dimanche 6 septembre 2020

Prolongement de la Jeune fille à l'écho de Jean Patin


Choisir le monde des garçons, celui de la hiérarchie d'une bande est incompatible avec celui, plus naturel, des filles. On peut manquer de courage en n'osant pas rendre sa robe à Vika devant la bande et en déborder en trouvant les symboles de chef de bande, deux crabes marqués jetés à la mer. Le courage n'est pas de même nature dans les deux cas.

Le monde de Vika tourne autour de son grand-père, chez qui elle passe ses vacances et qu'elle adore, de son père qui doit venir la chercher pour la rentrée, dont elle est la reine et de Romas, un jeune garçon esseulé qui sera sa grande déception transitoire. La bande de garçons n'a pas de réalité à ses yeux et ne sert que de révélateur de la personnalité de Romas.

Le monde Vika tourne aussi autour des cadeaux et des collections. Romas, ce sera les pierres, les timbres, les voitures. Et il est prêt à s'en séparer pour obtenir l'amitié de la jeune fille. Pour Vika, ce seront les inenfermables échos du paysage tourmenté des regs de Crimée. Trésor secret plus volatile que de les simples objets que Romas collectionne, mais qu'il est prêt à dévoiler, à disséminer aux quatre vents pour être accepté par la bande. Mais cela ne marche pas à chaque fois !
 Vika et Romas semblent rejouer le vieil mythe d'Écho et Narcisse. 
Le monde de Vika, dépendant des conditions météorologiques est impénétrable pour Romas et même pour le père de Vika. Seuls le chien du grand-père se rapproche de la connaissance de la nature de la jeune fille et sait déclencher l'écho. 
Les cadeaux du grand-père seront des coquillages extraits de la mer qui permettent d'entendre la poésie du monde des mers. 
Enfin, le cadeau donné par son père, une montre, l'ancre au temps, celui de la rentrée scolaire. Finie la robe à pois des vacances. Un petit uniforme et des chaussures à la place de pieds nus.
Le monde de la modernité cohabite avec celui de Vika. C'est le monde des camions, du bus, de la route, des arches en béton et la cabine téléphonique prodigue où Vika trouve un peu de réconfort après la trahison de Romas. Monde impersonnel de la ville.
Le monde de la bande est celui du jazz et du rock alors que celui de la jeune fille est celui du classique avec cor. Ces mondes ne sont pas miscibles. Romas en fera les frais !

Vika ne pardonne pas à Romas son chemin de croix, traverser nue les membres de la bande pour récupérer sa robe alors qu'il aurait pu la lui apporter. Elle grandira grâce à cette épreuve mais loin de Romas, qui regrettera, mais un peu tard, son absence de geste. Son impuissance à arrêter les camions qui emportent la jeune fille au cor est terrible et le laisse seul, à nouveau.




 

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