vendredi 28 août 2015

«A ma grande surprise, elle me fit asseoir sur le sol, tout contre le flanc du piano, et m'ordonna d'appliquer mon oreille sur la paroi d'ébène ; ce que je fis docilement. J'attendis déjà extasié.
[...]
Soudain, j'entendis sonner puissamment des cloches de bronze. D'abord un peu espacées, comme les premières gouttes d'une pluie d'été ; puis elles se rapprochèrent et se réunirent en accords triples et quadruples, qui tombaient en cascades les uns sur les autres, puis ruisselaient et s'élargissaient en nappes sonores, trouées tout à coup par une rebondissante grêle de notes rapides, tandis que le tonnerre grondait au loin dans de sombres basses qui résonnaient jusqu'au fond de ma poitrine.
Une tendre mélodie errait sous cet orage : elle s'élançait par moments vers le ciel, et grimpant jusqu'en haut du clavier, elle faisait trembler dans la nuit de blanches étincelles de musique.»

Le Temps des secrets. Marcel Pagnol. Presses Pocket (1976)

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