vendredi 13 mai 2016

«L’homme au chapeau  melon marchait à petits pas. Vêtu d’une redingote et portant un tableau sous le bras, il contourna un pâté de maisons. Eut-il un pressentiment ? Il leva brusquement la tête et regarda par-dessus son épaule.

C’est alors que les enfants commencèrent de lui jeter des pierres.

Quand on sait aujourd’hui qui était cet homme, on est pris de vertige. Dans la multitude des noms qui désignent les humains, il en est bien peu qui subsistent. Parmi ces noms privilégiés, miraculés, il ya ceux des auteurs des plus grandes actions et des œuvres les plus magnifiques. L’homme au chapeau melon était de ceux-là. Il le pressentait, du reste, car, disait-il « un peintre comme moi il n’y en qu’un tous les deux siècles ». A la vérité il était modeste, car un peintre comme lui, il a fallu attendre plus de deux siècles pour qu’il en apparaisse un.

Il était né à Aix-en-Provence en 1839. Il devait mourir dans la même ville en 1906. Il se nommait Paul Cézanne.»

P. Cezanne
. Yvon Taillandier. Flammarion : Les maîtres de la peinture moderne. (1967)

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