mardi 14 juillet 2020

Rien n'est si insupportable à l'homme que d'être dans un plein repos, sans passions, sans affaires, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide. Incontinent, il sortira du fond de son âme l'ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir.
Pascal


«Personne n'a jamais pu réfuter l'impitoyable analyses que Pascal a faite, dans les Pensées, de l'ennui comme l'étoffe même des jours de notre vie sous les braderies et les passementeries dont nous essayons, plus ou moins vaillamment, de l'agrémenter. Voltaire et Mme du Deffand tâtèrent en frémissant cette bure, qui démentait en secret l'éclat des Lumières. Mais c'est au XIXe siècle que l'ennui, devenu "mal du siècle" dans l'éloquence de René, ne cessa d'aggraver ses ravages et de multiplier les prestiges qui le détournaient vainement de sa rêche vérité. Avec À Rebours en 1884, l'ennui romantique, enfiévré par le "spleen" de Baudelaire, qualifié de "névrose" par le diagnostic de Zola, se flatta enfin d'entrer en agonie.»

Préface d'À rebours. Marc Fumaroli. Gallimard (1977)

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