samedi 14 décembre 2019

«Je me promène dans le parc, le parc est grand, il y a des biches dans le parc, il y a des arbres hauts, des chemins forestiers, il y a des bois, je marche dans les bois, le parc est grand, on peut traverser le parc en une seule fois, il y a une chèvre dans le parc, le parc n'a pas de limite, la limite du parc est à l'intérieur du parc, on n'a pas à aller dehors, on reste dans le parc, dehors est le parc, tout dehors se trouve dans le parc avec ses bois hauts, ses oiseaux, ses écureuils, des écureuils qui descendent des hauts troncs pour marcher quelques instants dans l'herbe puis qui remontent sur un tronc plus haut encore, je passe les bancs sur ma gauche je continue, je rentre dans les arbres, j'avance parmi les arbres, je suis dans le bois, je ne rencontrerai plus de bancs, j'irai voir les biches et la chèvre, j'irai voir les arbres qui recouvrent tout le sous-bois, qui se trouvent en hauteur, qui n'ont pas le temps d'encas, qui ont elle temps d'en haut, le temps de pousser, le temps de s'élever jusque dans les hauteurs, je me suis laissé sur un banc, puis je me suis relevé, j'ai laissé les bancs, je suis parti droit devant, comme pour traverser tout le parc d'un bout à l'autre, je n'ai pas vu la fin, le parc n'a pas de fin, on n'arrive jamais à la fin aux portes du parc, le parc n'a pas de portes, je vais toujours tout droit, je me promène, je me retrouverai à côté des bancs tout à l'heure quand j'aurai fini mon tour de promenade dans le parc, quand j'aurai fait un tour circulaire, en menant mon chemin en ligne droite, j'aurai fait un grand tour, je repasserai devant les bancs blancs qui 'attendent à mon passage, je reviendrai.»

Anachronismes. Christophe Tarkos. P.O.L. (2001)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire