinaire jeu du jeune Joseph Engel, dit, par les silences et la posture, cet état contradictoire où les élans du cœur et du corps se voient muselés par la gêne et l’effroi. Face à lui, Chloé joue, tance, et laisse progressivement tomber le masque : la jeune fille fascinée par la mort et les légendes surnaturelles tout à fait propices à ce décor sylvestre a elle aussi, tout d’une apparition, un rêve inaccessible qui prendrait chair, à la faveur d’instants sublimes où la naissance du désir et la découverte de l’érotisme s’épanchent avec une rare délicatesse : une baignade voyeuriste, une baignoire partagée, des corps qui se dévoilent furtivement constellent ainsi un parcours hésitant, dans lequel se cristallisent les fulgurances inoubliables de l’adolescence.
L’atmosphère horrifique et l’obsession de la thématique des fantômes vient progressivement tisser des écheveaux obscurs dans la parenthèse enchantée : parce que le fantasme et le cauchemar ne sont jamais éloignés, et que les adolescents évoluent dans un espace parallèle, qui n’appartient qu’à eux. Le monde des adultes, au second plan, n’a pas conscience de ce qui se joue, et le décor lui-même, à de multiples reprises, semble dévorer le couple qui surgit de l’obscurité ou y retourne, avant d’aller se perdre dans les eaux noires d’un lac fascinant par ses émotions taiseuses.

Visionnage toulousain en salle (45) au Pathé avec Caroline et Laurie

 

Les Cyclades. Michel Fitoussi (2022)

dimanche 22 janvier 2023

Ligne automatique. Avenue de Muret (Toulouse) 22 décembre 2022 18H

photographie : Aimable Lubin

«[...] la musique d'Erik Satie qui comporte presque toujours une part de nostalgie objective et une part d'expérimentation passionnée.»

Erik SatieJean-Pierre Armengaud. Fayard (2009)

jeudi 19 janvier 2023

«Nous sommes encerclés, disait-il, il y a les sons, le bruit, la musique, les uns se nourrissent des autres, c'est ce que nous aura appris notre époque, leur différence et leur interaction car le monde existe -la musique ne naît pas de nulle part- c'est une base à partir de laquelle elle construit pour l'oublier ensuite, comme le plongeur qui repousse le bord pour sauter.»

Conversations avec le maîtreCécile Wajsbrot. Denoël (2007)

mardi 17 janvier 2023

«Le chant, disait-il, est une tentative d'atteindre l'infini. La voix s'étire comme un arc bandé puis la flèche est lancée et plonge en plein coeur ou tombe à côté. Avez-vous éprouvé sensation, disait-il, cette sorte de douleur, ce serrement de coeur quand on vous dit quelque chose qui vous atteint ? Cela arrive dans la musique et c'est ce que je cherche à produire, cette douleur douce. Mais ce but nous échappe et même quand un morceau est achevé, on ne sait pas si la flèche s'est plantée au coeur ou si elle est tombée à côté, jusqu'au moment d'entendre le morceau interprété -on ne sait pas si on a réussi ce qu'on voulait et si tel n'est pas le cas, il est trop tard.»

Conversations avec le maîtreCécile Wajsbrot. Denoël 2007

lundi 9 janvier 2023

PBF 2023.02 : La fille véhémente demandait au bibliothécaire


Mercredi 4 janvier 2023 à 19H, nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque. Elle permettra de continuer l’exploration des richesses accumulées lors du séjour parisien, cette fois-ci le versant cinématographique. La proximité de la Cinémathèque, et la myriade de petits cinémas art et essais a permis de très beaux visionnages. Cette émission est entièrement composées de bandes annonces enchaînée. Cela lui donne une étrangeté déroutante.

Cette émission a été enregistrée et montée au studio de RadioRadioToulouse et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud.

Programmation musicale :
1) Space oddity (Grazzia Gia)
2) Loops II (Philippe Hurel) Adelaïde Ferrière 

+ bandes annonces :
Roubaix ville lumière (Arnaud Despleschin) / Convoi exceptionnel (Bertrand Blier) / Trains de vie (Paul Vecchialli) / Un soupçon d’amour (Paul Vecchialli) / Conte de juillet (Guillaume Brac) / L’île au trésor (Guillaume Brac) / A l’abordage (Guillaume Brac) / Grandeur et décadence d’un petit commerce de cinéma (Jean-Luc Godard) / Jeanne (Bruno Dumont) / Jeannette (Bruno Dumont) / La belle (Arunas Zebriunas) / La jeune fille à l’écho (Arunas Zebriunas) / A swedish love story (Roy Andersson) / Kid swensk (Nanna Huolman) / Bleu Pâlebourg (Jean-Denis Bonan) / Chien (Samuel Benchetrit) / Les grands squelettes (Philippe Ramos) / Ne croyez pas que je hurle (Franck Beauvais) / Liberté (Albert Serra) / Dernier amour (Benoit Jacquot) / L’adieu à la nuit (André Téchiné)

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF : https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/la-fille-véhémente-demandait-au-bibliothécaire-la-petite-boutique-fantasque/

Sus aux Béotiens !


jeudi 5 janvier 2023

PBF 2023.01 : L'île aux serpents et le lac aux faucons


Mercredi 4 janvier 2023 à 19H, nouvelle émission de la Petite Boutique Fantasque. Nous commençons l'année avec une chronique de l'univers, place Pinel et la bande annonce d'un film canadien troublant de la fin d'année dernière. Cette émission a été enregistrée et montée au studio de RadioRadioToulouse et diffusée en hertzien, Toulouse : 106.8 Mhz ou en streaming https://www.radioradiotoulouse.net/ et pour tout le reste du temps sur les podcasts de mixcloud. 

Programmation musicale
(1) Manège (Anne Sylvestre) 
(2) Comme avant (Jorane) 
(3) I remember Clifford (Lee Morgan) 
(4) Horloge ancienne (Alla Pugatcheva) 
5) Mother of dog (Brian Eno / Karl Hyde) 
(6) Plus rien (Cowboys fringants) 
(7) Trilogy (Keith Emerson) Thierry Eliez 
(8) We love you (Rolling Stones) 

+ bande annonce de Falcon Lake de Charlotte Le Bon 
+ Chronique de l'univers, place Pinel n° 40 de Marius Pinel : Pineliser l'île aux serpents 

Pour ceux qui auraient piscine indienne, ou toute autre obligation, il y a une possibilité de rattrapage avec les podcasts de la PBF : https://www.mixcloud.com/RadioRadioToulouse/lïle-anaux-serpents-et-le-lac-aux-faucons-la-petite-boutique-fantasque/ 


Sus aux Béotiens !

lundi 2 janvier 2023

«Celui -ajoutait-il- qui n'a jamais vu cette lumière pure est aveugle comme un aveugle-né ; il passe sa vie dans une profonde nuit, comme les peuples que le soleil n'éclaire point pendant plusieurs mois de l'année ; il croit être sage et il est insensé ; il croit tout voir et il ne voit rien ; il meurt n'ayant jamais rien vu ; tout au plus il aperçoit de sombres et fosses lueurs, de vaines ombres, des fantômes qui n'ont rien de réel. Ainsi sont tous les hommes entraînés par le plaisir des sens et par le charme de l'imagination.»

TélémaqueFénelon. Garnier-Flammarion (1968)

dimanche 1 janvier 2023

Quelques Éléments supplémentaires de la Société du Spectacle (55)


«La Jeune-Fille est vieille en ceci qu'elle se sait jeune. Dès lors, il n'est jamais pour elle question de profiter de ce sursis, c'est-à-dire de commettre les quelques excès raisonnables, de vivre les quelques "aventures" prévues par son âge, et ce en vue du moment où elle devra s'assagir dans le néant final de l'âge adulte. Ainsi donc, la loi sociale contient en elle-même, le temps que jeunesse pourrisse, ses propres violations, qui ne sont au reste que des dérogations»

Premiers matériaux pour la théorie de la jeune-FilleTiqqun. Mille et une nuit. (2001)

Hélène Demongeot