mardi 18 octobre 2016

«Il est sur la terre deux races d'homme. La première -d'un nombre étouffant- se contente d'assouvir les besoins élémentaires de l'existence. Les préoccupations matérielles, les soucis familiaux bornent son champ. L'amour parfois y projette son ombre, mais strictement égoïste et ramené à l'échelle du reste.
L'autre race, quoique soumise au joug de la faim, du plaisir charnel et de la tendresse porte plus loin et plus haut son ambition. Pour s'épanouir et simplement pour respirer, elle a besoin d'un climat plus beau, plus pur et spirituel. Il lui faut dénouer les limites ordinaires, exalter l'être au-delà de lui-même, le soumettre à quelque grande force invisible et le hausser jusqu'à elle. La pauvreté de l'homme la blesse, la désespère. L'inaccessible seul attire comme le rachat et la victoire sur l'humaine condition.»

Mermoz. Joseph Kessel. Éditions Gallimard (1938)

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