samedi 11 mai 2019

«À la fin des années 1920 et au au début des années 1930, l'attitude envers la culture du passé devient le point central des discussions idéologiques sur l'art. Peu à peu, l'art d'avant-garde commence à être considéré comme nihiliste et essentiellement destructeur. Son aspiration pour le point zéro, pour un nouveau départ radical, est considérée de plus en plus comme dirigée non pas contre le passé, mais contre la nouvelle société socialiste et ses modes de vie nouveaux, quoique déjà relativement bien établis. En même temps, la culture soviétique entame un processus d'appropriation des "meilleures réalisations" de la culture du passé, qui en vient à être regardée (contrairement à ce que l'on appelle la "sociologie vulgaire") non pas comme un symbole de domination des classes dirigeantes mais plutôt comme le résultats du travail créatif de gens ordinaires et l'expression de leurs aspirations et de leurs espoirs. En conséquence, le prolétariat est proclamé héritier légitime de "tout ce qui a été crée de mieux" par l'humanité tout au long de son histoire. Dans cette perspective, le rejet de la culture du passé par l'avant-garde, apparaissait comme la manifestation d'un mépris pour le prolétariat, du rejet de son droit à hériter des valeurs culturelles du passé...»

Rouge : art et utopie au pays des Soviets. Boris Groys, Jacques Rancière. Réunion des musées nationaux (2019)

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