dimanche 8 juin 2014

Les horreurs de la guerre (2)

«XLIX. Ce fut un spectacle tel que nulle autre guerre civile n'en offrit de pareil. Les combattants ne s'avancent point, de deux camps opposés, sur un champ de bataille : c'est au sortir des mêmes lits, après avoir mangé ensemble la veille, goûté ensemble le repos de la nuit, qu'ils se divisent et s'attaquent. Des traits, des cris, du sang, voilà ce qui apparaît ; la cause, on l'ignore. Le hasard conduit tout ; et quelques soldats fidèles périrent comme les autres, quand les coupables, comprenant à qui l'on faisait la guerre, eurent aussi pris les armes. Ni légat, ni tribun n'intervinrent pour modérer le carnage : la vengeance fut laissée à la discrétion du soldat et n'eut de mesure que la satiété. Peu de temps après, Germanicus entre dans le camp, et, les larmes aux yeux, comparant un si cruel remède à une bataille perdue, il ordonne qu'on brûle les morts.»

Annales. Tacite. Garnier Frères (1965)

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