samedi 12 octobre 2019

Projet poubelle (31)

«Daisy s'était retirée dans la chambre réservée à l'oncle Lointain. Elle cherchait à retrouver son calme, en classant les souvenirs du maréchal Mousquet. La tyrannie exercée par son père, l'interdiction d'aller chez les Conti, poussaient au blanc la rage de Daisy. elle valait des larmes de colère aux yeux. Petite et brune, fort bien faite, miniature humaine délicieuse et délicate, Daisy était irascible comme une vipère. La frayeur que son père lui inspirait venait de fort loin, remontant à des brimades physiques, à des séances de cabinet noir, à des pensums dosés avec une grande science de l'ennui...
Les idées de M. de Maubrun sur l'éducation des filles demeuraient plutôt sommaires ; il était naturellement tyrannique, et Daisy naturellement rétive à toute espèce de joug. Le petit bout de femme avait ainsi grandi dans une ambiance complexe de révoltait d'admiration; Elle ne mettait rien au monde au-dessus de son père. aucun homme ne lui paraissait digne d'elle, ni de lui, elle avait refusé deux ou trois beaux partis, quatre ou cinq beaux garçons, et l'on se demandait pourquoi, à vingt-cinq ans révolus, elle n'était pas encore mariée.»

Les Aristocrates. Michel de Saint-Pierre. Éditions de la Table ronde (1954)

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