mercredi 22 juin 2016

«Au début de mon premier semestre à l’école Skinner, ma maîtresse s’appelait Mrs Deway. C’était une lointaine parente de l’amiral Deway, héros de Manille. J’étais bon élève, studieux, mais sans vouloir nuire à personne, ni penser à mal, j’étais quand même un peu trop bizarre, et faisait dans la salle de classe des bruits bizarres, avec ma bouche, mon nez, et ma gorge, ce qui irritait fort tous les autres élèves, filles et garçons. Je pensais, moi, qu’ils trouveraient ces bruits amusants ! Qu’ils riraient ou poufferaient, au lieu de quoi ils me lançaient des regards insolents, et haineux. Certains ont dit alors que si je n’arrêtais pas ces bruits, ils s’occuperaient de moi après les cours et à plusieurs. Cela accompagné des regards les plus haineux et les plus noirs. Je les ai mis au défi. Au bout de plusieurs mois ce comportement a fini par causer mon renvoi de l’école. Les autres élèves étaient content car ces bruits stupides les avaient vraiment irrités et poussés à bout. En vérité, ils n’aimaient pas du tout ce concert idiot. Quelques-uns d’entre-eux ont essayé de me rosser mais je savais me défendre avec le grand bâton que j’avais toujours avec moi. Et cela donnait de bons résultats. Ma maîtresse avait dit qu’ils n’avaient rien fait de tel, et que c’était la classe la mieux élevée à laquelle elle ait jamais enseignée. Si j’avais été renvoyé, c’est que je les avait vraiment ennuyés. Je ne sais, ni ne me rappelle combien de temps je suis resté sans aller à l’école, après avoir été renvoyé, mais lorsque l’un de mes prêtres m’y a ramené en leur demandant de me redonner une chance, l’administrateur ou le directeur m’a autorisé à revenir. Mais elle m’a averti très sèchement, et non sans colère que si je me livrais encore à ces bruits, je serai renvoyé pour de bon. Comme j’avais complétement oublié, et que je ne me souvenais pas des bêtises que j’avais faites, je n’ai pas compris pourquoi elle me parlait sur un ton si mauvais. J’aurai volontiers protesté mais le père Minet, m’a lancé un regard qui me signifiait clairement d’être prudent. Cependant, j’ai réintégré l’école, je ne me souvenais toujours pas de ce que j’avais fais d’incorrect la première fois. Mais croyez moi, le ciel le sait bien, j’étais à présent l’un des élève le plus sage. »

L’Histoire de ma vie. Henry Darger. Aux forges de Vulcain (2014)

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