vendredi 5 février 2016

«Il me fallait le soir venu, les promiscuités érotiques de ces splendides accueillantes pour me refaire une âme. Le cinéma ne suffisait plus, antidote bénin, sans effet réel contre l'atrocité matérielle de l'usine. Il fallait recourir, pour durer encore, aux grands toniques débraillés, aux drastiques vitaux. On n'exigeait de moi que de faibles redevances dans cette maison, des arrangements d'amis, parce que je leur avais rapporté de France, à ces dames, des petits trucs et des machins. Seulement, le samedi soir, assez de petits trucs, le business battait son plein et je laissais toute la place aux équipes de "base ball" en bordée, magnifiquement vigoureuses, costauds, à qui le bonheur semblait venir aussi simplement que la respiration.»

Voyage au bout de la nuitLouis-Ferdinand Céline. Éditions Gallimard (1952)

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