vendredi 1 janvier 2021

«En vieillissant il devient de plus en plus difficile de s'arracher à la splendeur du paysage qu'on traverse. La peau usée par le vent et par l'âge, distendue par la fatigue et les joies, les différents poils, larmes, gouttes, ongles et cheveux qui sont tombés par terre comme des feuilles ou des brindilles mortes, laissent passer l'âme qui s'égare de plus en plus à l'extérieur du volume  de la peau. Le dernier  envol n'est à la vérité qu'un éparpillement. Plus je vieillis, plus je me sens bien partout. Je ne réside plus beaucoup dans mon corps. Je crains de mourir quelque jour. Je sens ma peau beaucoup plus fine et plus poreuse. Je me dis à moi-même : Un jour le paysage me traversera.»

Terrasse à RomePascal Quignard. Gallimard (2000)

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