lundi 11 novembre 2019

«Depuis qu'il avait vu Le Cabinet du docteur Caligari, Tuquedenne se payait le cinéma plusieurs fois par semaine. Il fréquentait assidûment le Ciné-Opéra qui se renommait comme salle d'art et d'avant-garde, et Parisiana qui projetait jusqu'à trois et quatre films comiques américains ; sur ce nombre, il en était toujours bien un, et c'est pour celui-là que Tuquedenne venait, un qui se passait sur une plage et que des Beauty Bathing girls animaient d'une grâce qu'on ne pouvait alors soupçonner de devenir un jour un peu désuète. Solitaire, mélancolique et candide, il contemplait s'ébattre sur les rivages de l'océan Pacifique ces incarnations du luxe et de la volupté. Et sans être chaste, il restait toujours vierge. Il aima des images et respecta des ombres.»

Les Derniers jours. Raymond Queneau. Gallimard (1963)

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