mardi 8 septembre 2015

«Écrire sa vie, c'est écrire l'histoire de ses erreurs & de ses foiblesses. On a beau faire son apologie dans des situations critiques, on découvre toujours l'endroit foible, quelque art qu'on emploie pour le cacher. Tout homme ment, s'il n'avoue pas qu'il a eu des torts ; je ne sais même (ceci paroîtra sans doute un paradoxe) si celui qui en a le moins, est toujours celui qui vaut le mieux. Les circonstances où nous nous trouvons, influent si fort sur nos vertus & sur nos vices, qu'on est peut être aussi injuste, soit qu'on loue, soit qu'on blâme. Mais sans entrer dans une discussion qui pourrait mener trop loin, je dirai seulement que j'ai fait beaucoup de fautes ; que quelques-unes ont été l'effet du hasard, qu'un grand nombre d'autres ne furent que l'ouvrage du préjugé, & que les véritables, celles que je me reproche le plus, sont ce que la plupart des hommes ne regardent que comme des bagatelles, mais qu'un cœur droit & un esprit juste appelleroient des vices, si elles n'étoient suivies de repentir.»  


Marie-Geneviève-Charlotte Thiroux d' Arconville. Mélanges de littérature, de morale et de physique : Mémoires de Mademoiselle de Valcourt. Au dépens de la compagnie (1775)

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