mardi 14 octobre 2014

«D'une extraordinaire lucidité sur la toxicité incessante féminine, il [Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon] est un très remarquable observateur de ce qui se passe dans cette région. Il est  donc idiot de le taxer de misogynie. Son jugement sur la "sessualité" (dixit Queneau) est absolument négatif. Car qui n'est pas capable de ne pas en faire tout un plat se voit destitué de toute légitimité humaine. Or que voit-il ? De sourdes autodestructions, une mainmise matriarcale sur le pouvoir, un roi embarrassé par ses maîtresses et ses bâtards, des mâles illusionnés partout... Que les hommes ayant atteint ce pinacle du pouvoir ne soient pas capables de ne pas être des nigauds, des niaiseux, sur le plan sexuel, là réside pour lui le scandale. Ne faut-il pas une décadence effroyable pour que la dite sessualité prenne une telle ampleur ? J'ajoute qu'on trouve toujours chez les mémorialistes conséquents, comme chez Casanova, une distanciation quant à la sessualité prétendue universelle et démocratique. Car, à partir du moment où cette dernière devient démocratique, elle devient extraordinairement lourde, comme on peut le constater par son arraisonnement spectaculaire actuel.»

Saint-Simon : De loin le plus grand écrivain français. Philippe Sollers. Propos recueillis par Cécile Guilbert. Le Magazine Littéraire (Janvier 2012)


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