mercredi 4 mai 2016

 «Une tête de jeune fille signifiait pour lui plus qu'un corps de jeune fille. Pour ce qui est du corps, il n'y connaissait à peu près rien (qu'est-ce que c'est au juste que de jolies jambes ? à quoi doit ressembler une jolie croupe ?) mais il s'y connaissait en visages et le visage seul décidait à ses yeux de la beauté d'une femme.
Nous ne voulons pas dire par là que le corps lui fût indifférent. L'idée de la nudité féminine lui donnait le vertige. Mais notons soigneusement cette différence subtile : il ne désirait pas la nudité d'un corps de jeune fille ; il désirait un visage de jeune fille éclairé par la nudité du corps.
Il ne désirait pas posséder un corps de jeune fille ; il désirait posséder un visage de jeune fille et que ce visage lui fit don du corps comme preuve de son amour.»

La Vie est ailleurs. Milan Kundera. Éditions Gallimard (1987)
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire