mardi 28 juillet 2020

«- Tout le monde a besoin d'amour.
- Vous avez changé. Vous avez perdu votre cynisme.
- Je n'en ai plus l'usage depuis que j'ai cessé de lutter.
- Il y a toujours une raison de lutter.
- Pas pour moi. Après  la crise, j'ai perdu ma femme et mon fils.
- Pardon, je ne savais pas...
- Ils sont plus heureux là où ils sont que dans ce monde de peur et d'incertitude.
- Vous avez changé, je vois bien.
- Depuis la perte de ma famille, je crois m'éveiller d'un rêve.
- Qu'est-ce que vous voulez dire ?
- J'étais employé de banque. J'avais une vie monotone. Jour après jour, compter l'argent des autres. Et puis le rythme s'est brisé. J'ai perdu mon poste. La suite est très confuse, un cauchemar où je vivais dans un monde irréel, un monde horrible. Et me voici réveillé. Je me demande parfois si ce monde a existé.
- Vous avez subi une terrible épreuve mais il ne faut pas se résigner.
- Le désespoir est une drogue qui mène à l'indifférence.
- C'est renoncer à la vie.
- Nous devons tous y renoncer.
- Pas avant notre heure.
- Pourquoi ? 
- Vous faut-il toujours une raison ?
- Cela aiderait un peu.
- La vie dépasse la raison.
- Il vous faut continuer, accomplir votre destinée.
- Ma destinée...»

Monsieur Verdoux. Charlie Chaplin (1947)

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