samedi 19 mars 2016

«A l'égard d'une des jeunes femmes de l'endroit, Molly, j'éprouvais bientôt un exceptionnel sentiment de confiance, qui chez les êtres apeurés tient lieu d'amour. Il me souvient comme si c'était hier de ses gentillesses, de ses jambes longues et blondes et magnifiquement déliées et musclées, des jambes nobles. La véritable aristocratie humaine, on a beau dire, ce sont les jambes qui la confèrent, pas d'erreur.
Nous devînmes intimes par le corps et par l'esprit et nous allions nous promener en ville quelques heures chaque semaine. Elle possédait d'amples ressources, cette amie, puisqu'elle se faisait dans les cent dollars par jour en maison, tandis que moi, chez Ford, j'en gagnais à peine six. L'amour qu'elle exécutait pour vivre ne la fatiguait guère. Les américains font ça comme des oiseaux.»

Voyage au bout de la nuitLouis-Ferdinand Céline. Éditions Gallimard (1952)

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