dimanche 7 août 2016

«Aujourd'hui, tout le monde est écrivain et plus personne ne lit, poursuivit-il. Vous êtes-vous demandé, mon général, combien de livres on imprime chaque année ? Je crois me souvenir que l'on compte plus de cent livres par jour, rien qu'en Allemagne ! Et l'on fonde chaque année plus de mille périodiques ! Chacun écrit ; chacun se sert des pensées, pour peu qu'elles lui agréent, comme si elles étaient siennes ; personne ne pense à prendre la responsabilité de l'ensemble ! Depuis que l’Église a perdu son influence, il n'y a plus d'autorité suprême dans le chaos où nous vivons. Il n'y a plus ni modèles, ni principes d'éducation. Dans ces conditions, il est tout naturel que les sentiments et la morale aillent à la dérive et que l'homme le plus stable commence à chanceler.»

L'Homme sans qualités. Robert Musil. Éditions du Seuil (1956)

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