vendredi 25 novembre 2016

«La vanité des femmes et la complaisance des hommes ont composé tous les Romans. Les attentats qu’on fait contre l’histoire dans ces sortes de livres, ne les rendent pas moins méprisables que les attentats qu’on y fait contre le bon sens ; je ne sais comment on peut donner cours à des ouvrages où la nature et l’histoire sont également falsifiées ; mais où la vertu est encore plus maltraitée que l’histoire et la nature.

La plupart des faiseurs de Romans veulent nous représenter une grande vertu jointe à une grande passion ; mais de la manière dont ils s’y prennent ils ne connoissent ni la passion, ni la vertu. Ils outrent l’un et l’autre, pour avoir lieu de dire de jolies choses, et de former des aventures surprenantes, ils font faire à des femmes toutes mondaines des actions plus héroïques que n’en ont fait les plus grands Saints, ils leur donnent une force en s’occupant sans cesse de leur passion, que l’on ne peut obtenir que par le jeune et la prière ; on a beau dire, ceux qui veulent étudier la chasteté dans des exemples si pernicieux ne deviendront jamais chastes ; quoi que la vertu soit aussi grande dans les Romans que la passion, on n’y apprendra jamais que celle-ci.»

Réflexions sur les défauts d’autruy. Pierre de Villiers. Claude Barbin (1690)

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