dimanche 25 juin 2017

«[...] (ceci donc : les obsédantes affiches des cliniques antivénériennes, les sombres cloîtres plantés de magnolias, les étincelants et sombres feuillages traversés par les obliques et poussiéreux  rayons de soleil, les éclatantes fleurs blanches devant les fonds ténébreux, le silence, les cris aigus des enfants se répercutant  sous les arcades d'une place royale et morte, le confus grondement du trafic, les palmiers poussiéreux, les bars étroits comme des couloirs, l'obsédante et tiède odeur d'huile rance, les étalages de poissons sous les lampes à arcs, bleutés, métalliques, blafards, rose pâle, les vitrines garnies de préservatifs couleur de muqueuses, les boutiques vernissées vert olive ou gris-bleu, comme des urinoirs, les palaces couronnés de coupoles, de dômes festonnés, de tiares, des affiches roses contre la syphilis, les envols tournoyants des pigeons, les fientes des pigeons sur les statues de bronze, les architectures bosselées, les houles verticales de pierre, les somptueuses et étincelantes automobiles conduites par des chauffeurs aux leggins de cuir noir, les affiches couleur de soufre contre la blennorragie, les branche citron des platanes, l'hiver, sur le ciel bleu, les grappes de jambes, de seins, de tête d'enfants, de bras, de mains, en cire suspendues en ex voto dans les églises, [...]»

Les GéorgiquesClaude Simon. Les Éditions de Minuit (2006)

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