mercredi 16 mai 2018

«En poursuivant sa croisade "en défense de Satie" (qui avait débuté par une représentation du Piège de méduse à la fin années quarante), John Cage invitait à célébrer, entre autres, une musique caractérisée par l'impersonnalité, l'absence d'émotion dramatique, la discontinuité, la dissociation, la tendance à la répétition, la coexistence d'éléments opposés, ou incompatibles, présentés simultanément sans que le moindre schéma logique leur soit appliqué : une musique, en un mot, qui ne faisait aucune place au "Moi", ni au "Sur-moi" de son auteur. Dans son sillage, on pouvait affirmer avec Barbara Ferrell Hill (1966), que la musique d'Erik Satie était sans doute la seule -ou tout au moins, le première- qui ait exploré et représenté cette partie du système dont les pulsions ne sont contrôlées ni par la raison ni par la conscience, et qui se définit par les termes "Ca" en français, "Id" en anglais, et "Es" en allemand. Le hasard faisant bien les choses, on remarquera que ce  mot, tel qu'il a été formulé par Freud lui-même en 1923, correspond au paraphe, composé de ses initiales, qu'Erik Satie a bien souvent utilisé comme signature.»

Ornella Volta in Le Piège de Méduse. Erik Satie.Le Castor astral (1998)

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