mardi 29 décembre 2020

«Elle m'a dit plus tard avoir senti disparaître en elle le plaisir du jeu, de façon très précise, et y avoir goûté une mélancolie affreuse, non sans secrète volupté. Elle se demanda longtemps, sans que personne lui trouvât de réponse, pourquoi toutes les petites filles, à un moment donné, cessent de jouer à la poupée. Sous une apparence puérile, la question est beaucoup plus grave qu'on ne le suppose, et surtout plus vaste. Il ne suffit pas d'invoquer les transformations de la puberté car ce n'est guère qu'un mot qui n'explique pas pourquoi tout un monde imaginaire disparaît, et pourquoi après une habitude qui remonte parfaois à de nombreuses années, la porcelaine et le bois et le carton ne sont plus capables de devenir des êtres humains, alors que le papier imprimé par exemple, les livres, continuent à servir aussi aisément de support à notre imagination.»

Comme le temps passe... Robert Brasillach. Plon (1937)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire