mardi 7 mai 2019

«Il arrive que le reniement de la Muse carienne (comme l'appelant le septième livre des Lois et Clément d'Alexandrie) nous soit inspiré non point par des soucis pédagogiques, mais par la passion anti-musicale et par le ressentiment. Sans doute Nietzsche a-t-il beaucoup aimé ce qu'il renie, sans doute est-il encore secrètement amoureux des filles-fleurs de son enchantement ; comme tous les renégats, celui qui renia le romantisme de Wagner, renia le pessimisme de Schopenhauer, blasphéma jusqu'au moralisme de Socrate, celui-là tient encore à son propre passé et prend une sorte de plaisir à se faire mal à lui-même... Aussi y-a-t-il un côté d'ambivalence passionnelle, de haine amoureuse et même un masochisme dans la rancune de Nietzsche contre l'éternel féminin musical !»

La musique et l'ineffable. Vladimir Jankélevitch. Editions du Seuil (1983)

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