vendredi 10 juillet 2020

Éblouissement des prémisses (50)

«Quoiqu'il tentât, un immense ennui l'opprimait. Il s'acharna, recourut aux périlleuses caresses des virtuoses, mais alors sa santé faiblit et son système nerveux s'exacerba ; la nuque devenait déjà sensible et la main remuait, droite encore lorsqu'elle saisissait un objet lourd, captivante et penchée quand elle tenait quelque chose de léger tel qu'un petit verre.
Les médecins consultés l'effrayèrent. Il était temps d'enrayer cette vie, de renoncer à ces manoeuvres qui alitaient ses forces. Il demeura, pendant quelque temps tranquille ; mais bientôt le cervelet s'exalta, appela de nouveau aux armes. De même que ces gamines qui, sous le coup de la puberté, s'affament de mets altérés ou abjects, il envient à rêver, à pratiquer les cours exceptionnelles, les joies déviées ; alors, ce fut la fin : comme satisfaits d'avoir tout épuisé, comme fourbu de fatigues, ressens tombèrent en léthargie, l'impuissance fut proche.
Il se retrouva sur le chemin, dégrisé, sel, abominablement lassé, implorant une fin que la lâcheté de sa chair l'empêchait d'atteindre.»

A rebours. J.-K. Huysmans. Gallimard (1977)

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