mercredi 23 novembre 2016

«Malraux, en effet, est tout ce qu’on veut sauf un historien. En revanche, il a le goût de la rêverie sur les siècles et les génies qui les animent. Les élèves invités à discuter, à lui poser des questions lors d’un enregistrement mémorable dont on a ici la transcription intégrale, ne posent pas des questions d’apprentis historiens mais des questions qui appellent la dimension du "héros", du "grand homme". C’est cela qui les intéresse. Malraux a vu, connu, croisé (peu importe le degré d’intimité) Nehru, de Gaulle, Mao : qu’est-ce qu’ils représentent, qu’est-ce qui les caractérise ? Réponse de Malraux : "l’obsession". Obsession de quoi ? C’est toujours la même hantise malrucienne : la confrontation avec la mort. Autrement dit : qu’est-ce qui tient devant la mort ? L’action historique, certains gestes, certaines aventures. Ce qui fait à la fois rêver et tenir tête à la débâcle. C’est le principe de composition des Antimémoires, où les conversations ressemblent aux morceaux de sitar que Ravi Shankar jouait à l’époque, en compagnie des Beatles. L’Histoire est un poème, une mélopée.» 

Malraux face aux jeunes : Mai 68, avant, après. Entretiens inédits. André Malraux. Préface de Michel Crépu. Editions Gallimard (2016)

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