mardi 29 décembre 2020

«Au milieu des enfants, de cette jeunesse promise à la déchéance proche, un peu de feu aux joues, Françoise courait. Elle versait l'orangeade et le muscat, proposait des rondes et des petits jeux, offrait les fruits et les sandwiches, et personne mieux qu'elle sans doute ne sentait l'éphémère beauté de cette soirée. Où seraient-ils l'an prochain, ceux que le hasard réunissait ? Où serait-elle elle-même ? Elle était de beaucoup l'aînée au milieu de ces enfants et de ces jeunes gens et par une grâce toujours révocable, ils ne le lui faisaient pas savoir. Elle était aussi leste, aussi souple que jadis, mais pourquoi devait-elle penser que d'ici peu, tout ce trésor de fables s'évanouissait, et qu'elle avait sans doute peu de temps pour en jouir ? Alors elle se précipitait vers la danse, le chant et la musique, vers les puérilités les plus marques, comme pour arrêter le temps fuyant.»

Comme le temps passe... Robert Brasillach. Plon (1937)

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