lundi 14 décembre 2020

 «[...] tous les moyens sont bons, notamment celui de mélanger les arts, et de surexposer un message de mots à un discours de sons. On retrouve là l'éthique de Marcel Duchamp : se désapproprier l'expression psychologique, montrer une réalité qui n'a plus de sens ou qui en possède un autre, exorciser les démons de l'inconscient en les jetant à la figure du public, créer un autre temps de l'écoute, de la respiration, de la marche, de la vie. Satie va inventer une musique chorégraphique, qui réconcilie le corps et l'esprit et qui s'imprime en nous comme une fresque. Elle prend la forme tantôt d'une supplication enfantine avec une naïveté feinte, tantôt d'un trait d'esprit d'une violence stridente, tantôt d'une danse lente et blanche, désaffectivisée comme un souvenir lointain, enfoui dans une inscription intérieure immémoriale.»

Erik Satie. Jean-Pierre Armengaud. Fayard (2009)

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