dimanche 8 janvier 2017

«[...] : enfin tout ce qu'on peut donner à la faveur de l'Académie, c'est dire, que c'était un amour se terminant en amitié : chose qui se rapporte pas mal à la définition Stoïque de l'amour : Amorem conatum esse amicitiae faciendae ex pulchritudinis specie [L'amour est un effort pour construire une amitié à partir de la vue de la beauté]
Je reviens à ma description, de façon plus équitable et plus équable : Omnio amicitiae, corroboratis iam, confirmatisque ingeniis et oetatibus, iudicandae sunt. [En dernière analyse, on peut juger des amitiés que lorsque les caractères et les âges se sont affirmés et ont acquis de la maturité.] 
Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ne sont qu'accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes s'entretiennent. En l'amitié de quoi je parle, elle se mêlent et confondent l'une en l'autre, d'un mélange si universel, qu'elles effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en répondant : Parce que c'était lui, parce que c'était moi.»

Les Essais : De l'amitié. Montaigne. Librairie Générale Française (2002)

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