mercredi 31 octobre 2018

-68- Faire comprendre est bien meilleur que faire souvenir

«Quelquefois il faut remémorer, quelquefois aviser. Quelques-uns manquent de faire des choses qui seraient excellentes, parce qu'ils n'y pensent pas. C'est alors qu'un bon avis est de saison pour leur faire concevoir ce qui importe. Un des plus grands talents de l'homme est d'avoir la présence d'esprit pour penser à ce qu'il faut, faute de quoi plusieurs affaires viennent à manquer. C'est donc à celui qui comprend de porter la lumière ; et à celui qui a besoin d'être éclairé de rechercher l'autre. Le premier doit se ménager, et le second s'empresser. Il suffit au premier de frayer le chemin au second. Cette maxime est très importante, et tourne au profit de celui qui instruit ; et, en cas que sa première leçon ne suffise, il doit, avec plaisir, passer un peu plus en avant. Après être venu à bout du non, il faut attraper adroitement un oui ; car il arrive souvent de ne rien obtenir parce que l'on ne tente rien.»

L'art de la prudence. Balthasar Graciàn. Rivages poche, petite bibliothèque (1994)

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