«C'est elle, Cypris, qui triomphe, grâce à ses artifices de femme. Ce sont des générations entières qu'elle prodigue en proie à cet Ogre ; puis, sans se lasser elle fait surgir de nouvelles races d'hommes et de femmes. C'est Elle qui gonfle les reins des hommes d'un intolérable fardeau de semence. Elle qui assoiffe la matrice. Elle qui crée l'implacable désir et l'infinie passion et impose l'acte qui donne la vie ; Elle qui guide le soc effilé et robuste dans le tendre sillon qui s'ouvre et qui l'accueille ; Elle qui enfle le ventre blanc et plat, et qui, une fois son but atteint, cruelle et traîtresse envers l'instrument, arrache dans d'intolérables angoisses, à la chair maternelle palpitante, le faible fruit de l'homme. Toutes les pensées, toutes les émotions et tous les désirs des hommes et des femmes adultes tournent autour d'Elle, et seuls les amis de la Mort sont ses ennemis. Vous pouvez la déjouer par l'ascétisme, vous pouvez contrarier ses desseins -qui écrira la légende nouvelle de l'arbre à caoutchouc, présent subtil de la Mort ?-. Mais si vous adorez la vie, vous êtes contraint de l'adorer, [...].»
Mort d'un héros (Tome II). Richard Adlington. Albin Michel éditeur (1931)
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