vendredi 13 décembre 2019

«Le masque inexpressif que la musique se donne volontiers aujourd'hui recouvrait donc, sans doute le propos d'exprimer l'inexprimable à l'infini. La musique disait Debussy est faite pour l'inexprimable. Précisons toutefois : le mystère que la musique nous transmet n'est pas l'inexprimable fécond de la vie, de la liberté et de l'amour ; plus brièvement : le mystère musical n'est pas l'indicible, mais l'ineffable. C'est la nuit noire de la mort qui est l'indicible, mais parce qu'elle est ténèbres impénétrable et désespérant non-être, et parce qu'un mur infranchissable nous barre de son mystère : est indicible, à cet égard, ce dont il n'y a absolument rien à dire, et qui rend l'homme muet en accablant sa raison et en médusant son discours. Et l'ineffable, tout à l'inverse, est inexprimable parce qu'il y a sur lui infiniment, interminablement à dire [...]»

La Musique et l'ineffable. Vladimir Jankélévitch. Éditions du Seuil (1983)

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